Le lyrisme jusqu’à présent l’a satisfait, car il exprima l’ivresse qu’il avait de lui-même. […] Ils expriment bien un des caractères essentiels de notre race, ce goût que nous avons de l’ordre et de l’achevé, cet amour de la clarté.
Les premiers hommes divinisèrent tous les objets, et prirent les noms de ces dieux pour signes ou symboles des choses qu’ils voulaient exprimer. […] Ces figures du langage, ces créations de la poésie, ne sont point, comme on l’a cru, l’ingénieuse invention des écrivains, mais des formes nécessaires dont toutes les nations se sont servies à leur premier âge, pour exprimer leurs pensées.
Le jour où il voudra exprimer nettement sa pensée la plus chère, une profession de foi faite pour être montrée, nous verrons que c’est en français tout naturellement qu’il la consignera. […] » — Le chant au printemps, où il redemande à la nature renaissante l’âge d’or des fables antiques, développe une pensée que nous avons déjà entendu exprimer au poëte au sujet de la découverte de Colomb ; il se reprend d’un regret passionné à ces douces illusions évanouies, irréparables : « Hélas ! […] Oserai-je exprimer ici une manière d’interprétation que me suggère ce mélange, ce contraste en lui d’incrédulité orgueilleuse et d’épanchement affectueux ? […] Mes sentiments envers la destinée ont été et sont toujours ceux que j’ai exprimés dans Bruto minore. […] On se rappelle, au livre IV de l’Odyssée, le beau passage où Ménélas exprime devant Télémaque sa tendre amitié pour Ulysse, et le vœu qu’il avait autrefois formé de le réunir à lui : « Je lui aurais, dit-il, fondé une ville dans le pays d’Argos et bâti des palais, le faisant venir d’Ithaque avec ses biens et son fils et tous ses peuples… et là nous aurions vécu unis ensemble, et rien autre chose ne nous aurait pu séparer dans cette douceur de nous aimer et de nous conjouir, avant que le noir nuage de la mort nous vînt envelopper. » Ici s’exprime et déborde dans sa plénitude le sentiment de bonheur des deux amis.
. — D’abord, le compositeur doit vivre son œuvre, entière, avant qu’il ne l’exprime ; ensuite, il doit, avec le contre-point, savoir la grammaire française, et l’orthographe. […] L’art en notre temps doit être révolutionnaire, parce qu’il ne peut plus exprimer la conscience publique et parce qu’il doit la réformer. […] 2° Or, quel est ce sens, et pourquoi la musique chrétienne n’est-elle pas parvenue encore à l’exprimer complètement ? […] Après une analyse de la pièce, il exprime plusieurs réserves sur la conception dramatique musicale de Wagner. […] Absurde est cette convention, que sept notes expriment une épée ; mais elle n’est pas.
Introduction Un missionnaire du siècle dernier, montant en chaire pour la première fois devant l’élite de la société parisienne, s’exprimait ainsi : « À la vue d’un auditoire si nouveau pour moi, il semble que je ne devrais ouvrir la bouche que pour vous demander grâce en faveur d’un pauvre missionnaire dépourvu de tous les talents que vous exigez, quand on vient vous parler de votre salut. » Ne devrais-je pas, à l’exemple du père Bridaine, vous demander grâce en faveur d’un obscur missionnaire de la religion des lettres qui vient vous entretenir des objets sacrés de son culte ? […] Cette seconde manière d’exprimer nos pensées et nos sentiments, qu’on nomme pantomime, est trop intimement liée à la première pour qu’on puisse les séparer. […] Il est peu de personnes qui ne sachent pas, en présence d’un ami, s’exprimer sur un sujet qui les intéresse, avec la variété de tons, de physionomie et de gestes qu’il comporte. […] Ce n’est pas assurément que les idées viendront plus aisément et plus abondamment à la personne qui sait lire qu’à celle qui ne le saura point ; mais elle les exprimera avec plus de facilité, plus de justesse, plus d’élégance et plus d’énergie. […] L’éloquence de la chaire, du barreau et de la tribune, n’étant, comme la déclamation dramatique, qu’une conversation plus animée, plus vive, plus passionnée, le talent de bien exprimer les pensées des autres doit nécessairement conduire au talent de bien exprimer les siennes.
Et, que nous soyons Français, Allemands, Italiens, Espagnols ou Russes, cet homme idéal s’éveille en nous dès que, entendant une musique pareille à celle de Wagner, nous sentons qu’elle exprime les plus intimes battements de notre cœur propre. […] Et cette représentation devait être un drame, car dans un drame seulement peuvent vivre les idéals ; et ce drame devait naître de la musique, car la musique seule peut exprimer l’âme profonde de l’homme, de la nature, et le Divin. […] Avant tout il faut que la musique exprime parfaitement l’âme de l’art de Wagner ; sans cela on n’entendra pas la vérité, et on pourra facilement ressentir un déplaisir et une révolte contre cette falsification importée de l’Allemagne. […] Car il importe singulièrement que dans son chemin vers la fraternité idéale des nations, l’esprit Aryen ne parle plus seulement la langue de la littérature, mais qu’il s’exprime dans l’œuvre d’art vivante du drame, du drame musical. […] On peut regretter que Swinburne ne se soit pas autorisé ici à exprimer l’atmosphère de sauvagerie, de scandale et de morbidité qui imprègne toute l’œuvre de Wagner.
