On voit généralement dans les rêves autant de fantômes qui se surajoutent aux perceptions et conceptions solides de la veille, feux follets qui voltigeraient au-dessus d’elle.
Sous cette double influence a dû se former pour le genre humain une couche superficielle de sentiments et d’idées qui tendent à l’immutabilité, qui voudraient du moins être communs à tous les hommes, et qui recouvrent, quand ils n’ont pas la force de l’étouffer, le feu intérieur des passions individuelles.
Parce qu’elle y éclate en traits de feu, parce qu’on y retrouve le mouvement, la couleur, l’accent, la passion, tous les caractères de la vie, en est-elle moins féconde en explications, en révélations sur le fond des choses ?
Wesley, Whitefield et leurs prédicateurs allaient par toute l’Angleterre, prêchant aux pauvres, aux paysans, aux ouvriers, en plein air, quelquefois devant des congrégations de vingt mille personnes, et « le feu s’allumait dans tout le pays » sous leurs pas. […] Au lieu d’un orateur, homme public, prenez un écrivain, simple particulier ; voyez ces lettres de Junius861 qui, au milieu de l’irritation et des inquiétudes nationales, tombèrent une à une comme des gouttes de feu sur les membres fiévreux du corps politique.
Les stoïciens l’avaient déjà dit en appelant le principe de l’univers « un feu artiste », belle formule qui résume merveilleusement la doctrine de M. […] La dialectique de Platon, qui ramenait chaque classe d’êtres à un type absolu, et qui admettait l’homme en soi, l’animal en soi, le feu en soi, modèles éternels et parfaits des réalités imparfaites, a été convaincue par Aristote de prendre des abstractions pour des réalités.
Nous n’étions pas bien éloignés de l’entrée de l’abîme, quand je vis un feu qui perçait un hémisphère de ténèbres. […] Soit dans les interminables soirées d’hiver au coin du feu, soit dans les lourds loisirs de la canicule, au coin des boutiques de vitrier, la vue de ces dessins m’a mis sur des pentes de rêverie immenses, à peu près comme un livre obscène nous précipite vers les océans mystiques du bleu.
Voyez ce qui se passe pour la musique ; les subventions sont dévorées comme des feux de paille, et les directeurs se trouvent forcés de déposer leur bilan. […] Par exemple, on se souvient des magnificences de Balsamo ; il y avait là une galerie des glaces et un feu d’artifice d’une utilité discutable au point de vue du drame, et qui, du reste, ne sauvèrent pas la pièce. […] Il est plein d’esprit, cela je ne le nie pas ; mais il fait un raisonnement qui m’a paru dénoter une philosophie un peu puérile, cette philosophie du coin du feu qui discute sur l’art de couper les cheveux en quatre. […] La grande affaire était de guetter au passage les allusions à nos défaites et à la revanche future ; et, dès qu’une allusion arrivait, la salle prenait feu, de l’orchestre au ceintre. […] Les vaniteux, ceux qui rêvent l’écroulement de la salle, prodiguent le mot « patrie », à la fin de toutes les tirades ; alors, c’est un feu roulant, on est obligé de payer la claque double.
Par là, ils communiquent à la pensée scientifique un mouvement qui la vivifie et l’ennoblit ; ils fortifient l’esprit en le développant par une gymnastique intellectuelle générale, en même temps qu’ils le reportent sans cesse vers la solution inépuisable des grands problèmes ; ils entretiennent ainsi une soif de l’inconnu et le feu sacré de la recherche qui ne doivent jamais s’éteindre chez un savant. » Le passage est beau, mais on n’a jamais dit aux philosophes en meilleurs termes que leurs hypothèses sont de la pure poésie. Claude Bernard regarde évidemment les philosophes, parmi lesquels il se flatte d’avoir beaucoup d’amis, comme des musiciens de génie parfois, dont la musique encourage les savants pendant leurs travaux et leur inspire le feu sacré des grandes découvertes. […] Si donc le roman se lit au coin du feu, en plusieurs fois, avec une patience qui tolère les plus longs détails, le dramaturge naturaliste devra se dire avant tout qu’il n’a point affaire à ce lecteur isolé, mais à une foule qui a des besoins de clarté et de concision. […] Cela leur donnait toutes sortes d’aimables qualités : le tact, la mesure, un équilibre pompeux, une construction et une langue de parade ; et encore tous les charmes qu’on peut trouver dans une société de femmes distinguées, les subtilités et les raffinements du cerveau et du cœur, les fines causeries sur des sujets délicats, effleurant tout sans jamais appuyer, ces causeries du coin du feu qui sont comme des airs de musique, et où l’on s’en tient aux mélodies tristes ou gaies de la créature humaine. […] Le feu roi lui donna une pension de cinq cents livres en faveur de sa conversion ; mais elle doit cette pension à la pitié de ce grand prince, et non à son estime pour elle. » Une autre lettre est adressée par Gilbert à Baculard d’Arnaud.
dont les boutons viennent de s’entrouvrir. » « Je sens le feu de la fièvre s’étendre et agiter tout mon corps ; une sorte de prostration m’ôte l’usage de mes sens. […] … Sorti de la prison des nuages, n’étant plus retenu par la Vierge, le soleil atteint la Balance lointaine ; il a conquis toute sa splendeur, et brûlé de tous ses feux, pareil à Vatsaraja. » Voici pour l’heure. […] Le bruit qu’elle peut faire est moins grand, sur mon âme, Que celui d’un marron éclatant dans le feu. […] Les uns soutiennent que Pauline n’aime point son mari, n’est attachée à lui que par l’idée du devoir, très puissante du reste chez elle, aime, d’ailleurs, Sévère, qui eut ses premiers feux, pour parler classique ; mais, peu à peu, à l’égard de son héros de mari, passe de l’estime à l’étonnement, de l’étonnement à l’admiration, de l’admiration à l’amour et de l’amour à une passion aussi violente que mari ou amant peut la souhaiter.
Le châtelain de Cirey chante en vers les cieux de Newton et disserte en prose, tout à fait savamment, sur la Nature du feu. […] Ce que l’on peut dire seulement, ce qu’il faut dire, c’est que, quant aux moyens qu’il prit d’édifier cette grosse fortune, Voltaire fut bien l’homme qu’il était en tout, tirant lui-même les marrons du feu, sauf ensuite à crier au voleur quand il était une fois rassasié. […] Et puis, il regrettait Paris, ce Paris dont il a si bien parlé dans sa Princesse de Babylone, « où l’on sent son cœur s’amollir et se dissoudre comme les aromates se fondent doucement à un feu modéré et s’exhalent en parfums délicieux180 ». […] En bas, toute une foule d’ouvriers sans ouvrage et de rentiers sans rentes grondant la faim, les débris du jacobinisme, et ces portiers dont a parlé Chateaubriand258, grands partisans de feu M. de Robespierre, et regrettant les spectacles de la place Louis XV, « où l’on coupait la tête à des femmes qui avaient le cou blanc comme de la chair de poulet ».