Mais il y a pis ; car, en paraissant dans un journal quotidien politique, ces œuvres des grands écrivains servent avant tout d’appât et d’amorce à des doctrines et à des entreprises dont le but principal peut être funeste ou du moins directement opposé aux vues mêmes de ces écrivains. […] Chose remarquable, sa rédaction se renouvelle souvent, elle ne se rajeunit jamais. » Depuis que la rivalité de la Presse a commencé de poindre, le Journal des Débats n’a cessé, par son dédain, ses airs de grand seigneur, et son peu de zèle à rallier les éléments de résistance, de faire tout ce qu’il fallait pour favoriser les progrès de l’adversaire : ses inconséquences et ses déviations, dans la ligne des doctrines littéraires et philosophiques, sont perpétuelles.
L’homme n’étant point un individu isolé et solitaire, et devant toujours vivre au sein de la société, il en résulte que sa puissance et ses développements possibles sont dans la société ; il en résulte encore que la société est souvent un supplément à l’imperfection de ses organes ; il en résulte enfin que la plupart des instincts mêmes de l’homme, si une telle expression est permise, sont placés hors de lui, se trouvent dans la société, ce qui nous ramène encore une fois à cette doctrine de la solidarité, doctrine qui serait ici susceptible de sortir de l’ordre des vérités spéculatives pour entrer dans l’ordre des vérités d’expérience, pour prendre rang parmi les faits historiques. […] « Ne vous rendez point semblables aux animaux muets », disent-ils ; et nos philosophes n’ont pas fait attention qu’en fondant la doctrine de l’invention de la parole ils ont fait de l’homme un animal muet lorsqu’il est sorti des mains du Créateur, ou plutôt, pour me servir de leurs propres termes, lorsqu’il a été produit par la nature. […] Lorsque la langue grecque s’introduisit chez ces maîtres impitoyables du monde pour les polir, ils voulurent d’abord la repousser, parce qu’il leur eût mieux convenu de rester barbares : lorsque, plus tard, cette langue leur fut devenue familière, ils ne voulurent y puiser que les doctrines philosophiques. […] Ainsi qu’on a pu le voir par tout ce qui a été dit, la théorie de M. de Bonald n’est point nouvelle : c’est, au contraire, une théorie très ancienne, surtout pour la première de ses propositions ; elle résulte de toutes les doctrines et de tous les enseignements de l’antiquité. La tradition ne s’en est même jamais perdue dans la société : seulement elle avait été obscurcie peu à peu ; il est même permis de dire que la théorie opposée, érigée en doctrine, est tout à fait moderne.
Il ne voit pas dans cette conversion une matière à réfléchir sur ses propres doctrines, une énigme mentale à résoudre. […] Nous voudrions qu’au lendemain des catastrophes qui l’auront rendu l’arbitre des destinées nationales, cet homme eût une doctrine et qu’il eût le concours d’intelligences dans la nation capables de bien accepter cette doctrine et de la comprendre. […] Ils sont d’une cause, parce qu’ils sont d’une doctrine. […] C’est la doctrine politique vraiment conforme à la nature et à ses procédés de développement gradué. […] L’écrivain s’est mépris sur la valeur comparative des doctrines que l’évêque et le révolutionnaire représentent, mais il a vu l’importance du rôle que joue la doctrine dans les heures sérieuses de la vie.
Il faut attendre maintenant non seulement que Rousseau paraisse, mais qu’une génération nouvelle ait aperçu les conséquences de ses doctrines. […] Comme si le triomphe de la doctrine, pour une large part, n’avait pas dépendu de l’état des idées ambiantes ! […] 2° Je tâcherai de vous dire alors quelle a été, dans la constitution de la doctrine ou de l’hypothèse, la part propre de Darwin. […] Rien ne surprit tant que cette doctrine. […] Notez que je n’examine point ici la doctrine, je l’expose.
L’inquisition ne fut occupée qu’à prévenir les fuites de la nouvelle doctrine. […] Les thomistes refusèrent de le prêter, dans la persuasion que cette censure donnoit atteinte à leur doctrine. […] La doctrine de saint Thomas étoit fort recommandée dans ce directoire, suivant l’intention de S. […] Ils voulurent chacun prouver que leur doctrine n’étoit que la doctrine des pères & celle de l’église. […] Ils ne reconnoissoient point sa doctrine, à l’extrait de son ouvrage.