Elle est intéressante quand, oubliant de s’appliquer à bien exprimer ces natures basses, elle manifeste inconsciemment les noblesses sans raideur d’une âme devenue stoïcienne tout en demeurant, par je ne sais quel miracle, passionnée et tendre, gracieusement féminine. […] C’est le vers libre classique, celui qui sourit, rit et ricane dans Amphytrion ; celui qui dans Psyché donne à la vieillesse de Corneille des accents si délicieusement frais et jeunes ; celui qui dans La Fontaine exprime toute la gamme des sentiments humains, depuis les plus gais jusqu’aux plus profondément tristes. […] Je salue en deux sortes de poèmes une sincérité égale : dans les uns, le poète, ému de sa merveilleuse diversité, exprime avec fougue ou en souriant chacun de ses aspects, chacun de ses moments, se réjouissant surtout à ce qu’il y a d’extrême en lui. […] Étrange et admirable conception où s’expriment à la fois les besoins latins de clarté et les inquiétudes orientales ou hercyniennes d’infini : ici, c’est d’en bas que vient la lumière. […] Ses moyens d’expression — de l’alexandrin au vers de deux syllabes, de l’hexamètre latin à la prose française roide en son armure ou souple et jupes troussées — sont aussi innombrables que les merveilles à exprimer.
Ribot a dit avec raison que les réflexes purement mécaniques expriment moins l’activité individuelle que celle de la race. […] Le vouloir fondamental exprime ce que l’être est en lui-même, son action propre ; chaque sensation particulière exprime l’action du milieu sur lui ; chaque impulsion particulière exprime sa réaction sur le milieu. […] Il est probable, cependant, puisqu’ils sont des mouvements de l’organisme, qu’ils sont représentés d’une manière quelconque dans la cœnesthésie ; mais cette représentation n’y est pas distincte : c’est seulement la résultante des mouvements organiques qui s’exprime dans la conscience, non les mouvements composants. […] Toutefois, ne l’oublions pas, la notion mécanique des forces et de leur composition, avec le parallélogramme où elle s’exprime, est toute symbolique, malgré son utilité pratique et la part de vérité qu’elle renferme.
Comme ils ne font point parler des poëtes, mais des hommes ordinaires, ils ne doivent qu’exprimer les sentimens qui conviennent à leurs acteurs ; et prendre pour cela les tours et les termes que la passion offre le plus naturellement. […] Un poëte n’auroit plus qu’à exprimer avec force toutes les pensées qui lui viendroient successivement et au hazard : il se tiendroit dispensé d’en examiner le rapport, et de se faire un plan dont toutes les parties se prêtassent mutuellement des beautés. […] Je crois que le sublime n’est autre chose que le vrai et le nouveau réünis dans une grande idée, exprimés avec élégance et précision. […] En effet, rien n’abrége tant le discours, et ne multiplie tant le sens, qu’une epithéte bien choisie : elle tient lieu presque toujours d’une phrase entiére : elle fait une impression vive et inattenduë ; et outre l’agrément de la briéveté, quelques lecteurs sentent encore, ce qui fait une partie de leur plaisir, la peine et le mérite qu’il y a de s’exprimer aussi heureusement, malgré toute la contrainte des vers. Je sçais bien qu’en outrant cette briéveté, on devient nécessairement obscur, et qu’un poëte tombe d’autant plus aisément dans ce défaut, que ce qu’il a dit, réveillant en lui l’idée de ce qu’il a voulu dire, il supplée toujours au défaut de son expression, sans s’appercevoir qu’elle ne suffit pas par elle-même, à exprimer toute sa pensée.
Ce dégoût bien qu’il l’exprime le plus souvent avec une insupportable affectation, je le crois, je le sens sincère. […] Et ce n’est pas tout : dans l’instant où l’on prétend exprimer la passion la plus ardente, on s’applique à chercher la forme la plus précieuse, la plus imprévue, la plus contournée, c’est-à-dire celle qui implique le plus de sang-froid et l’absence même de la passion Ou bien, pour innover encore dans l’ordre des sentiments, on se pénètre de l’idée du surnaturel, parce que cette idée agrandit les impressions, en prolonge en nous le retentissement ; on pressent le mystère derrière toute chose ; on croit ou l’on feint de croire au diable ; on l’envisage tour à tour ou à la fois comme le père du Mal ou comme le grand Vaincu et la grande Victime ; et l’on se réjouit d’exprimer son impiété dans le langage des pieux et des croyants.