/ 1833
27. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre II : La Psychologie. »

La conscience est une connaissance intuitive qui constitue le fond de nos états mentaux, lesquels n’existent que dans la conscience et par la conscience : avoir une idée, une sensation, c’est en réalité avoir conscience d’une idée, d’une sensation82. Le verdict de la conscience est sans appel. […] Avoir conscience de notre libre arbitre, dit-il, ne peut signifier qu’une chose : avoir conscience, avant de m’être décidé, que je puis me décider dans l’un ou l’autre sens. […] La conscience n’a pas le don de prophétie. […] Or, cette conscience de l’effort dont on parle, c’est la conscience de cet état de conflit.

28. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Résumé et conclusion »

Par là nous réintégrions dans la conscience ses deux éléments subjectifs, l’affectivité et la mémoire. […] Sans doute enfin l’univers matériel lui-même, défini comme la totalité des images, est une espèce de conscience, une conscience où tout se compense et se neutralise, une conscience dont toutes les parties éventuelles, s’équilibrant les unes les autres par des réactions toujours égales aux actions, s’empêchent réciproquement de faire saillie. […] D’où vient qu’on méconnaît ici le témoignage de la conscience ? […] Nous disions que cette nature pouvait être considérée comme une conscience neutralisée et par conséquent latente, une conscience dont les manifestations éventuelles se tiendraient réciproquement en échec et s’annuleraient au moment précis où elles veulent paraître. […] Ce qu’on ne voit pas, c’est la tension croissante et concomitante de la conscience dans le temps.

29. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

L’attention est-elle la réduction à un seul et unique état de conscience ? […] Quand on se prépare à entrer dans cet état pénible, on voit les états de conscience surgir par groupes ou par séries, car il n’y a pas plus d’états de conscience isolés que de mouvements isolés. […] Il n’est que leur répercussion dans la conscience. […] Traduisons : la conscience suit son cours ordinaire, normal. […] À ce point extrême, la conscience ne peut longtemps durer : ce qu’ils déclarent.

30. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

Les dédoublements de la conscience. […] Nous accomplissons d’une manière machinale bien des mouvements (comme de tourner la page d’un livre) dont nous avons une conscience faible au moment même où nous les accomplissons, mais dont nous ne nous souvenons plus un instant après, parce que cette conscience n’a été en rien tirée à part du reste : nous n’avons pas pris conscience de notre conscience même. […] On a ainsi, non l’absolue inconscience, mais le retour de la conscience à l’état presque « monoïdéique ». […] Nous avons alors réagi pour notre part : nous avons soutenu que la prétendue inconscience était ou un affaiblissement de la conscience ou un déplacement de la conscience, passant d’une partie de l’organisme à l’autre, ou enfin un dédoublement de la conscience, qui changeait ainsi de forme et de support, mais sans pouvoir disparaître. […] Mais, avant de recourir à ces divisions tranchées de la conscience, la psychologie nouvelle doit, dans une foule de cas, admettre une simple alternance d’états de conscience.

31. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre III. De la survivance des images. La mémoire et l’esprit »

C’est dire que mon présent consiste dans la conscience que j’ai de mon corps. […] Mais si la conscience n’est que la marque caractéristique du présent, c’est-à-dire de l’actuellement vécu, c’est-à-dire enfin de l’agissant, alors ce qui n’agit pas pourra cesser d’appartenir à la conscience sans cesser nécessairement d’exister en quelque manière. […] Quelque idée qu’on se fasse de la conscience en soi, telle qu’elle apparaîtrait si elle s’exerçait sans entraves, on ne saurait contester que, chez un être qui accomplit des fonctions corporelles, la conscience ait surtout pour rôle de présider à l’action et d’éclairer un choix. […] Elles ne se créent pas à mesure que votre conscience les accueille ; elles étaient donc déjà en quelque manière, et puisque, par hypothèse, votre conscience ne les appréhendait pas, comment pouvaient-elles exister en soi sinon à l’état inconscient ? […] Le point I, intersection des deux lignes, est le seul qui soit donné actuellement à notre conscience.

32. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

En résulte-t-il qu’il y ait dans la conscience une réelle indétermination ? […] Renouvier, est la fonction d’appeler ou de maintenir dans la conscience, ou d’éloigner de la conscience les idées de toute nature ». […] Aussi la pleine liberté supposerait-elle la pleine conscience de soi. […] Bergson, les Données immédiates de la conscience. […] Bergson, les Données immédiates de la conscience, p. 118.

33. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Conclusion »

Vous en trouverez l’origine dans un compromis entre la qualité pure, qui est le fait de la conscience, et la pure quantité, qui est nécessairement espace. […] Pourquoi conserveriez-vous ce concept bâtard quand vous analysez le fait de conscience a son tour ? […] Et de ce que la conscience ne mesure pas la quantité intensive, il ne suit pas que la science n’y puisse indirectement parvenir, si c’est une grandeur. […] Sans doute les choses extérieures changent, mais leurs moments ne se succèdent que pour une conscience qui se les remémore. […] C’est la série tout entière de nos états de conscience hétérogènes qu’il faut considérer.

34. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre IV. De la délimitation, et de la fixation des images. Perception et matière. Âme et corps. »

Ce trajet est donné à ma conscience comme un tout indivisé. […] Science et conscience sont, au fond, d’accord, pourvu qu’on envisage la conscience dans ses données les plus immédiates et la science dans ses aspirations les plus lointaines. […] À côté de la conscience et de la science, il y a la vie. […] Rejetée dans la conscience, la qualité sensible devient impuissante à reconquérir l’étendue. […] De là l’hypothèse d’une conscience avec des sensations inextensives, placée en face d’une multiplicité étendue.

35. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre I : Principe de la métaphysique spiritualiste »

Ce que l’on appelle le moi, c’est cette union de l’un et du plusieurs rendue intérieure à soi-même par la conscience, et par une conscience continue. […] Il sait par l’expérience extérieure que les conditions organiques auxquelles semble attachée la présence de la conscience se dissoudront un jour, et qu’avec elles disparaîtra tout signe extérieur de conscience. Cette disparition est-elle absolue, ou n’est-elle qu’une transition à un autre état de conscience ? […] Ce n’est pas tout ; non-seulement l’esprit n’a conscience de lui-même que dans une portion limitée du temps, resserrée entre un avant et un après infinis, mais cette durée même de la conscience n’est pas continue. […] L’esprit n’a nulle conscience d’être son tout à lui-même ; il n’a non plus nulle conscience des attaches par lesquelles il tient à la dernière racine.

36. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre II : L’intelligence »

La conscience est le mode fondamental de l’activité intellectuelle. […] Tant que l’être vivant n’a pas de conscience, il vit de la vie purement physiologique. Si nous imaginons en lui une seule et invariable sensation, il n’y a pas encore conscience. […] La rétentivité est donc l’état qui succède immédiatement à la conscience de la différence. […] Entre la conscience de l’étendue et la conscience d’un plaisir, il y a la ligne de démarcation la plus large que l’expérience humaine puisse tirer dans la totalité de l’univers existant.

/ 1833