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654. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vigny, Alfred de (1797-1863) »

Il repousse avec une sorte de pudeur virile la tentation d’amuser les désœuvrés des secrets de sa vie ou des mystères de son cœur… l’art est toujours chez lui, en un sens, philosophique… Chacun de ses poèmes : Moïse, Éloa, n’est, si l’on veut bien le prendre, qu’un admirable symbole… C’est une succession de petits ou de grands drames dont chaque partie se relie par une pensée unique, mais l’artiste, nulle part, ne se sacrifie au penseur ; il garde tous ses droits, nous enivre et s’enivre lui-même de poésie, orne d’une grâce infinie chaque détail. […] Pour moi, quand le désespoir s’exprime si hautement et si fièrement, je ne me reconnais pas le droit de le condamner.

655. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IV » pp. 38-47

Quelle que fût la cause de l’indifférence du roi pour la reine, Anne n’eut pas moins le droit de s’en trouver offensée. […] Segrais, venu plus tard, en parle en ces termes : « Elle était, dit-il, bienfaisante et accueillante, et elle avait l’esprit droit et juste : c’est elle qui a corrigé les méchantes coutumes qu’il y avait avant elle.

656. (1865) Du sentiment de l’admiration

Reine depuis qu’elle n’est plus déesse, la vérité domine ici sans partage et, sans interrègne, et, pour quelques heures qui vous séparent de l’indépendance, elle ne veut pas abdiquer ses droits. […] Je ne saurais trouver de meilleurs gardiens, de plus sages mentors pour un cœur droit et pur.

657. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Michel Van Loo » pp. 66-70

On la voit de face, la tête coeffée à la romaine, le regard assuré, le bras droit retourné et le dos de la main appuyé sur la hanche ; l’autre bras posé sur la selle à modeler, l’ébauchoir à la main. […] Il a le bras droit passé sur le dos d’une chaise de paille.

658. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Napoléon »

Il s’agit enfin de s’opposer une fois pour toutes à cette irruption d’écrivains qui, sans la vocation du talent et le droit de l’intelligence, touchent à un sujet historique réservé à la main des Maîtres. […] Le livre des Constitutions, savant, compétent, vivement écrit, et avec une griffe plus qu’avec une plume, est moins pour nous un traité, condensé et incisif, de droit public, qu’un fragment de cette grande histoire qui ne s’écrit encore que par fragments.

659. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Louis Wihl »

L’homme qui la lui donna était Louis Wihl, l’auteur des Hirondelles 34 et du Pays bleu 35, le poète dont nous allons parler ; Louis Wihl, l’homme le mieux fait pour assister Heine à son heure dernière, car il était son parent par l’esprit, le talent, la faculté poétique, et il était son supérieur par la foi en Dieu, les grandes croyances gardées, la droiture morale de la vie, et, tronc solide, il était bien en droit d’offrir à la liane qui allait s’abattre un dernier appui. […] Un jour, que je ne crois pas éloigné, Louis Wihl aura des lecteurs auxquels il a droit et que je voudrais lui amener.

660. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Meurice » pp. 231-241

Eh bien, ce sont ces intelligents messieurs, qui soutiennent que Shakespeare explique la Trinité, qui prétendent que l’humanité pond son Dieu, ce long Dieu du devenir qui ressemble à un câble et que l’humanité fait et augmente d’une spirale tous les jours ; ce sont ces messieurs, qui soutiennent les droits du corps autant que les droits de l’esprit, et qui, niant toutes les négations, nient le péché, le châtiment, la guerre, la mort et l’enfer ; ce sont eux, ces messieurs, que Paul Meurice appelle : « les Chevaliers de l’Esprit » !

661. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XI. Des éloges funèbres sous les empereurs, et de quelques éloges de particuliers. »

Cette institution était conforme à l’esprit républicain ; mais quand le gouvernement vint à changer, quand le monde entier fut dans la main d’un empereur, et que cet empereur qui n’était presque jamais appelé au trône par droit de succession, craignant à chaque instant ou des rivaux ou des rebelles, eut l’intérêt funeste de tout écraser ; quand on vint à redouter les talents, quand la renommée fut un crime, et qu’il fallut cacher sa gloire, comme dans d’autres temps on cachait sa honte, on sent bien qu’alors il ne s’agissait pas de louer les citoyens : les grandes familles aimaient mieux la sûreté et l’oubli, que l’éclat et le danger. […] Le despotisme, qui dans Rome engloutissait tout, se réserva jusqu’au droit d’être flatté pendant la vie et après la mort.

662. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Son bon sens ne s’inquiétait que des difficultés qui se peuvent résoudre ; pour les autres, il se faisait honneur de les négliger, afin de garder le droit de condamner dans autrui la prétention téméraire de les trancher. […] C’est même un des charmes de cette lecture, qu’on ne songe guère à y faire des réserves littéraires, et qu’on est comme violemment débarrassé, dès l’abord, de ce droit si périlleux de juge que le lecteur a sur l’écrivain. […] Voilà pourquoi la liberté spéculative, qui paraît être un droit naturel, y a toujours été contenue, quelquefois opprimée, aux époques mêmes où les gouvernements y toléraient d’autres libertés en apparence aussi considérables. […] En tous cas, l’explication de sa conduite dépendait du caprice des jugements humains ; et ce fut le comble du scandale et de la disgrâce, que quelqu’un pût se croire le droit de douter de la pureté de Fénelon. […] « Pourquoi, répondait Bossuet, affecter de répéter ces passages, et faire dire à tout le monde que le saint homme s’est laissé aller à des inutilités qui donnent trop de contorsions au bon sens pour être droites ? 

663. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Nous avons le droit de faire des expériences avec nous-mêmes. […] Elle les fait dévier de leurs routes les plus droites. […] Il a foncé droit sur elle et il l’a détruite, en l’acceptant tout entière. […] Deuxième degré : ils entrent en lutte, ils veulent être reconnus : droits égaux, « justice ». […] Dois-je tuer, ai-je le droit de tuer, alors qu’il est dit : « Tu ne tueras point ! 

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