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623. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre I. Objet de ce livre. — Retour de l’âge divin » pp. 357-361

La victoire passant pour le jugement du ciel, les vainqueurs croyaient que les vaincus n’avaient point de Dieu, et les traitaient comme de vils animaux.

624. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Et pour Mallarmé les ciels d’automne n’étaient-ils pas destinés à immobiliser dans une essence de cristal et dans une distillation d’or les idées et le rêve que lui construisait la vie ? […] Comme Antée reprenait ses forces en touchant la terre, le poète rajeunit les siennes en contemplant un ciel, un absolu, le ciel qui n’est tel, qui n’est bleu, que parce qu’il ne peut être touché. […] Les poètes français, à la fin, s’habituèrent à ce que fumât sur leur ciel, dans l’île poétique, l’atelier du dieu. […] Et peut-être un troisième groupe s’y rattacherait-il, celui du ciel d’étoiles dispersées, fréquent chez Mallarmé comme un fond qui pose le mystère. […] Un ciel de porcelaine nue.

625. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Pourquoi le ciel ne m’a-t-il pas fait naître seul et pauvre, mais libre au moins, comme le bohémien et comme le pâtre ? […] N’y a-t-il pas plus de joie au ciel pour un pécheur qui se repent que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont jamais failli ? […] Il ne s’agit encore du ciel qu’au sens profane et païen. […] Surtout il raffole des champs, des ciels, des bois et des eaux. […] Laisse ordonner le ciel à tes yeux, sans comprendre, — et crée de ton silence la musique des nuits.

626. (1886) Le roman russe pp. -351

N’y cherchez pas la piété chrétienne des épopées occidentales, la dévotion à la Vierge et aux saints, le ciel intimement mêlé à l’action. […] Tout ce qui passe sur la terre et dans le ciel russes lui appartient. […] Du milieu du ciel, la lune regarde ; la voûte incommensurable s’étend et paraît plus profonde encore ; elle s’embrase et respire. […] De la steppe arriva le hennissement sonore d’un poulain ; des bandes rouges illuminèrent tout à coup le ciel. […] Je regardais autour de moi, j’écoutais, je me souvenais ; subitement, je sentis au cœur un trouble secret ; je levai les yeux au ciel ; mais le ciel même n’était pas tranquille ; tout troué d’étoiles, il se mouvait, palpitait, frissonnait.

627. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Là, ce ne sont plus seulement des désirs qui s’élèvent vers le ciel, c’est un culte accompagné d’extases et d’une sorte de mysticisme. […] Mes organes sont sains, j’ai un ciel éblouissant sur la tête, et cependant je n’ai plus aucune passion ici-bas ; mais le cœur n’est jamais si lourd que quand il est vide. […] Ils semblaient quelquefois regarder au ciel et réfléchir le bonheur qu’ils y voyaient. […] Un démon grimaçait à ses côtés, tandis que lui regardait un ange monter vers la partie lumineuse du ciel. […] D’abord fou de douleur, Élie, après une crise plus violente, se réveille guéri, et abandonnant nos tristes régions, privées de soleil, il va recommencer une nouvelle existence sous le ciel de l’Amérique.

628. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

À chaque pas que nous faisons dans l’enfer, en le suivant, il entrouvre le ciel, et, comme les archanges déchus de Milton, nous marchons au milieu de ténèbres visibles. […] Demander au ciel de la Grèce les créations austères de l’Europe du moyen âge ! […] Si quelque jour cette moralité devait se jouer, ce serait dans le ciel : Dieu seul serait en scène. […] Jocelyn enverra-t-il au ciel une âme encore chargée des souillures terrestres ? […] qui regarde le ciel, et qui n’aperçoit pas l’abîme ouvert sous ses pieds !

629. (1898) Essai sur Goethe

Que le ciel me préserve des filles d’ici, car elles ne valent pas le diable. […] À vrai dire, il diffère d’eux par ce point encore, qu’il ne sera jamais entièrement un homme d’action : Goethe lui-même, au zénith de son ciel d’orgueil, sentait bien qu’il n’était pas un Napoléon. […] On dit qu’il y a ainsi des joies du ciel. […] Charlotte s’accoudait à la fenêtre ; son regard se promenait sur la campagne ; elle le porta vers le ciel, puis vers moi : je vis ses yeux pleins de larmes ; elle posa sa main sur la mienne et dit : « Ô Klopstock !  […] Prométhée lui-même ne laissa-t il pas couler la pure flamme du ciel sur l’argile nouvelle pour la diviniser ?

630. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Nos yeux ont la couleur et l’éclat du ciel. […] Il compare le ciel de la Grèce à une « pluie de lumière ». […] Si ses yeux regardent au ciel, son oreille écoute les cœurs. […] Cette perpétuelle intimité avec le ciel et les bois formera la substance même de son talent. […] Le ciel sait ce que je pouvais être : les hommes ne m’ont pas connu.

631. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

J’ai dans les yeux le ciel, les couchants, les matins, Pour toi j’ai tout quitté, mère, père, sœur, frère. […] me disait-il, quel ciel ! […] On croit voir un bon vieillard à cheveux bouclés qui lève vers le ciel des yeux pleins de larmes et des mains tremblantes. — Adorant son pays, Coppée doit haïr nos ennemis séculaires. […] Il semble croire que ces malheureux étaient accablés par l’humiliation de nos revers et n’osaient plus, tant ils se sentaient honteux, lever les yeux vers le ciel. […] Il cache, sous sa rude écorce, des trésors de tendresse, il adore cet orphelin que le ciel lui a envoyé, il l’aide de ses conseils et de sa bourse.

632. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

On se bat dans le ciel à coups de canon. […] Au cinquième chant, après qu’Adam et Ève ont récité le psaume cxlviii, l’ange Raphaël descend du ciel sur ses six ailes, et vient leur rendre visite, et Ève lui prépare à dîner. […] Le soleil couché, il se promène à petits pas, sans regarder l’or et la pourpre du ciel éblouissant, cherchant « une lumière douce pour soulager ses faibles yeux ». […] La sérénité des hommes, de l’art et du ciel se mariait à mes yeux dans un ensemble d’une ravissante harmonie405. […] Il s’abandonnait, se livrait, se laissait prendre à cette musique du ciel avec candeur et bonne foi.

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