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385. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — I »

Taine, car c’est par là que s’explique la suprématie qu’il a conquise devant le public sur tant de philosophes qui se donnèrent avec lui à vulgariser les doctrines positivistes dans les cinquante dernières années.‌ […] Et pour résumer la situation en deux traits empruntés au journalisme quotidien, celui qui a écrit : « La vertu et le vice sont des produits comme le vitriol et le sucre », était classé ces années dernières comme « un du parti des ducs ».‌

386. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Et les derniers fuyards tombent sous une chiquenaude : mais ou chercher les vainqueurs ? […] Or, l’esprit scientifique moderne a rejeté cette croyance, et c’est ce qui le sépara profondément des derniers grands contemporains. […] Avant de partir, je jetai un dernier coup d’œil sur le décor bizarre qui m’entourait. […] Dans son dernier roman, Un Caractère, il étudie les phénomènes les plus compliqués de l’hypnotisme. […] On tentera peut-être un retour au mysticisme si les derniers croyants nous donnent un homme de génie sans tolstoïsme.

387. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

— Et moi, reprit le gros homme, j’y étais aussi… J’ai eu sa dernière signature. […] Je ne sais vraiment où elle a ramassé les dernières forces avec lesquelles elle va devant elle. […] Ç’été affreux de rentrer dans cette mansarde où il y avait encore, dans le creux du lit entrouvert, les miettes de pain de son dernier repas. […] Mon imagination va à ses dernières heures, les cherche à tâtons, les reconstruit dans la nuit, et elles me tourmentent de leur horreur voilée, ces heures ! […] Je suis à mes dernières cartouches et je tire tout… Franchement, au fond je suis blasé ou plutôt dégoûté, las.

388. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Être vraie dans la peinture, voilà sa dernière visée et son but suprême. […] Rousseau, Bernardin de Saint-Pierre, Chateaubriand, ont ramassé les dernières gerbes et nous ont à peine laissé à glaner. […] Il chantait avant février, mais il a chanté depuis, et ses meilleurs vers sont les derniers. […] Pleine mer, plein ciel, la Trompette du jugement dernier, sont en dehors du temps. […] Elle n’entrevoit le bonheur que pour en faire un dernier sacrifice.

389. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome xviii » pp. 84-92

Le souffle de cette Histoire, dans toute son étendue, est le même, bien que dans les derniers volumes les réflexions, les regrets et les critiques s’y mêlent plus fréquemment : mais l’admiration, l’amour pour le héros, pour sa personne encore plus que pour son œuvre, subsiste. L’historien rompu aux habitudes et aux discussions parlementaires a beau faire, son goût vif pour cette nature de conquérant organisateur et civilisateur a pu souffrir, mais n’a pas faibli ; et lorsqu’aux dernières heures de la lutte, il le retrouve tout d’un coup rajeuni, éblouissant de génie et d’ardeur, il retrouve à son tour sa note jeune, émue, sa note claire et première, le chant du départ, trop tôt éteint et reperdu dans les deuils, dans les tristesses suprêmes de Fontainebleau. […] Aussi dans ce nouveau volume, après avoir commencé par une revue des derniers événements de guerre qui se prolongèrent quelque temps avec obstination sur quelques points de la circonférence, depuis Anvers défendu par Carnot, depuis Hambourg défendu par Davout, jusqu’à la bataille livrée dans la plaine de Toulouse par le maréchal Soult ; après avoir rendu justice à ces derniers efforts et avoir rallié, pour ainsi dire, tous les détachements de nos héroïques armées ; puis, avoir montré les Bourbons et Louis XVIII rentrant dans le royaume de leurs pères, avoir tracé du roi et des princes des portraits justes, convenables, et qui même peuvent sembler adoucis et un peu flattés plutôt que sévères (tant l’ancien journaliste polémique, l’ancien fondateur du National, a tenu à s’effacer et à se faire oublier dans l’historien !) 

390. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Pensées »

Ce que je veux, c’est une femme toute jeune et toute naissante à la beauté ; je consulte mon rêve, je le presse, je le force à s’expliquer et à se définir : cette femme dont le fantôme agite l’approche de mon dernier printemps, est une toute jeune fille. […] XXXIII Ce serait encore une gloire, dans cette grande confusion de la société qui commence, d’avoir été les derniers des délicats. — Soyons les derniers de notre ordre, de notre ordre d’esprits.

391. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Conclusion » pp. 355-370

Quand vous avez écrit, comme philosophe hégélien, une Méditation sur le drame comique, vos premières et vos dernières lignes ont clairement eu pour but de rassurer sur le compte de votre orthodoxie nos esprits qui prenaient l’alarme ; ce but, elles l’ont atteint, bien qu’assez gauchement, à l’aide de quelques phrases d’ironie qui, sans transition, ont précédé toute une exposition sérieuse, puis d’autres qui lui ont succédé — sans transition. […] Voyons, examinons une dernière fois. […] La Critique de l’École des femmes, scène dernière.

392. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dumas, Alexandre (1802-1870) »

» Alors, voilà Sentinelli qui se relève avec ce grand cri, digne au moins du dernier mot que dira la reine : Au nom de notre reine indignement trompée, Comte Monaldeschi, rendez-moi votre épée. […] Puis nous le voyons dans les bras d’Agnès, le canon tonne ; ce sont ses derniers fidèles qui se battent pour lui. […] Il y a des vers qui n’auraient pu être écrits avant 1825 ; par exemple, quand Bérengère, suppliant une dernière fois Savoisy qui reste muet, lui dit : On répond quelque chose à cette pauvre femme !

393. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre huitième. »

dernier. […] Les derniers traits de l’ombre empêchent qu’il ne voie Le filet…. […] Les quatre derniers vers sont parfaits.

394. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Paul de Saint-Victor » pp. 217-229

Quand l’auteur des Deux Masques va, par exemple, chercher l’Histoire, — dont il a besoin pour montrer jusqu’où plongent les racines du génie d’Eschyle et faire le lumineux décompte de ce qui est de la personnalité et de la race, — et qu’à travers l’antique Hérodote, et plus haut et plus loin qu’Hérodote, il va la chercher, cette fuyante histoire, jusque dans les derniers éloignements et les derniers effacements du passé, il la saisit et l’amène sous le regard par la force de la couleur, et il la pousse sur nous, pour ainsi dire, vainqueur des âges et des lointains ! […] L’auteur des Deux Masques n’a point le pinceau bondissant de l’auteur des derniers volumes de l’Histoire de France, — ce coup de pinceau heurté qui est le coup de baguette du magicien.

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