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2098. (1886) Le roman russe pp. -351

Mais je ne puis m’empêcher de croire qu’il faut remonter à des habitudes de pensée très anciennes, dans cette race immobile, pour mieux pénétrer ses inclinations et le malaise dont elle souffre. […] Dans le tableau romantique, les bandits russes sont des bâtards de Lara, vus de haut et de loin par un grand seigneur, qui leur fait un large crédit de poésie ; rien au monde n’empêche qu’ils ne soient Catalans ou Siciliens ; tandis que les forçats de Dostoïevsky sont des paysans du Dniéper ou du Volga, et celui qui les peint, on le sent de reste, assassinerait et expierait comme eux, si sa mauvaise étoile l’y poussait. […] L’odieux l’emporte, il n’est pas sauvé par la légèreté de main et la bienséance élégante qui empêchent le Tartuffe d’être le plus noir des drames. […] Eliot, dans Adam Bede : « Les mots m’arrivaient comme viennent les larmes, quand notre cœur est plein et que nous ne pouvons les empêcher. » Nul n’eut plus de sentiment et plus d’horreur du sentimentalisme : nul ne sut mieux indiquer d’un seul mot toute une situation, toute une crise du cœur.

2099. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Il en eut une grande pique, ce qui ne l’empêcha pas de vivre encore une dizaine d’années comme un autre homme, après quoi il décampa pour tout de bon. […] Toutefois, quelles que soient l’urbanité et la grâce décente de notre poète, vous n’empêcherez pas qu’il n’obéisse, de temps à autre, aux appétits sensuels de ce peuple romain qu’il faut arracher à sa frénésie pour les jeux du Cirque. […] Il est hardi, il est infatigable, il est l’enfant gâté de la foule ; s’il ne réussit pas aujourd’hui, tant pis pour le public et tant pis pour messieurs de la Comédie ; ce n’est pas la chute de ce soir, qui l’empêchera de dîner demain. […] Arrivé dans ce salon mystérieux il garde loyalement ce bandeau qui l’empêche de voir les cinq femmes.

2100. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

En dehors du parlement bourgeois, et où dominent les avocats (c’est-à-dire où est assurée la prédominance des mots sur les choses) en dehors du tâtonnement syndicaliste des ouvriers et des employés, quelle est donc la force, obscure mais résistante, qui a maintenu la nation française et l’a empêchée de se dissoudre révolutionnairement, en cent trente ans ? […] Un travail sourd, mais continu, dont Maurras nous a conté l’édifiante histoire, s’est poursuivi contre cette pure gloire, pour empêcher ses rayons de se propager. […] Mais leurs scepticismes, jumeaux jusque vers 1897, jusqu’à l’Affaire Dreyfus, et leur aversion pour toute affirmation, ou négation, carrée et crue, les empêchèrent d’agir, comme ils l’auraient pu, pour le nettoyage de certaines admirations conventionnelles. […] Les derniers entêtés simiomanes se demandent si le singe ne serait pas un humain dégénéré: et rien n’empêcherait en effet de prendre la fameuse chaîne à rebrousse mailles et de considérer le ver de terre comme la suprême dégradation de l’homme, descendu lentement, et sans saltus, à travers les oiseaux, les insectes et les mollusques, et ayant perdu ses jambes, ses pieds, ses bras, ses mains, ainsi que la différenciation de sa boîte crânienne, dans la lutte pour la vie, struggle for life, à l’envers.

2101. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

On était lancé ; il n’y avait plus ni repos ni trêve, et il faut avouer que si, par impossible, le ministère avait eu la velléité de renoncer à son coup d’État, il en eût été fort empêché par le harcellement même et le défi de ces sommations incessantes.

2102. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Il ne craint pas d’alléguer l’exemple de la république de Venise qui, pour empêcher qu’on enlevât de Padoue la fameuse bibliothèque de Pinelli, la fit saisir au moment du départ, sous prétexte qu’il y avait dans les manuscrits du défunt des copies de certains papiers d’État.

2103. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

Il n’avance point comme les autres par des intuitions brusques, mais par des déductions suivies ; on peut marcher, chez lui, on n’a pas besoin de bondir, et l’on est perpétuellement maintenu dans la droite voie : les oppositions de mots rendent sensibles les oppositions de pensées ; les phrases symétriques guident l’esprit à travers les idées difficiles ; ce sont comme des barrières mises des deux côtés du chemin pour nous empêcher de tomber dans les fossés.

2104. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

C’est cet esprit, qui, commun à ce moment à l’Angleterre et à la France, imprime son image dans la diversité infinie des œuvres littéraires, en sorte que dans son ascendant partout visible on ne peut s’empêcher de reconnaître la présence d’une de ces forces intérieures qui ploient et règlent le cours du génie humain.

2105. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

En arrière, deux colonnes serrées, appuyant comme deux arcs-boutants cette double ligne de bataille, semblaient destinées à la soutenir et à l’empêcher de plier sous le choc des Français.

2106. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Je suis sûr que si un seul de ceux qui ont nourri pour moi le plus léger attachement me voyait dans cet état, il ne pourrait s’empêcher de fondre en larmes de compassion. » Jules Mosti se cachait de son oncle pour transmettre ces lettres du Tasse et lui rapporter les réponses.

2107. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

VIII Je ne voulais que citer, et je n’ai pas pu m’empêcher de copier.

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