Dans un ouvrage composé il y a quelques années, j’avais rassemblé les diverses remarques que j’avais été à même de faire sur le grand écrivain, sur son talent prodigieux et son caractère singulier : lorsque ce livre parut, il choqua quelques admirateurs de M. de Chateaubriand, comme si j’avais voulu nuire à cette admiration dans la partie où elle mérite de persister et de survivre. […] Il la compose, ou, pour mieux dire, il la laisse s’arranger d’une tout autre manière.
Ces quatre ou cinq pièces politiques, jointes à tant de délicieuses chansons personnelles, d’une inspiration et d’une fantaisie intimes, telles que Mon Tombeau ; Passez, jeunes Filles ; le Bonheur ; Laideur et Beauté ; la Fille du Peuple, et ce sémillant Colibri, qui est le lutin familier du maître et la personnification éthérée de sa muse comme est la Cigale pour Anacréon ; toutes ces pièces ensemble auraient suffi à composer un charmant recueil final, digne assurément de ses aînés, et la dernière couronne eût brillé verdoyante encore, pour bien des saisons, au front du citoyen et du poëte. […] Il y a là une noble recherche d’égards, et aussi une douce science de composer, d’assortir son œuvre et sa vie comme un bouquet odorant, non moins suave qu’impérissable.
Un de ces chapitres ou plutôt une de ces proses composée, il rentrait l’écrire, et puis il sortait de nouveau, murmurant déjà la suivante. […] C’est cette alternative d’ardeur et de douceur, de violence et de tendresse, qui fait le fond du caractère de l’abbé de La Mennais, et qui compose une des variétés les plus attachantes du caractère chrétien lui-même.
Fuyant ces brutales révolutions militaires qui bouleversaient la Grèce après Alexandre, on les vit se blottir, en quelque sorte, sous l’aile pacifique des Ptolémées ; et là ils fleurirent, ils brillèrent aux yeux les uns des autres ; ils se composèrent en pléiade. […] Ses soirées, à lui, se composaient de son jeune Abel, des frères Trudaine, de Le Brun, de Marie-Joseph : C’est là le cercle entier qui, le soir, quelquefois, A des vers, non sans peine obtenus de ma voix, Prête une oreille amie et cependant sévère.
Duval : « Un jeune homme, dès sa sortie du collège, où il avait déjà pris le goût du théâtre, qu’il y avait étudié, plein d’admiration pour ses auteurs anciens, et pour les chefs-d’œuvre des Racine, des Corneille, des Molière, s’empressait de composer, d’après leurs principes, une tragédie ou une comédie. […] Il a pour but d’y montrer que le théâtre allemand se compose en grande partie de traductions françaises, et que le peu de compositions originales qu’on y représente sont médiocres ou absurdes.
Troplong a composé sur cette intéressante époque, où l’on va puiser sans cesse pour la comparer ou pour l’opposer à la nôtre. […] Tenir à la fois présents tous les ressorts, y avoir l’œil pour les tendre et les détendre insensiblement : prendre une détermination dans les crises, la maintenir ou ne la modifier qu’autant qu’il faut pendant les difficultés et les lenteurs de l’exécution ; être naturellement secret ; porter légèrement tout ce poids sans que le front en ait un nuage ; entremêler la paix à la guerre, et, sans faiblir, les mener de front, songer en toutes deux au nécessaire, c’est-à-dire aussi, chez de certaines nations, à la grandeur des résultats et à la gloire : dans le même temps exalter les courages et continuer d’apaiser les passions, les tenir comprimées de telle sorte que les gens de bien, selon la belle expression de Richelieu, dorment en paix à l’ombre de vos veilles, et que les laborieux dont la masse de la société se compose se livrent en tous sens au développement légitime de leur activité, que dis-je ?
Tout s’y fait par une chaleur inconsidérée ; et comment accoutumer à la règle, à la solitude, à la discipline, cet âge qui ne se plaît que dans le mouvement et dans le désordre, qui n’est presque jamais dans une action composée, « et qui n’a honte que de la modération et de la pudeur » ? […] La première impression qui résulte de ce tableau ardent et inanimé, composé de soleil, d’étendue et de solitude, est poignante et ne saurait être comparée à aucune autre.
Il feint de redouter la foudre dont elle le menace, et fait ensuite de judicieuses réflexions sur la vanité des hommes qui se font composer des épitaphes fastueuses. […] La statue fait signe à son convive de s’y asseoir et de faire honneur aux mets qui composent le festin.
Mais Classiques et Romantiques avaient également négligé une part importante de composé humain : le corps organisé. […] L’autre question est celle-ci : les procédés qui ont suffi à l’analyse du composé humain suffiront-ils à la synthèse ?
L’exception, on la voit par sa souplesse indéfinie, il n’est point de matière à qui soit fermé le roman, et, si un bon écrivain le compose, le bon roman. […] Lemaître est trop ignorant et compose trop de chic.