/ 3136
2913. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

Et c’étaient de douces pressions, un échange de sourires paresseux, une volupté de cœur toute tranquille, un muet bonheur… Et il arrive pourtant à ce décriveur des joliesses et des bonheurs, à ce réaliste qui sait parfois être gaminement gai, d’être attiré par le fantastique et le crépusculaire que montre parfois la vie parisienne, par l’existence excessive et mystérieuse de la Tomkins, l’afféterie voluptueusement macabre de Mme Malvezin.

2914. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

Devant cette revue du passé, en face de ce spectacle du présent que je n’ai fait qu’indiquer, mais dont on peut démêler déjà toutes les clartés rassurantes, le patriotisme littéraire me semble devoir être raffermi, fortifié dans vos cœurs.

2915. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 13, qu’il est des sujets propres specialement pour la poësie, et d’autres specialement propres pour la peinture. Moïens de les reconnoître » pp. 81-107

Elle peut nous faire voir Brutus et Cassius plongeans le poignard dans le coeur de Cesar, et le prêtre enfonçant le couteau dans le sein d’Iphigenie.

2916. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

« Le titre d’un livre doit engager à l’ouvrir, comme le regard d’une femme inconnue doit donner l’envie de la connaître, et de lire dans le cœur qui a ce regard », disait avec justesse Barbey d’Aurevilly dans son langage imagé.

2917. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Les deux cathédrales »

C’est que le cœur de l’humanité vibrait de sentiments nouveaux et qu’une faculté dangereuse, ennemie de l’obéissance et du respect, la raison, s’était peu à peu réveillée du sommeil où la descente d’un Dieu sur la terre l’avait plongée.

2918. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

Quand il veut faire travailler à Pauline La logique de Condillac, lui faire apprendre par coeur L’art poétique de Boileau, dont il dira ensuite pis que pendre, ses conseils partent évidemment d’un fonds moins important, moins vraiment stendhalien que lorsqu’il veut lui faire prendre, en 1805, l’habitude d’analyser les personnes qui l’entourent (« l’étude est désagréable, mais c’est en disséquant des malades que le médecin apprend à sauver cette beauté touchante ») ou lorsqu’il contracte dans ses premières relations montaines l’aptitude à traduire par une algèbre psychologique les valeurs les unes dans les autres (" notre regard d’aigle voit, dans un butor de Paris, de combien de degrés il aurait été plus butor en province, et, dans un esprit de province, de combien de degrés il vaudrait mieux à Paris. " ) c’est à cette époque que Stendhal s’accoutume (héritier ici de Montesquieu qui ne paraît point, je crois, dans ses lectures) à rattacher instantanément un trait sentimental à un état social, à mettre en rapport par une vue rapide le système politique d’un pays avec ses façons de sentir.

2919. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

Malebranche prend par hasard et avec répugnance le traité de l’Homme de Descartes ; cette lecture « lui causa des palpitations de cœur si violentes qu’il était obligé de quitter son livre à toute heure et d’en interrompre la lecture pour respirer à son aise », et il devient cartésien. […] Le cas le plus connu, le plus anciennement étudié, consiste dans la suspension des mouvements du cœur par l’irritation du pneumogastrique. […] On sait que le seul fait de fixer son attention sur une partie du corps, le cœur, l’estomac, la vessie, les intestins, amène à la conscience des sensations insolites : ce qui est un cas de cette loi générale que tout état de conscience vif tend à s’actualiser. […] Ce qui vient du cœur, des vaisseaux, des organes digestifs, respiratoires, sexuels, en un mot de tous les viscères, est la matière première de la sensibilité, comme tout ce qui vient des sens externes est la matière première de l’intelligence : et de même que, physiologiquement, la vie végétative précède la vie animale qui s’appuie sur elle, de même, psychologiquement, la vie affective précède la vie intellectuelle qui s’appuie sur elle.

2920. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

Avant d’avoir des amis, les objets de la nature matérielle frappèrent mon attention et émurent mon cœur. […] Enfant, j’avais voulu la posséder tout entière ; homme fait, le même désir, la même ivresse vivaient dans mon cœur.

2921. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

C’est bien, cela prouve que ces messieurs aiment le beau consciencieusement ; cela fait honneur à leur cœur. […] Gleyre Il avait volé le cœur du public sentimental avec le tableau du Soir. — Tant qu’il ne s’agissait que de peindre des femmes solfiant de la musique romantique dans un bateau, ça allait ; — de même qu’un pauvre opéra triomphe de sa musique à l’aide des objets décolletés ou plutôt déculottés et agréables à voir ; — mais cette année, M. 

2922. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

C’est ainsi qu’à distance les âges héroïques se rencontrent, et que les poésies, si inégales et si différentes qu’elles soient, se répondent par certains accents et par le cœur.

/ 3136