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1587. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Cousin a donc enlevé et conquis en plein soleil Mme de Longueville, et il ne s’est pas tenu à ce coup de maître, il a poussé plus loin sans se croire le moins du monde infidèle : il en a affiché bien d’autres, et, en dernier lieu, on a revu, grâce à lui, par les chemins, galopant par monts et par vaux, cette autre brouillonne adorable en son temps, Mme de Chevreuse. […] Elle recevait avec beaucoup de douceur ce qu’il lui disait ; mais toutes ces instances ne faisaient au fond que l’importuner et l’aigrir contre la piété, qu’elle regardait comme son ennemie et sa grande rivale dans le cœur du prince. » C’est dans ces disposition d’une lutte intérieure déjà ancienne, qu’un jour elle se trouva tout d’un coup, et sans savoir comment, tournée à Dieu, persuadée des vérités de la foi et brûlant du désir de s’élever à la source suprême. […] On se confirma dans l’idée que la France avait envoyé du premier coup ce qu’elle avait de mieux.

1588. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Mais encore un coup je ne discute pas et ne viens point faire ici de philosophie. […] Sée a été ferme, patient, impassible, je le répète (et non passif), énergique enfin sur le point essentiel qui était de ne point déserter sa chaire sous le coup de l’orage et de lasser les interrupteurs. […] Cette école essaye aujourd’hui, un peu tard et après coup, par quelques-uns de ses disciples les plus distingués, de réparer le temps perdu et de se mettre tant bien que mal au courant.

1589. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Un noble proscrit de la famille des Hamilton, nommé Bothwell-Haugh, dont Murray avait laissé la femme expirer de misère au seuil de sa propre demeure donnée par le dictateur à un de ses partisans, jura de venger sa femme et sa patrie du même coup ; il ramassa une poignée de terre qui recouvrait le cercueil de sa femme, la porta sur lui dans sa ceinture comme une éternelle incitation à sa vengeance, se rendit déguisé dans une petite ville que Murray devait traverser en revenant à Édimbourg ; il y tua Murray d’un coup de feu tiré d’un balcon, et, remontant sur un cheval qui l’attendait sur les derrières de la maison, il échappa, par la rapidité de sa course, aux gardes du dictateur. « Moi seul, s’écria Murray en expirant, je pouvais sauver l’Église, le royaume et l’enfant ; l’anarchie va tout dévorer ! […] Elle écrivit à tous ses parents et à tous ses amis de France et d’Écosse. — « Mon bon cousin, disait-elle au duc de Guise, celuy que j’ay le plus cher au monde, je vous dis adieu, estant preste par injuste jugement d’estre mise à mort, telle que personne de nostre race, grasces à Dieu, n’a jamays receue, et moins une de ma qualité ; mais mon bon cousin, louez-en Dieu, car j’estois inutile au monde en la cause de Dieu et de son Église, estant en l’estat où j’estois ; et j’espère que ma mort tesmoignera ma constance en la foy, et promptitude de mourir pour le maintien et restauration de l’Église catholique en ceste infortunée isle ; et, bien que jamais bourreau n’ait mis la main en nostre sang, n’en ayez honte, mon amy, car le jugement des hérétiques et ennemys de l’Église, et qui n’ont nulle jurisdiction sur moy, royne libre, est profitable devant Dieu aux enfants de son Église ; si je leur adhérois, je n’aurois ce coup. […] Elle récitait les prières des agonisants, lorsqu’un coup frappé à la porte de sa chambre l’interrompit brusquement. « Que me veut-on ? 

1590. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

Tout à coup, comme une plainte douce et amoureuse, comme un murmure grave et accentué par la passion sortit des ruines derrière ce grand mur percé d’ogives arabesques et dont le toit nous avait paru écroulé sur lui-même ; ce murmure vague et confus s’enfla, se prolongea, s’éleva plus fort et plus haut, et nous distinguâmes un chant nourri de plusieurs voix en chœur, un chant monotone, mélancolique et tendre qui montait, qui baissait, qui mourait, qui renaissait alternativement et qui se répondait à lui-même : c’était la prière du soir que l’évêque arabe faisait avec son petit troupeau, dans l’enceinte éboulée de ce qui avait été son église, monceaux de ruines entassées récemment par une tribu d’Arabes idolâtres. […] Je ne les décrirai point ici, mais au retour de cette journée mémorable pour un voyageur, nous nous égarâmes dans les sinuosités de rochers et dans les nombreuses et hautes vallées dont ce groupe du Liban est déchiré de toutes parts, et nous nous trouvâmes tout à coup sur le bord à pic d’une immense muraille de rochers de quelques mille pieds de profondeur, qui cernent la Vallée des Saints. […] Là, la vallée s’enfonçait tout à coup à quatre ou cinq cents pieds de profondeur, et le torrent se précipitait avec elle, et s’étendant sur une large surface, tantôt couvrait le rocher comme d’un voile liquide et transparent, tantôt s’en détachait en voûtes élancées, et tombant enfin sur des blocs immenses et aigus de granit arrachés du sommet, s’y brisait en lambeaux flottants et retentissait comme un tonnerre éternel.

