Il faut qu’une sorte de fermentation, causée par des événements extraordinaires, développe ce sentiment, dont le germe existe toujours chez un grand nombre d’hommes, mais peut mourir avec eux sans qu’ils aient jamais eu l’occasion de le reconnaître. Des querelles frivoles, telles que des disputes sur la musique, sur la littérature, peuvent donner quelques idées légères de la nature de l’esprit de parti ; mais il n’existe tout entier, mais il n’est l’action dévorante qui consume les générations et les empires, que dans ces grands débats où l’imagination peut puiser sans mesure tous les motifs d’enthousiasme ou de haine. […] L’esprit de parti unit les hommes entre eux par l’intérêt d’une haine commune, mais non par l’estime ou l’attrait du cœur ; il anéantit les affections qui existent dans l’âme, pour y substituer des liens formés seulement par les rapports d’opinion : l’on sait moins de gré à un homme de ce qu’il fait pour vous que pour votre cause ; vous avoir sauvé la vie est un mérite beaucoup moins grand à vos yeux que de penser comme vous ; et, par un code singulier, l’on n’établit les relations d’attachement et de reconnaissance qu’entre les personnes du même avis : la limite de son opinion est aussi celle de ses devoirs ; et si l’on reçoit, dans quelques circonstances, des secours d’un homme qui suit un parti contraire au sien, il semble que la confraternité humaine n’existe plus avec lui, et que le service qu’il vous a rendu est un hasard qu’on doit totalement séparer de celui qui l’a fait naître. […] Son premier caractère est de voir son objet tellement au-dessus de tout ce qui existe, qu’il ne peut se repentir d’aucun sacrifice quand il s’agit d’un tel but. […] Jamais il n’existe un esprit de parti, sans qu’il en fasse naître un autre qui lui soit opposé, et le combat ne finit que par le triomphe de l’opinion intermédiaire.
Or, dans la nature morale, dès qu’il existe un terme, la route qui y conduit est promptement parcourue ; mais les pas sont toujours lents dans une carrière sans bornes. […] Homère a recueilli les traditions qui existaient lorsqu’il a vécu, et l’histoire de tous les événements principaux était alors très poétique en elle-même. […] On remarque, avec raison, que le goût de la première littérature (à quelques exceptions près que je motiverai en parlant des pièces de théâtre) était d’une grande pureté ; mais comment le bon goût n’existerait-il pas, dans l’abondance et dans la nouveauté de tous les objets agréables ? […] On ne saurait nier que la législation d’un peuple ne soit toute-puissante sur ses goûts, sur ses talents et sur ses habitudes, puisque Lacédémone a existé à côté d’Athènes, dans le même siècle, sous le même climat, avec des dogmes religieux à peu près semblables, et cependant avec des mœurs si différentes. […] L’envie chez les Grecs existait quelquefois entre les rivaux ; elle a passé maintenant chez les spectateurs, et par une singularité bizarre, la masse des hommes est jalouse des efforts que l’on tente pour ajouter à ses plaisirs, ou mériter son approbation.
Une couleur n’existe, un son, une odeur n’existent, que s’ils sont perçus. […] Les raisonnements que l’on poursuit à leur occasion peuvent être justes ou erronés, mais elles-mêmes ne sont ni vraies, ni fausses, elles existent. […] Elle est la réalité donnée, qui existe par elle-même, et ne dit pas son pourquoi ; elle est la réalité sans cause. […] Le plus souvent, au contraire, un grand nombre de prédispositions existent en lui, le rendant propre à se développer dans toutes les directions de la sensibilité et de l’esprit, et c’est en raison sans doute de cette multiplicité qu’il peut subir toutes les influences. Toutefois, ces prédispositions existent avec des différences de degrés.
À peine existe-t-elle qu’elle disparaît, pour ainsi dire, et se transforme en art. […] Et en effet, il s’agit si bien d’une représentation toute subjective que, en fait, ce progrès de l’humanité n’existe pas. […] Or, au début de la science, on n’est même pas en droit d’affirmer qu’il en existe, bien loin qu’on puisse savoir quels ils sont. […] Ainsi, il existe deux sortes d’unions monogamiques : les unes le sont de fait, les autres de droit. […] « La coopération ne saurait donc exister sans société, et c’est le but pour lequel une société existe. » (Principes de Sociol.
