On sait sur son compte bien des détails, mais pas autant qu’on en aurait pu recueillir et qu’on en désirerait. […] Il y parvint sans doute à la date de 1721 : la partie libertine et, pour ainsi dire, libidineuse des Lettres persanes, ces détails continuels d’eunuques, de passions, de pratiques et presque d’ustensiles de sérail, sur lesquels on arrêtait avec complaisance l’imagination des lecteurs, purent prendre une société qui allait s’engouer pour les romans de Crébillon fils.
On peut arrêter à chaque pas Montesquieu sur ses divisions générales de gouvernement, sur le principe qu’il assigne à chacun d’eux, sur les climats et le degré d’influence qu’il leur attribue, sur les citations de détail dont il a semé son ouvrage. […] Ce qu’il y a de beau chez Montesquieu, c’est l’homme derrière le livre, Il ne faut pas demander à ce livre plus de méthode, plus de suite, plus de précis et de positif dans le détail, plus de sobriété dans l’érudition et dans l’imagination, plus de conseils pratiques qu’il n’y en a en réalité ; il faut y voir le caractère de modération, de patriotisme et d’humanité que l’auteur a porté dans toutes les belles parties, et qu’il a revêtu de mainte parole magnanime.
Laissons les détails à l’historien. […] Necker ne fit plus que baisser et déchoir rapidement ; les meneurs de l’Assemblée prirent à tâche de le déjouer et de le dépopulariser en détail, en même temps que le parti de la Cour le raillait sans cesse et le piquait avec amertume.
Ces merveilleuses adaptations nous frappent d’étonnement dans le Pic et le Gui ; elles existent, bien que moins apparentes, dans le plus humble parasite qui s’attache aux poils d’un quadrupède ou aux plumes d’un oiseau, dans la structure du Coléoptère qui plonge sous l’eau, dans la graine ailée que la moindre brise emporte : en un mot, dans le monde organique tout entier, comme en chacun de ses détails nous voyons d’admirables harmonies. […] Il nous faut examiner maintenant avec plus de détails le principe de la concurrence vitale.
J’insiste sur ce point que ni le fond ni les détails n’ont eu à souffrir de ce souci d’amélioration de la forme. […] Nous en étudierons les personnages en détail au chapitre III (personnages des contes).
Pour mon compte, je trouve d’un excellent exemple que Drumont ait dit la chose, — qu’il l’ait dite toute, — qu’il l’ait défilée de point en point dans tous ses amusants, grotesques et pourtant lamentables détails ! […] Dans ce Mémoire contre eux, il a relevé et compté avec beaucoup de soin et de détail tous les bâtards des races royales qui ont successivement régné sur la France, et que la faiblesse de leurs générateurs a fait sortir de l’obscurité à laquelle les mœurs et les lois de ce pays, qui fut la monarchie française, condamnaient toutes les bâtardises, et on peut s’étonner du petit nombre de ces bâtards.
Il ne faut pas s’y méprendre : avant le coup de guillotine final de Sanson, les Sansons à douze cents têtes de l’Assemblée nationale avaient bien des fois guillotiné la Royauté en détail, et même d’une façon plus définitive encore que Sanson, car leurs coups de guillotine, à eux, étaient avilissants, et le coup de guillotine de Sanson n’avilissait pas. […] Un détail piquant que j’en veux citer, c’est que le bel et éblouissant Rivarol, — ce lettré mondain et plus que mondain, dont la fatuité heureusement avait assez d’esprit pour faire une peur blême aux imbéciles, qui sans cette peur se seraient peut-être moqués d’elle, — c’est que l’homme enfin de l’habit rouge du Comte d’Artois et de la poudre, comme le Prince de Ligne, de la couleur des cheveux d’or de la Reine, avait été un instant l’abbé, le petit et modeste abbé Rivarol.
Bien des faits semblent indiquer que le passé se conserve jusque dans ses moindres détails et qu’il n’y a pas d’oubli réel. […] Je ne puis entrer ici dans le détail d’une démonstration que j’ai tentée autrefois : qu’il me suffise de rappeler que tout devient obscur, et même incompréhensible, si l’on considère les centres cérébraux comme des organes capables de transformer en états conscients des ébranlements matériels, que tout s’éclaircit au contraire si l’on voit simplement dans ces centres (et dans les dispositifs sensoriels auxquels ils sont liés) des instruments de sélection chargés de choisir, dans le champ immense de nos perceptions virtuelles, celles qui devront s’actualiser.
Tous ces détails sont faits peut-être pour intéresser, se rapportant au romancier le plus en vogue du jour et qui, je le répète, a d’ailleurs le bon esprit de prendre assez humainement son triomphe.
Une fois qu’on est à bord et dans le détail d’un esprit, on ne le juge plus guère par cette partie essentielle, qui pourtant saute aux yeux au dehors ; on est tenté de l’oublier : elle subsiste jusqu’au dernier jour et ne cesse de dominer le tout.