/ 2136
648. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Dans les deux premiers cas j’aurai eu une destinée très glorieuse et littéralement digne d’un dieu, et dans les trois cas j’aurai fait mon devoir d’homme, de philosophe et de citoyen. […] Car l’âme est un bien divin et rien de ce qui est mauvais n’est digne qu’on l’honore. […] Ce sont ceux-ci seulement qui sont dignes, non seulement de la connaissance, mais de la recherche de la connaissance. Ils ont entre les yeux ce signe auquel vous savez qu’on reconnaît les amoureux, et ils sont dignes de connaître parce qu’ils connaissent déjà, selon ma doctrine, et dignes de chercher parce qu’ils ont déjà trouvé, et dignes d’aimer parce qu’ils aiment. […] Il est étrange que les peuples, en général, ne sachent pas distinguer à quel signe il faut reconnaître ceux qui sont dignes du pouvoir et capables de l’exercer.

649. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Le Braz est digne non seulement d’estime et de respect, mais véritablement de vénération. […] C’est le vindex qui n’est pas digne du nodus. […] Montrez-vous digne fille d’une mère telle que moi. […] Qui naquit dans la pourpre en est rarement digne. […] Il y fait très bonne figure, et c’est une pièce digne d’être vue et revue.

650. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

F…, accuse le digne antagoniste de Mallebranche de ne l’avoir pas entendu : cette accusation a du fondement. […] Si l’on étoit impoli, rustique, ignorant, Goth, Hun, Vandale, on seroit digne des éloges de M. […] Nous avons de dignes successeurs des Audran, des Chereau & des Drevet. […] Il va trouver le général, le menace & lui fait rendre le plus digne ornement des capucins. […] Soyez, en un mot, de dignes capucins, & n’oubliez jamais qui vous êtes ».

651. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

« Vivre m’est un ennui si lourd et si long que je ne cesse d’en implorer la fin par le désir infini de revoir celle après laquelle rien ne me parut digne d’être jamais vu !  […] La beauté, la vertu, la docilité de sa fille et le caractère accompli de son gendre adoucirent les regrets de la mort d’un fils peu digne d’un tel père. […] Je juge par ma douleur de la vôtre et de celle de Tullie, ma chère sœur, votre digne épouse, à qui je vous conjure de faire entendre raison sur la perte qu’elle a faite et qu’elle devait prévoir. […] Bien que toutes les œuvres de ce beau génie soient presque parfaites et dignes de l’antiquité, comme de la postérité, sans les sonnets, qui est-ce qui se souviendrait des poèmes, des négociations, des discours, des poèmes épiques latins du poète de Vaucluse ?

652. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

… Je vivais heureuse de mon sort, aimée, jeune, riche, honnête et belle ; je suis maintenant avilie, misérable, malheureuse… Mon père allait assister à quelque tournoi dans la ville de Bayonne ; parmi les chevaliers qui venaient pour y figurer, soit qu’Amour me le fît ainsi apparaître, soit que sa valeur éclatât d’elle-même en lui, le seul Zerbin me sembla digne de louange ; c’était le fils du grand roi d’Écosse, « Pour lequel, après qu’il eut donné dans la lice des preuves merveilleuses de sa chevalerie, je me sentis prise d’amour, et je ne m’aperçus que trop tard que je n’étais plus à moi-même ; et, malgré tout ce que je souffre pour lui, je ne puis m’arracher de l’esprit que je n’avais pas mal placé mon cœur, mais que je l’avais donné au plus digne et au plus beau des paladins qui soit sur la terre. » Elle raconte comment ils s’aimèrent. […] Ce siège est raconté dans deux chants héroïques, en stances dignes d’Homère au siège de Troie, du Tasse au siège de Jérusalem. […] L’Arioste, dans cette stance digne de Pétrarque ou du poète de Françoise de Rimini, laisse échapper de son cœur un cri de pitié ou d’envie qui révèle toute une âme amoureuse de Virgile : « Cloridan était parvenu jusqu’à la tente où le duc d’Albret dormait dans les bras de sa femme, tellement rapprochés l’un de l’autre que l’air lui-même n’aurait pas pu passer entre eux.

653. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Arrachez à cet homme ce surnom de divin Platon, et transportez-le à Socrate, l’homme du bon sens et de la réalité, qui épluchait trop sans doute, mais qui ne découvrait ses principes que dans la nature des choses et dans les instincts révélateurs de toute sagesse et de toute institution pratique digne du nom de société. […] Diderot est le plus digne d’être nommé. […] Or, pendant que Rousseau accomplissait ces exécutions presque infanticides, il écrivait, avec une affectation de sensibilité digne d’un Tartufe d’humanité, des malédictions systématiques et fausses sur le crime des mères qui n’allaitent pas elles-mêmes leurs enfants ! […] Forcée par l’âge de renoncer à l’empire de la beauté, elle avait aspiré à l’empire de l’esprit, dont elle était assez digne.

654. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

Et le moment n’est guère proche, où, dans un théâtre parisien, sera ce qui est, par exemple, dans le théâtre royal de Munich : la même troupe jouant, un soir, selon toutes les traditions, Guillaume Tell, et, le lendemain, presque parfaitement, Tristan et Isolde… Puisqu’il nous faut, aussi, Parisiens, ces œuvres, comprenons qu’un théâtre nouveau leur est nécessaire : lorsqu’un artiste, à l’enthousiasme sûr et sérieux, à la patiente et persévérante énergie, à la profonde maîtrise, aura, en ses mains, uni toutes les forces des bonnes volontés éparses, et créé le théâtre du Drame avec Musique, la Tétralogie et Tristan auront, enfin, leurs représentations à Paris, dignes. […] Et avec quel sentiment de profonde reconnaissance ne faut-il pas envisager cet avenir, fût-il encore lointain, puisque ces œuvres sublimes ne seront, ne pourront jamais être données au grand opéra ; car de telles représentations n’auront lieu qu’avec une interprétation digne d’elles ; devant un public enfin éclairé ; dans une salle et dans un cadre vraiment à leur hauteur. […] Ne pouvant trouver un objet digne de lui en un cloaque, instinctivement il avait tendu vers la lumière. […] Cela ne prouve aucunement que cet objet sans antécédent, ne soit pas digne d’inaugurer une catégorie nouvelle.

655. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Or, toute révolution digne de ce nom est fille du temps et non d’un homme. […] On vit s’élever en Allemagne une infinie variété d’écoles où la vieille scholastique subit des améliorations, c’est-à-dire des altérations continuelles ; mais au milieu de cette confusion on ne trouve rien de grand, rien d’original, rien qui soit digne d’occuper sérieusement l’histoire. […] Cette indifférence, qui désespère au premier coup d’œil, est digne d’une méditation profonde. […] Il doit être maintenant de la plus entière évidence que toutes les sciences dignes du nom de sciences théorétiques sont fondées sur des jugemens synthétiques à priori ; reste à savoir comment de tels jugemens sont possibles, en d’autres termes, comment il y a des jugemens qui contiennent un élément indépendant de toute expérience, et quelle peut être la valeur de pareils jugemens.

656. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Et enfin, il y a tant de bourgeois parmi les artistes, qu’il vaut mieux, en somme, supprimer un mot qui ne caractérise aucun vice particulier de caste, puisqu’il peut s’appliquer également aux uns, qui ne demandent pas mieux que de ne plus le mériter, et aux autres, qui ne se sont jamais doutés qu’ils en étaient dignes. […] Il y a du pour et du contre, des bévues de jeune homme et de savantes intentions. — En somme, c’est là un des tableaux les plus curieux et les plus dignes d’attention du Salon de 1845. […] Henri Scheffer, que le portrait de Sa Majesté ait été fait d’après nature. — Il y a dans l’histoire contemporaine peu de têtes aussi accentuées que celle de Louis-Philippe. — La fatigue et le travail y ont imprimé de belles rides, que l’artiste ne connaît pas. — Nous regrettons qu’il n’y ait pas en France un seul portrait du Roi. — Un seul homme est digne de cette œuvre : c’est M.  […] Les épaules et le dos de la femme ne sont pas dignes de ses hanches et de ses jambes.

657. (1739) Vie de Molière

On tâchera d’éviter cet écueil dans cette courte histoire de la vie de Molière ; on ne dira de sa propre personne, que ce qu’on a cru vrai et digne d’être rapporté ; et on ne hasardera sur ses ouvrages rien qui soit contraire aux sentiments du public éclairé. […] Jamais plus illustre maître n’eut de plus dignes disciples. […] Pourceaugnac est une farce ; mais il y a dans toutes les farces de Molière des scènes dignes de la haute comédie. […] C’est une de ces farces de Molière dans laquelle on trouve beaucoup de scènes dignes de la haute comédie.

/ 2136