1591. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Cependant on ne peut dire que Pascal ait eu le dessous même dans l’Eglise : tandis que son parti était vaincu, son livre triomphait, et jamais depuis, la Compagnie de Jésus ne s’est remise du coup qu’il lui a porté. […] Aussi, du coup, l’éloquence française égale-t-elle la perfection souple et la sublimité aisée de l’éloquence attique : Démosthène est comparable, point du tout supérieur à Pascal. […] Où que son raisonnement le mène, il jette de triomphants coups de sonde : il ouvre à la pensée des voies fécondes, quand il définit l’éloquence ou le style, ou quand il jette quelques mots, obscurs et bizarres de prime abord, mais combien riches de sens, sur les caractères de la beauté.

1592. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Une singulière découverte coïncide avec celle de l’esprit nouveau, c’est que la langue française, qui semblait ne plus sembler bonne qu’à rimer des petits vers spirituels ou aimables, se trouva tout à coup vibrante, sonore, pleine d’éclat. […] Jamais en notre langue, même chez d’Aubigné, l’invective ne se haussa à un tel ton lyrique ; l’injure brutale, le calembour grandiose, les coups de canne et les coups de bottes, les acrobaties formidables et sinistres, virtuosité de la haine frappant l’ennemi avec ses armes discourtoises, seraient simples jeux de pamphlétaire ; mais, ici, les Euménides mêmes hurlent dans les strophes et, selon son vœu, le poète n’est plus                … qu’un aspect irrité, Une apparition d’ombre et de vérité !

1593. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

Mais Bacchus les combat à coups d’enchantements. […] Rome se vit tout à coup étreinte de serpents, cernée par une légion de monstres et de furies enlacés. […] Le Sénat mena l’affaire avec une vigueur répressive, une soudaineté de capture et de châtiment qui rappellent les grands coups de police de l’ancienne Venise.

1594. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Essayez, un moment, de vous intéresser à tout ce qui se dit et à tout ce qui se fait, agissez, en imagination, avec ceux qui agissent, sentez avec ceux qui sentent, donnez enfin à votre sympathie son plus large épanouissement : comme sous un coup de baguette magique vous verrez les objets les plus légers prendre du poids, et une coloration sévère passer sur toutes choses. […] et ne verrions-nous pas beaucoup d’entre elles passer tout à coup du grave au plaisant, si nous les isolions de la musique de sentiment qui les accompagne ? […] À chaque coup reçu, les corps paraissaient s’alourdir, se figer, envahis par une rigidité croissante.

1595. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Étudier un courant poétique, à une époque déterminée de notre histoire, c’est dévoiler du même coup les tendances de la science et de la morale. […] Le billard, c’est encore mieux que de la raison fixée, puisqu’il y faut de la justesse, de la légèreté et une certaine intuition pour les coups compliqués ; autant de qualités propres à l’occidental. […] Survient un sanglier affamé qui les renverse, les piétine, les déchiquette à coups de boutoir. […] « Ce n’est pas la quantité qui crée le rythme, mais les coups que nous frappons. […] Déterminer les conditions et les caractères de l’aspiration c’est, du même coup, énoncer les éléments constitutifs de la poésie lyrique.

1596. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

La Réforme fonda en France un courant intellectuel qui longtemps coula silencieusement sous les gazons de l’épicuréisme de cour, et qui apparut tout à coup, vers la fin du xviiie  siècle, sous les ruines de l’édifice social qu’il avait lentement miné. […] La Révolution s’abattit comme un ouragan sur ce vieil édifice qui commençait à craquer de tous côtés, et n’eut qu’un coup à porter pour hâter sa chute. […] Schlegel et Sismondi semblent s’être entendus pour frapper tous deux à la fois un grand coup. […] Martin, accompagné de coups de fusils et de coups de poignard, et retentissant de-phrases sonores, lui plaira bien davantage qu’une pastorale de George Sand. […] Mais moi, mon âme en feu s’allumait à l’éclair ; Tout mon sein bouillonnait, et chaque coup dans l’air À mon front trop chargé déchirait un nuage.

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