Or, quelle est, en somme, la conception scientifique de Claude Bernard, la conception dont sa doctrine de l’expérimentation n’est que l’écorce ? […] Zola en adoptant la doctrine expérimentale de Claude Bernard et en l’appliquant au roman, adopte par cela même le point de départ du physiologiste. […] Il n’est même pas inutile de constater que le radicalisme matérialiste de Zola dépasse infiniment celui de Claude Bernard qui, en écrivant cette phrase, faisait prévoir la contrepartie de sa doctrine scientifique : « Pour les lettres et les arts, écrit-il, la personnalité domine tout. […] Il nous aura suffi de montrer que la doctrine scientifique et philosophique à laquelle Zola s’est pleinement rattaché au début, est actuellement dépassée, et que lui-même, demeurant étroitement fidèle à sa pensée première et s’immobilisant au milieu des idées en marche, se présente à nous maintenant comme l’un des fidèles d’une foi morte ou du moins en pleine décadence, la foi matérialiste. […] Mais au seuil des libres plaines entrevues par vous, retenu par l’étroitesse d’une doctrine et peut-être aussi par la faiblesse des forces humaines (votre rôle de lutteur ayant absorbé votre énergie), vous avez enfermé la vie dans une nouvelle convention plus large que la précédente, mais une convention que nous n’admettons plus.
Fontenelle Le cartésianisme, à la fin du siècle, en s’éloignant de la doctrine formelle de Descartes, manifestait de plus en plus la puissance de sa méthode. […] Les catholiques avaient suivi les réformés sur ce terrain ; et l’on avait vu Bossuet, dans son Histoire des Variations, démontrer par la méthode historique le développement continu et divergent des doctrines réformées. […] Sa doctrine positive est la haine de l’intolérance et l’amour de la paix : il n’y a pas de vérité assez certaine pour valoir qu’on s’égorge.
La doctrine serait-elle atteinte dans ce qu’elle a de plus intéressant et, pour nous, de plus important ? […] Au contraire, la doctrine des causes finales ne sera jamais réfutée définitivement. […] Telle est pourtant la direction que la doctrine de la finalité a prise. […] C’est à une doctrine du même genre que se rallient aujourd’hui un certain nombre de biologistes. […] Survient alors la doctrine de la finalité.
Car il s’agit d’une émotion capable de cristalliser en représentations, et même en doctrine. […] Posez, par exemple, l’émotion que le christianisme a apportée sous le nom de charité : si elle gagne les âmes, une certaine conduite s’ensuit, et une certaine doctrine se répand. […] Nous avons une impression de ce genre quand nous confrontons la doctrine des stoïciens, par exemple, avec la morale chrétienne. […] Une telle émotion pourra évidemment s’expliciter en idées constitutives d’une doctrine, et même en plusieurs doctrines différentes qui n’auront d’autre ressemblance entre elles qu’une communauté d’esprit ; mais elle précède l’idée au lieu de la suivre. […] A l’âme socratique ils ont fourni un corps de doctrine comparable à celui qu’anima l’esprit évangélique.
Doctrine et méthode pratiques. […] Toute sorte de prédicateurs hétéroclites viennent prêcher la bonne doctrine : ce sont les Cinquante d’une grande ville du nord, et le rabbin Akib, et le révérendissime père en Dieu Alexis, archevêque de Novgorod la Grande. […] Paris, l’Europe sont inondés de petits livrets signés de noms connus ou inconnus, réels ou fantastiques : Dumarsais, Bolingbroke, Hume, Tamponel docteur de Sorbonne, l’abbé Bigex, l’abbé Bazin et son neveu, les aumôniers du roi de Prusse, je ne sais combien d’auteurs inattendus, tous différents d’âge et de condition, encore que beaucoup soient d’Eglise, tous semblables de doctrine et d’esprit. […] En se faisant tout à tous, Voltaire n’oublie pas ses fins essentielles : il fait servir à la propagation de sa doctrine les relations qui flattent sa vanité. […] Mais il a eu pourtant l’intelligence la plus alerte, la plus curieuse : une intelligence toujours en éveil, débrouillarde, lucide, merveilleux filtre d’idées ; personne n’a possédé plus que cet homme-là le don de réduire un gros système à une courte phrase, et de choisir le petit échantillon sur lequel on peut juger d’une vaste doctrine.