Savoir que les faits existent est un premier plaisir, mais savoir pourquoi ils existent, les comprendre, c’est là une satisfaction d’ordre supérieur. […] Le monde extérieur existe-t-il réellement ? […] Existe-t-il quelque chose en dehors du moi ? […] Mais ici, l’expérience même nous prouve que le moi existe. […] Ces relations existent donc sans être continues.
Qu’est-ce qu’un principe pratique qui ne peut exister qu’à condition d’être abstrait, et qui s’évanouit dès qu’on l’applique ? […] L’homme a été créé par Dieu un être essentiellement sociable, tellement sociable que, s’il cesse un moment d’être sociable, il cesse d’exister ; l’état de société lui est aussi nécessaire pour exister que l’air qu’il respire ou que la nourriture qui soutient sa vie. […] Or, comme le crime serait mutuel, l’homme cesserait promptement d’exister. […] C’est l’être propriétaire et héréditaire par excellence ; sitôt qu’il cesse de s’approprier toute chose autour de lui, avant lui, après lui, il cesse d’exister. […] Sans ce sens divin de la justice, aucune société n’aurait pu exister une heure.
Pour nous désormais, entre l’étranger et l’ennemi, existe une différence profonde. […] Aujourd’hui l’homme d’un coin de terre civilisé peut concevoir que son semblable existe sous d’autres cieux. […] De même qu’il existe une sorte d’idéal commun aux races, il existe dans le monde un idéal d’humanité, commun à l’espèce et englobant sans les confondre, ceux des nationalités. […] Si cet équilibre n’existe pas, l’individu ne peut prétendre à une juste place dans l’ensemble de la vie sociale. […] Il existe parallèlement une entente pour la vie, dont il reste à déchiffrer les lois.
On étonnerait beaucoup un homme étranger aux spéculations philosophiques en lui disant que l’objet qu’il a devant lui, qu’il voit et qu’il touche, n’existe que dans son esprit et pour son esprit, ou même, plus généralement, n’existe que pour un esprit, comme le voulait Berkeley. Notre interlocuteur soutiendrait toujours que l’objet existe indépendamment de la conscience qui le perçoit. […] Donc, pour le sens commun, l’objet existe en lui-même et, d’autre part, l’objet est, en lui-même, pittoresque comme nous l’apercevons : c’est une image, mais une image qui existe en soi. […] Cet esprit croirait naturellement que la matière existe telle qu’il la perçoit ; et puisqu’il la perçoit comme image, il ferait d’elle, en elle-même, une image.
Existe-t-il un élément primordial auquel se ramènent toutes les qualités de nos sensations ? […] A vrai dire, puisqu’on invoque la conscience, où existe un état de conscience simple pour la conscience même ? […] Si nous ne saisissions que les relations ou différences d’intensité, par exemple la différence de 2 à 3, non des intensités en elles-mêmes, le rapport de 2 à 3 devrait être saisi partout où il existe. Or, quand il existe entre des intensités trop grandes ou trop faibles, il n’est pas perceptible. […] Et cet acte vraiment primitif a une propriété qui lui est absolument propre : il n’y a rien qui puisse l’exprimer ; ni les mots, ni la pensée ne peuvent le saisir ; nous ne savons rien de lui, sinon qu’il existe.
Mais une considération qu’il ne faut pas dédaigner, c’est que, selon toute probabilité, beaucoup d’îles aujourd’hui complétement submergées ont existé autrefois comme lieu de relâche164. […] Nous voyons enfin pourquoi en deux régions, quelque distantes qu’elles soient l’une de l’autre, il existe une certaine corrélation entre la présence d’espèces identiques, de variétés ou d’espèces douteuses, et celle d’espèces distinctes, mais représentatives. […] L’hypothèse que d’anciennes terres continentales auraient existé entre des îles aujourd’hui isolées n’a rien de plus improbable que celle qui suppose l’existence antérieure d’îles ou d’archipels parsemés. […] Selon toute probabilité, un continent plus ou moins vaste aurait alors existé entre l’ouest de l’Australie et le sud de l’Afrique en laissant à l’écart la terre de Kerguelen. […] Il est évident qu’un mammifère n’est mammifère de père en fils que depuis la création de la classe, et qu’un Lion n’est Lion que depuis qu’il existe des Félidés, comme l’homme n’est homme que depuis qu’une variété anthropomorphe ou pseudo-humaine a existé.