Si nous nous permettions de créer des mots (peut-être le genre inventé par M. de Laprade forcera-t-il d’en créer plus tard), nous appellerions ce genre le montagnisme.
Nous n’avons plus affaire seulement à l’homme qui ressuscite comme l’historien, mais à l’homme qui crée comme le poète. […] Comme je l’ai dit, les faits eux-mêmes importent peu ; ce qui importe, c’est de créer des situations et des caractères.
Ce qui crée de la vie est supérieur à ce qui en détruit. » — « Nous n’ôterons pas le lierre », dit gentiment M. […] Mais, enfin, toute légende ne « crée » pas « de la vie », et, d’autre part, toute critique n’en « détruit » pas. […] Deschanel et Reyssié lui prêtent un tout autre relief ; et, par conséquent, c’est ici l’histoire ou la critique qui « crée de la vie », et c’est la légende qui « en détruit ». […] Je trouve souvent, je l’avoue, plus de précision et de force que de grâce dans les descriptions de Rousseau, qui d’ailleurs eut à créer, en partie, le vocabulaire du genre et comme son outillage verbal. […] Mais, dans le vers libre, le mouvement est imprimé et le rythme est créé par l’inspiration même, et la défaillance de celle-ci est tout aussitôt trahie par le fléchissement de celui-là.
Chacun, selon son sujet et sa forme d’esprit, adopte ou se crée un rythme. […] — C’est vous, maître, demandai-je, — qui avez créé le mouvement nouveau ? […] Puisque la fleur existe, quelle utilité d’en créer une avec des mots, en admettant qu’on le puisse ? […] Les pages blanches de l’œuvre à créer seront les hosties des artistes nouveaux. […] Huysmans a créé le supra-naturalisme.
Mais une formule comme celle qui suit a une valeur générale : « Le but de l’art est presque divin ; ressusciter, s’il fait de l’histoire ; créer, s’il fait de la poésie. […] Une originalité qui s’est imposée par son mérite crée une mode qui s’insinue par l’habitude. […] Ce n’est pas assez pour moi de peindre la nature de ses vraies couleurs ; je donne de la réalité à la fiction même, et je crée tout ce que j’imagine. […] Elles créent, anéantissent, conservent, animent, et vivifient tout. […] Si la science, en effet, ne crée pas l’amour des champs, des forêts, des montagnes, de la mer, elle en provoque du moins la curiosité.
Il a été créé pour une fin ; il a une destination ; de même chaque partie a une fin, une destination. La vie d’un être, c’est le développement de sa nature vers l’accomplissement de sa destinée ; mais tous les êtres n’ont pas conscience de la fin pour laquelle ils ont été créés.
Les événements ordinaires de la vie, les situations sans nombre que créent les devoirs multiples, parfois contraires, de la famille, de la société, de la conscience, voilà le pays où il faut situer les caractères qu’on veut faire vivre. […] Il faut voir dans Corneille comment, dans les âmes des héros, pour produire les révolutions soudaines des nations, parmi les grands intérêts des États et les raisons de la plus sublime philosophie, peuvent trouver place et prendre rang de causes efficaces les incidents familiers de la vie réelle, les relations sociales, les affections de famille, les situations communes que créent à tous les hommes les croyances et les institutions communes de l’humanité.
Le point de contact entre eux n’est pas difficile à voir : c’est la commune protestation au nom de Dieu et de la raison qui le connaît, contre l’ascétisme catholique. « … Celui grand bon piteux Dieu, écrivait Rabelais, lequel ne créa onques le Caresme : oui bien les salades, harengs, merlans, carpes, brochets, dars, umbrines, ablettefe, rippes, etc. […] Dieu a créé les instincts et les fonctions pour l’usage : c’est égal abus de faire ce qu’il défend, et de défendre ce qu’il permet, de pervertir et d’abolir ses dons.
Le Symbolisme profite du désarroi créé dans les esprits par la vénalité des pouvoirs publics, le Wilsonisme et la série des scandales qui fait que l’on éprouve le besoin de changer d’air. […] Dans cette même année, Antoine, qui n’a pas encore trouvé de scène fixe pour son Théâtre libre, fait applaudir à la Porte Saint-Martin La mort du Duc d’Enghien de Hennique et, çà et là, l’École des Veufs de Georges Ancey, La Meule de Lecomte, Le Canard Sauvage d’Ibsen et le Père Goriot, tandis que Paul Fort crée le Théâtre d’Art et annonce qu’à partir du mois de mars « les soirées seront terminées par la mise en scène d’un tableau des peintres de la jeune école.
La faiblesse de notre âge d’analyse ne permet pas cette haute unité ; la vie devient un métier, une profession ; il faut afficher le titre de poète, d’artiste ou de savant, se créer un petit monde où l’on vit à part, sans comprendre tout le reste et souvent en le niant. […] Mais il y a dans les branches diverses de la science et de l’art deux éléments parfaitement distincts et qui, également nécessaires pour la production de l’œuvre scientifique ou artistique, contribuent très inégalement à la perfection de l’individu : d’une part, les procédés, l’habileté pratique, indispensables pour la découverte du vrai ou la réali-sation du beau ; de l’autre, l’esprit qui crée et anime, l’âme qui vivifie l’œuvre d’art, la grande loi qui donne un sens et une valeur à telle découverte scientifique.