Je voudrais qu’on se contentât de dire que c’est une des plus belles, et qu’on laissât entrevoir que le monde n’a pas commencé et ne finit pas à nous. […] Ces lectures ont commencé bien peu après les événements de juin 1848, et l’on sait que le Conservatoire n’est pas loin du clos Saint-Lazare. […] Il avait commencé comme le peuple commence ; il finit comme aiment à finir les esprits cultivés et avertis. […] Pour nous borner et en revenir au fait présent, les lectures publiques existent à Paris, elles ont commencé dans des circonstances, ce semble, défavorables ; elles en ont triomphé. […] Just Olivier soit réduit à commencer à sept heures du soir, c’est-à-dire à une heure où les ouvriers ont à peine fini leur journée.
La tendance à achever l’acte commencé est le corrélatif mental de cette loi mécanique qui veut que le mouvement commencé dans l’organisme se continue, se propage et se traduise en actes. […] En effet, l’idée d’un mouvement est ce mouvement commencé et, par conséquent, l’idée intense et exclusive d’un mouvement entraîne le mouvement réel. […] Lorsque l’enfant se représente le saut à la corde, il a conscience d’un mouvement commencé qu’il dépendrait de lui de continuer jusqu’au bout, la représentation dominante de ce mouvement étant le début cérébral du mouvement même. […] L’idée du saut, à la corde, restant une simple idée, ne fournit pas à l’activité qu’elle commence de quoi l’achever ; c’est ce qu’on exprime en disant qu’un désir veut être comblé, rempli, satisfait. De là une double tension : 1° l’idée tend aux mouvements qui dépendent d’elle ; 2° les mouvements commencés par l’idée ne trouvent point des sensations de saut et de jeu capables d’une intensité adéquate à la leur.
De la morale poétique, et de l’origine des vertus vulgaires qui résultèrent de l’institution de la religion et des mariages La métaphysique des philosophes commence par éclairer l’âme humaine, en y plaçant l’idée d’un Dieu, afin qu’ensuite la logique, la trouvant préparée à mieux distinguer ses idées, lui enseigne les méthodes de raisonnement, par le secours desquelles la morale purifie le cœur de l’homme. […] La vertu commença par l’effort. […] Par suite de ce premier effort, la vertu commença à poindre dans les âmes. […] Ainsi la Vénus humaine succédant à la Vénus brutale, ils commencèrent à connaître la pudeur, qui, après la religion, est le principal lien des sociétés.
Frères par la pensée comme par le sang, espèces de Ménechmes littéraires, tellement semblables (du moins quand on les lit) qu’on ne sait plus où l’un finit et où l’autre commence, et qu’ils semblent n’avoir à eux deux qu’une seule plume et qu’un même cerveau, MM. de Goncourt, pleins de confiance en eux-mêmes, par amour fraternel sans doute, — ce qui les préserve de la fatuité, — se sont dit un beau jour, après avoir collectionné des anecdotes et jeté l’épervier dans les courants les plus ignorés du renseignement, qu’ils étaient en mesure d’écrire cette œuvre immense, de détails concentrés et d’ensemble, que l’on appelle l’histoire d’une société. […] l’ancienne société, qui chantait son chant du cygne au moment où Edmond et Jules de Goncourt commencent leur histoire et quand l’émigration en dispersait déjà l’élite aux quatre vents de l’adversité, la société française n’était pas claquemurée à quelques salons de Paris ! […] qui ont commencé de populariser cette idée, dont tant d’esprits sont férus encore, que Paris, au point de vue politique aussi bien qu’au point de vue de l’esprit, des mœurs, du langage, des manières, est toute la France ! C’est une poignée de philosophes sans patrie qui ont achevé dans l’opinion l’œuvre commencée par Louis XIV contre cette société qui n’est ni de Paris, ni de Versailles, et qui existait bien avant que Versailles fût bâti et que Paris lui succédât dans l’ardente et injuste préoccupation publique ! […] On ne l’a point assez remarqué, c’est sous la solive blasonnée du château féodal que la société française est née ; c’est là qu’elle a commencé sa première causerie, cette causerie charmante, cette maîtresse de maison qui faisait si adorablement les honneurs de chez elle à l’univers ensorcelé ; c’est là qu’elle a dit son premier mot et laissé son premier sourire, entre quelque châtelaine oisive, quelque vieux prêtre savant et aimable, et le troubadour qui passait !
Le 18 Brumaire avait vu commencer non la servitude, mais l’enchantement de tous les esprits. […] Carrel commence par bien établir la situation. […] La question belge commence à le préoccuper : il croit de ce côté à la guerre, il y compte. […] La réaction commence ; la réaction sera écrasée. […] Il commence donc à s’aigrir et à se retourner directement contre elle ; mais il ne passera décidément le Rubicon et ne parlera hautement république que depuis janvier 1832.
