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364. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Désormais, il y avait dans notre douleur même une consolation austère et douce : le vide n’était plus béant. […] Depuis lors, il n’avait pas eu une joie ou une douleur qui ne leur fussent communes. […] Vous n’avez pas un nerf, un muscle, un tendon sous la peau, qui ne puisse vous faire crier de douleur. […] Je veux me punir de mon exigence, de ma dureté, par ta douleur même. […] Ta douleur sera douce par l’idée de sa délivrance et de ce que tu as fait pour lui.

365. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rivoire, André (1872-1930) »

Puis il s’est abandonné à réfléchir sa propre douleur dans le miroir amer d’une autre âme blessée comme la sienne.

366. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Valéry, Paul (1871-1945) »

La poésie doit nous exprimer tout entiers : passions, douleurs et joies mêlées, aspirations, désirs, actions, confondus, dans les limites que lui marque le goût, faculté qui préside au choix, l’acte esthétique par excellence… M. 

367. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre IX. Caractères sociaux. — Le Prêtre. »

L’ordre des vierges n’est ni moins varié ni moins nombreux : ces filles hospitalières qui consument leur jeunesse et leurs grâces au service de nos douleurs ; ces habitantes du cloître, qui élèvent à l’abri des autels les épouses futures des hommes, en se félicitant de porter elles-mêmes les chaînes du plus doux des époux, toute cette innocente famille sourit agréablement aux Neuf Sœurs de la Fable.

368. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

« Réveillé du coup, mais ne sentant point la douleur, je ne m’aperçus de ma blessure qu’à mon sang. […] Sa blessure ne lui permettant de marcher qu’avec douleur, Chateaubriand se traîne comme il peut à la suite de sa compagnie, qui bientôt se débande. […] L’Indien se pâme avec d’accablantes douleurs, et un dur sommeil ferme ses yeux. […] Voici peut-être la grande invention de Chateaubriand : il a fait de la mélancolie une parade contre la douleur. […] Transpercé de douleur, Aben-Hamet s’écrie : “Ah !

369. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

« Sois patiente, ma mère », lui dit-il au premier chant de l’Iliade, « supporte ta disgrâce, de peur que je ne te voie maltraitée, toi qui m’es chère, et que malgré ma douleur, je ne puisse te secourir ; car la colère de l’Olympien est terrible. […] Il n’a pas faibli dans la lutte horriblement inégale du fer contre la chair, du paroxysme de la douleur contre l’énergie de la volonté. […] Ô jeune fille, ne dédaigne point le lit de Zeus, mais sors de ta demeure, et va dans la vaste prairie de Lerne, où sont les étables et les troupeaux de ton père, afin que l’œil du dieu ne brûle plus de désirs. » Ce frère de douleur qu’elle a rencontré sur sa voie fatale a gardé le don de la prescience. […] » Hermès raille ce cri de douleur : — « Hélas ! […] Le Centaure Chiron, qu’Hercule avait involontairement percé d’une flèche empoisonnée par le sang de l’Hydre, souffrait de cette blessure dans son antre, en proie à d’incurables douleurs.

370. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

Elle sert aussi à jouir ; par un don de la Providence, elle perpétue le plaisir comme elle éternise la douleur. […] La piété vous isolait : l’amour et la douleur vous populariseront. […] Versez les chastes jours et les nuits profanées, Et l’asphodèle vierge et les roses fanées ; Versez votre douleur, versez votre beauté. […] À ces flots onctueux, fumant d’un double arôme, L’homme a fourni les pleurs et la terre le baume : Tous les deux vous offrant leurs présents les meilleurs, La nature, ses fleurs, et l’âme, ses douleurs ; Puis versant tous les deux sur vos traces sereines Ce que vous avez mis de plus pur dans leurs veines !

371. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

Au milieu des douleurs et dans ses peines continuelles, il se montra détaché de la terre et de moi-même, qui lui étais néanmoins si cher. […] « Monseigneur, « Je n’ai pas osé interrompre les premiers moments de votre douleur. […] « De grâce, Monseigneur, par bonté pour vos amis, par attachement pour votre patrie, épargnez votre santé, soignez-vous, modérez votre douleur, et croyez qu’elle est dans le cœur de vos amis ; et je m’honore de ce titre. […] En annonçant au gouvernement français la perte que le monde venait de faire, le duc de Laval-Montmorency, ambassadeur du Roi Très-Chrétien près le Saint-Siège, écrivit : « Il ne faut aujourd’hui que célébrer cette mémoire honorée par les pleurs de Léon XII, par le silence des ennemis, enfin par la profonde douleur dont la ville est remplie, et par les regrets des étrangers et surtout de ceux qui, comme moi, ont eu le bonheur de connaître ce ministre, si agréable dans ses rapports politiques, et si attachant par le charme de son commerce particulier. » IX C’était le 24 janvier 1824.

372. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Taine nous dit qu’en certaines circonstances, par exemple à la mort de quelque vieux compagnon d’armes, il avait des accès de sensibilité et de douleur  suivis de rapides oublis. […] Les quatre millions d’hommes tués, et la somme de douleurs humaines que cela suppose, le découragent d’admirer le grand empereur. […] Je crois d’ailleurs sentir, dans ses Mémoires, que c’est à regret qu’elle s’est détachée de son héros, qu’elle n’a découvert que peu à peu son vrai caractère, et que cette découverte lui a été une douleur, non un plaisir méchant. […] Quand vous croyez rêver le bonheur, vous ne rêvez tout au plus que la suppression de la souffrance ; encore vous ne la rêvez pas longtemps : bientôt votre songe vous paraît insignifiant et vain, et vous vous hâtez de rappeler la douleur, d’où naît l’effort et le mérite, et par qui seul se meut  vers quel but ?

373. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

Enfin, le 29, le drame attendu de Gœtterdaemmerung, un drame dans la manière de Parsifal, c’est à dire un poème de pure musique disant l’éternel des passions humaines, sous le symbole de quelque vague conte que jouent des gens : — l’amour, Siegfried ; la séduction, Gutrune et Siegfried ; et la douleur, Brünnhilde, par lesquels ces deux premiers actes vivent l’essence de notre vie, jusqu’à la péroraison finale et héroïque, très charmante, du troisième acte. […] Puis voici qu’au torrent gracieux afflue une inquiète coulée : voici revenue la coutumière douleur, s’insinuant de toutes parts en la pauvre âme un peu divertie. […] Maintenant l’âme ne cherchera plus d’autres jeux : elle se jouera, délicieusement de sa douleur, elle redira, mille fois, la divine réponse. […] Il couvrait un cerveau où furent senties, et vécues, et recrées parfaitement, toutes les douleurs et les espérances et les joies de la nature humaine.

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