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501. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Léon Say nous le fait connaître. […] Gabriel Charmes connaissait bien l’histoire de l’Orient. […] Il connaît les distances ou les devine d’un sûr coup d’œil. […] Il ne connaissait pas les Bretons. […] Connaissez-vous M. 

502. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La princesse Mathilde » pp. 389-400

Des écrivains connus s’étaient chargés de faire les biographies qui devaient accompagner chaque portrait. […] Elle a besoin de confiance dans les relations : « J’ai besoin, dit-elle, de croire aux gens que je vois. » Ceux qui ont l’honneur de l’approcher, pour peu qu’ils l’aient connue en diverses rencontres, ont droit de parler de son cœur et des délicatesses qu’il lui suggère. […] Alors, soit dans l’atelier élégant et curieux que le tableau d’un peintre d’intérieur a fait connaître au public, soit plutôt encore dans un atelier retiré et plus modeste où elle se rend tout à fait inaccessible, — là, devant des modèles, ou ceux des maîtres ou ceux de la nature vivante, elle travaille et jette sur le papier ses aquarelles hardies et franches qui luttent de vigueur et d’éclat avec l’huile. […] Sa bonté envers les malheureux est connue ; son nom, sa personne, sont populaires : elle a visité à Paris tous les asiles de la misère et de la souffrance en ce qui est de son sexe. […] Elle a, depuis un an, acheté en Italie, près du lac Majeur, une terre où elle va passer les dernières semaines de l’automne ; elle y a retrouvé cette Italie, son premier amour, qu’elle avait connue si belle, mais enchaînée ; elle l’a retrouvée libre, reconnaissante et saluant en elle la proche parente et comme l’ambassadrice de l’empereur des Français.

503. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « À M. le directeur gérant du Moniteur » pp. 345-355

J’ai connu autrefois M. de Pontmartin, je l’ai même assez connu dans un temps pour qu’il m’ait écrit, le flatteur ! […] Je les ai connus aussi ces salons aimables, si français, si bruyants, si moqueurs, si étourdissants, si bien pensants, si libéraux (à leurs heures), si parlementaires, si ultramontains à la fois, si absolus toujours, où chacun si vite se répète et renchérit à l’envi sur le voisin, et auxquels, avec la meilleure tête du monde, il est vraiment impossible de résister quand on les fréquente tout un hiver de quatre à six heures du soir et de neuf heures à minuit ! […] Je lui aurais dit : « Laissez-moi vous donner un conseil, qui surprendrait ceux qui ne vous connaissent pas : vous vous défiez trop de la passion, — de la passion naturelle ; c’est chez vous une théorie. […] Il a eu, d’ailleurs, une récompense qui vaut mieux que tous les articles du dehors : le maître de nos romanciers, une nature féconde et généreuse, Mme Sand qui ne connaît l’auteur que par ses livres, lui en a écrit, et à diverses reprises, et des lettres pleines de sympathie, de cordialité, d’éloges et de conseils aussi, de critiques de détail discutées et motivées.

504. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « FLÉCHIER (Mémoires sur les Grands-Jours tenus à Clermont en 1665-1666, publiés par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont.) » pp. 104-118

On y reconnaît, à chaque phrase du narrateur, le Fléchier tel qu’il s’est retracé lui-même dans un portrait déjà connu, adressé, selon toute apparence, à mademoiselle Des Houlières43, portrait à la mode du temps, dans le goût un peu flatté des ruelles et des bergeries, tout peint et comme peigné par lui de charmantes caresses. […] « Vous voulez donc, Mademoiselle, que je vous trace le portrait d’un de vos amis et des miens, et que je vous fasse une copie d’un original que vous connoissez aussi bien que moi… Sa figure, comme vous savez, n’a rien de touchant ni d’agréable, mais elle n’a rien aussi de choquant. […] Son esprit ne s’ouvre pas tout à coup, mais il se déploie petit à petit, et il gagne beaucoup à être connu. Il ne s’empresse pas à acquérir l’estime et l’amitié des uns et des autres ; il choisit ceux qu’il veut connoître et qu’il veut aimer ; et, pour peu qu’il trouve de bonne volonté, il s’aide après cela de sa douceur naturelle et de certains airs de discrétion qui lui attirent la confiance… « Il a un caractère d’esprit net, aisé, capable de tout ce qu’il entreprend. […] Nous connaissons à fond M. de Novion, le digne président, qui est si galant auprès de mesdames ses filles, et qui oublie parfois un peu trop sa gravité pour leur donner le plaisir de la comédie.

505. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre II. Définition. — Énumération. — Description »

La réponse est une définition, qui fait connaître l’objet. […] Mais, les mots bien compris dans leur sens littéral, il s’agit d’en connaître l’application et, substituant au signe la chose signifiée, de rechercher ce qu’elle est en son essence. […] Mais qui connaîtra la force de cc mot la jeunesse, qui saura les entraînements et les passions de cet âge, celui-là seul pourra juger le mérite du renoncement. […] Elle comporte un choix de tout ce qui est capable de faire connaître la chose décrite : l’insignifiant en doit être éliminé. […] L’isvoschik connaissait la maison Cherbatzky ; il s’arrêta devant la porte en arrondissant les bras et se tourna vers Levine avec respect, en disant « prrr » à son cheval.

506. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ernest Hello » pp. 389-403

Ernest Hello devrait toucher ; prétintaille de rhétorique plaquée au front du livre le plus contraire à la rhétorique, c’est-à-dire à toute convention dans les idées et dans le style… Le titre d’un livre doit engager à l’ouvrir, — comme le regard d’une femme inconnue doit donner l’envie de la connaître et de lire dans le cœur qui a ce regard… Tel n’est point le titre que M. Hello a choisi ; et si on n’avait que l’impression de ce titre, si on ne connaissait pas déjà l’auteur des Plateaux de la balance, si, à défaut de l’attirance de son titre, on n’avait pas l’attirance de son nom, j’imagine qu’on pourrait bien tourner le dos à cette Justice de papier timbré dont il nous rappelle l’image, et qu’on planterait là l’auteur et sa balance, comme si c’était… un épicier ! […] cela seul, cette visée, fût-elle chimérique, d’élever la Critique assez haut pour qu’elle cesse d’être une irritation et, comme dit encore le mystique écrivain dans sa langue mystique, pour que l’œuvre du Désir et de la Justice conduise à la Paix, cette visée inattendue établit d’emblée une différence des plus tranchées, — une différence absolue entre l’auteur des Plateaux de la balance et les autres critiques et moralistes connus. […] Je n’en connais pas qui voie les choses sous un angle de lumière plus hardiment ouvert et plus large. […] Il restera méconnu, inconnu ; connu ; et de ce que la gloire, qu’il a attendue si longtemps, ne lui vient pas, il se mettra à genoux une fois de plus, et ce sera tout !

507. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le roi René »

Ceux que l’on connaît, bien souvent on les connaît trop, et les inconnus, on va peut-être gagner à les connaître ! […] Nous avons eu celle de Villeneuve-Bargemont, celle de Quatrebarbes, celle de Vallet de Viriville, toutes insuffisantes, nous dit Lecoy de la Marche, du haut de la sienne et du fond de sa modestie… Quant à moi, je ne connais rien de Lecoy de la Marche. […] Je ne connais que son livre, qui m’a attiré par l’obscurité de son auteur.

508. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Michelet » pp. 259-274

Seulement, les siens n’étaient pas les nôtres… Il transposait la sainteté… L’héroïsme et le dévouement guerrier à la patrie, cette première des vertus naturelles, avait pris à Michelet tout ce qu’il avait d’enthousiaste et de religieux dans l’âme et tout ce qu’il aurait donné à nos Saints s’il les avait connus, et si l’esprit de parti n’avait pas lamentablement diminué en lui l’historien. […] Il n’en eut jamais la clef, puisqu’il ne connut pas Jésus-Christ, qui est l’Unique raison des choses, et loin duquel le monde est une énigme sans mot. Mais, du moins, s’il ne le connaît pas, il nous inspire à chacun le désir de ce qu’il aurait écrit, s’il l’avait connu… » Dans le temps que ces choses furent écrites, c’était peut-être trop doux, et, on l’a vu, inutile. […] Et, pourtant, ce n’est pas assez ; j’aurais voulu connaître aussi le grand peuple obscur, oublié, qui a donné sa vie dans ces longues guerres… » Oui !

509. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

Jusque-là, il était peu connu, et les raffinés ne l’en aimaient que davantage. Il était peu connu, ce poète qui avait passé trente ans dans la volupté de sa rêverie et de ses vers, et qui a eu le temps de ramasser cet éclatant boisseau de poésies de toute espèce qu’il versait en une seule fois si luxueusement à nos pieds. […] Quelques-uns d’entre nous le connaissaient : les amateurs du coin de la reine, ceux que j’appellerai, si vous voulez, les francs-maçons de la Poésie. […] Elle n’était dans aucune tradition connue, dans aucun accent appréciable, sinon dans le sien… Elle avait le grand caractère virginal et divin de la Poésie dans sa pure beauté absolue. […] Assurément, puisqu’il a vécu, il a eu, comme tout homme, ses raisons de pleurer, et même je lui en connais une qui a laissé une trace bien touchante dans les dernières pages de son volume (Date lilia !)

510. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Voici donc une multitude altérée qui demande à savoir, qui veut connaître. […] Ajoutez à cela que de pareils procédés ne nous font même pas connaître l’antiquité. […] On connaît déjà sur l’une et l’autre rive du Rhin, sa façon sarcastique et ses allures dégagées. […] Tous ces chants n’avaient rien de nouveau pour le poète ; il en connaît les paroles, il en connaît l’air, il connaît même messieurs les rédacteurs ; il croit savoir qu’ils boivent du vin en secret, et prêchent l’eau en public. […] Le contraire est si connu !

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