Tant qu’il peut croire que c’est sa ruine que l’on exige, il peut se refuser à tout entendre, comme un peuple ne peut pas consentir à traiter avec qui ne commence point par reconnaître son indépendance ; mais dès que l’on accepte de part et d’autre les droits de la discussion et de la pensée, le débat est possible, il est légitime, il est nécessaire. […] Quels sont ces problèmes, aussi vieux que l’humanité, aussi répandus quelle sur la surface du globe, problèmes que se pose inévitablement chacun de nous aussitôt qu’il commence à penser ? […] Le matérialisme lui-même commence par reconnaître cette distinction. […] Guizot, par ce fait capital que le monde n’a pas toujours été tel qu’il est ; la vie a commencé sur la surface du globe ; les espèces animales ont aussi commencé ; l’homme a commencé également, Or, à moins d’admettre que la vie est le résultat des forces de la matière, et que l’homme, comme toute espèce animale, est le produit d’une lente élaboration des siècles, on est obligé d’avoir recours à la puissance surnaturelle du Créateur ; mais d’une part la doctrine de la génération spontanée, de l’autre la doctrine de la transformation des espèces, sont des hypothèses arbitraires, repoussées par la science. […] Il semble fâcheux qu’une doctrine qui doit résoudre tous les problèmes commence par s’appuyer sur des faits contestés, et qu’après avoir d’abord déclaré que la science est ici absolument impuissante, on fasse maintenant reposer tout l’édifice sur ce qu’il y a de plus controversé dans la science.
Parmi les nombreuses idées et les innovations de plus d’un genre tentées par le ministre de l’instruction publique, une des plus pratiques et la moins contestable assurément, c’est l’institution régulière de leçons faites dans les diverses Facultés et les principales villes de province, à commencer par la Faculté des lettres de Paris, pour l’enseignement secondaire des jeunes filles. […] messieurs les prélats, à commencer par le plus haut de tous, mêlons-nous donc chacun de ce qui nous regarde, et faisons chacun notre métier : ne parlons, s’il vous plaît, que de ce que nous savons. […] Pour chacun de ces genres, il commence par l’Antiquité, analyse quelques-uns des chefs-d’œuvre, marque les transformations que le genre (si genre il y a) a subies à travers les temps et les lieux, en passant de la Grèce à Rome, puis dans le moyen âge et chez les nations modernes jusqu’à nos jours. […] elles commencent, dans ces études qui ont fait l’occupation de toute notre vie, par où nous-mêmes à grand’peine nous finissons ; elles ont pour leur point de départ le résultat dernier des plus doctes recherches ; elles sont au courant, et mieux qu’au courant, dès leur première année, de ce qui a tant coûté aux autres à gagner et à conquérir ! […] J’ai de tout temps aimé à saluer ce qui commence, ce qui promet et qui tient déjà, et, grâce à Dieu, j’aime toujours à le faire.
Cette Bibliothèque choisie commença en 1703. […] De tous les Journaux qui parurent ensuite en Hollande, aucun ne fut mieux écrit que le Journal Littéraire commencé à la Haye en 1713. […] Il seroit difficile de vous faire connoître les différentes personnes qui ont eu part à ce Journal commencé en 1701. […] Le Journal de Verdun commencé depuis plus de soixante ans, débute par des annonces de livres nouveaux, donne quelques morceaux de poésie ; mais les nouvelles politiques en occupent la plus grande partie ; & il en est un recueil qui servira à l’histoire. […] Le Journal des Dames, commencé par M. de Campigneules, & continué par M.
L’affirmation, en effet, est la condition cérébrale de l’action ; elle est, comme nous l’avons fait voir, l’action commencée ; elle est même le mouvement commencé en un certain sens. […] Le véritable détachement du moi commence avec l’idée de quelqu’un qui n’est plus moi et qui est cependant semblable à moi. […] Au contraire, le seul fait de réfléchir sur une sensation élémentaire contribue à la rendre plus agréable en même temps que consciente de soi ; on commence alors à sentir esthétiquement.
Jusque-là, rien d’étrange, mais voici où l’étrange va commencer. […] Léon de Wailly commence par un écrit, le plus long de tous les écrits composant ce volume, qui porte ce titre, horriblement modeste : Instructions aux Domestiques. […] Cette instruction, divisée par chapitres et où nul n’est oublié du personnel de la valetaille : le butler (sommelier), la cuisinière, le laquais, le cocher, le groom, l’intendant, le portier, la femme de chambre, la fille de service, la fille de laiterie, la bonne d’enfants, la nourrice, la femme de charge et la gouvernante ; ce mandement d’un doyen que Mascarille, après boire, refuserait de signer, ne peut être évidemment qu’une mystification immense et même une mystification à commencer par l’auteur lui-même, — car rien ne doit équivaloir, non seulement pour un esprit élevé, mais pour un esprit quelconque, au dégoût d’écrire, dans quelque but de raillerie que ce soit, ces conseils de friponnerie et de bassesse où tout le sens est dans la grosseur de l’ironie et dans une impudence égale entre l’idée et le langage… Et ce n’est pas tout. […] Lui qui avait fait trembler Walpole et commencé de jouer sur ce grand instrument de la popularité en Irlande, qu’O’Connell, cet immense virtuose, a fait vibrer si magnifiquement de nos jours, il resta malheureux d’orgueil et d’ambition au sein de ses succès stériles. […] Comme disait sublimement Byron : « Il s’éteignit par la cime ( died by the top ) », expression qui fait un voile de pourpre en deuil à la plus abjecte de nos misères… Seulement, dans l’avenir déjà commencé, il n’y aura pas de Byron qui puisse couvrir avec un mot brillant l’extinction de cette gloire qui mourra aussi de la cime au pied, — tout entière !