Si, au lieu de songer à nos plaisirs, nous songeons à la gloire du poète, la question change de face. […] Le frais visage de Lisette change la mansarde en palais. […] Cependant je verrais avec regret la pensée changer de cadre. […] Le poète qui écrit le journal de sa jeunesse change un lingot d’or en monnaie de cuivre. […] Hugo, elle a changé de nature, des ailes d’ange sont venues s’attacher à ses épaules.
Autour du théâtre en particulier, tout un échafaudage pseudo-scientifique a été construit, destiné à donner le change sur son aspect réel. […] On constate qu’on a changé, et l’amour-propre vous persuade toujours que ce changement est un perfectionnement et un admirable élargissement d’horizon. […] Cette âme, il n’a pu la changer, bien qu’il ait lutté héroïquement dans ce but. […] Les goûts changent avec le temps. […] Il trouve que c’est très bien ainsi, et qu’il n’y a pas lieu de changer d’existence d’ici à quatre lustres.
Fénicia était tellement changée, qu’elle ne fut reconnue qu’à la fin de la noce, et lorsqu’une tante de la mariée ne put garder plus longtemps le secret » ; tel est l’extrait succinct de la nouvelle du prolixe Bandello. […] Cette absence arrêta la passion de Lattanzio, qui changea bientôt d’objet et se porta vers la fille de Lanzetti, la belle Catella. […] Il arriva que les seigneurs vénitiens changèrent la garnison qu’ils tenaient dans Chypre, et choisirent le More pour capitaine des troupes qu’ils y envoyaient. […] Tout subsiste en effet et tout est changé. […] Ce dénouement a été changé par Tatel, et Cordélia rétablie dans ses droits.
» Puis, à d’autres jours, la patience manque ; un mauvais vent du désert se remet à souffler ; à force de guerroyer et de courir, de mener de razzia en razzia sa colonne infernale, de s’ingénier (périlleux problème) à soumettre les Arabes par les Arabes, de vouloir créer et fonder par tout le pays de petits forts de sûreté où les chefs amis, les agas et les caïds puissent se maintenir et se défendre au besoin, et brider les tribus rebelles ; à force d’être sur pied nuit et jour, et de se ronger au gîte quand on y est retenu, à force de se passionner pour tout, on se consume, on s’use avec une rapidité effrayante : « Je veux trop bien faire et trop de choses, et je prends tout trop à cœur ; c’est le propre des âmes généreuses, mais ces âmes-là ne vivent pas longtemps ; elles s’usent trop vite, et je le sens, mais il n’est plus temps de se changer. » Quelques visites de France apportent des diversions dans cette vie locale si dévorante. […] S’il avait tant tardé à se mêler de politique, il en fit beaucoup en peu de temps ; ministre de la guerre avant et après le 2 décembre, et durant cette année où la France entière changeait de face comme à un soudain commandement, le maréchal de Saint-Arnaud avait raison de dire : « C’est sur moi (dans le ministère) que reposent l’action et la force. » Cependant cette santé, que nous avons vue tant de fois minée, se ruinait de plus en plus : il dissimulait encore ; l’ivresse des grandes choses faites ou à faire le soutenait par accès ; ceux qui le voyaient de près pouvaient seuls observer cette alternative presque continuelle de soubresauts et d’épuisements. […] J’ai lutté, et Dieu a fait changer le vent. […] Pensée triste qui ne change rien à mes résolutions, à ma fermeté, à mon entrain, à ma confiance même, parce que j’ai foi dans le Dieu de la France et dans ses soldats, mais qui vous prouve que je ne me fais pas d’illusions et que j’envisage tout d’un œil calme.
Sur ces entrefaites la pension Landry changea de quartier et alla s’installer rue Blanche ; je la suivis et je fis ma seconde année de rhétorique au collège Bourbon, sous MM. […] Depuis 1830, les choses de ce côté avaient bien changé. […] Landry ayant changé de quartier et s’étant transportée rue Blanche (Chaussée-d’Antin), le jeune Sainte-Beuve suivit les classes du collège Bourbon, où il fit sa rhétorique et sa philosophie ainsi que des mathématiques. […] Ainsi, sur un exemplaire (imprimé à Arras) de la Constitution de la République française, du 5 fructidor an III (22 août 1795), et dont la première signature est celle de Marie-Joseph Chénier, président de la Convention nationale, M. de Sainte-Beuve père écrivait ce vers de la tragédie de Mahomet (acte II, scène v) : Je viens après mille ans changer vos lois grossières Et au-dessous cet autre vers de la Pharsale de Lucain (livre II) : Naturamque sequi patri que impendere vitam 28.
Lui-même il a changé sa pensée en la continuant, et, quand il croit l’avoir achevée, ceux qui le lisent la changent et l’achèvent encore. […] Ballanche que récapituler, à vrai dire, les faits antérieurs dans une unité dramatique, sans rien changer aux termes fondamentaux de la question. […] Son tour arriva ; il s’élança à la tribune, des murmures accueillirent ses premiers mots, puis des menaces ; il se troubla, et par degrés ses paroles changèrent de sens, jusqu’à ce qu’enfin, comme à l’Homme sans nom, une parole inconnue, une parole qui n’était pas la sienne, vint se placer sur ses lèvres.
Un amant disait à sa maîtresse qui brûlait chaque fois les lettres reçues, et qui pourtant s’en ressouvenait mieux : Au lieu d’un froid tiroir où dort le souvenir, J’aime bien mieux ce cœur qui veut tout retenir, Qui dans sa vigilance à lui seul se confie, Recueille, en me lisant, des mots qu’il vivifie, Les mêle à son désir, les plie en mille tours, Incessamment les change et s’en souvient toujours. […] Quelquefois, un seul coup de vent suffit pour tout changer. […] … le procédé final n’a pas changé ; l’adorable idylle, la pastorale enchantée, tout amoureusement tressée qu’elle semble, va se trancher net encore à la Werther ou à la Werthérie, sinon par un coup de pistolet, au moins par une petite vérole qui tue, par un anévrisme qui rompt, par une convulsion délirante ; Séraphine, Thérèse, Clémentine, Amélie, Cécile, Adèle, toutes ces amantes qu’il a touchées au front, elles en sont là ; il a comme résumé leur destin en un seul dans ces Stances mélodieuses, où du moins le rhythme et l’image ont tout revêtu et adouci : Elle était bien jolie, au matin, sans atours, De son jardin naissant visitant les merveilles, Dans leur nid d’ambroisie épiant les abeilles, Et du parterre en fleurs suivant les longs détours. […] Il avait tâché de renoncer, dès 1820, à la politique si effervescente ; son insouciance pour sa fortune personnelle n’avait pas changé.
Le prince de Musignano (Lucien Bonaparte), que je rencontrai à Philadelphie, m’engagea vivement à publier mes essais, et changea le cours de mes idées : c’était le premier encouragement que l’on me donnait. […] Depuis vingt années ces rives désertes et charmantes ont changé de face. […] Ayant remarqué que leur couleur changeait suivant les différentes contrées et les rivières, lacs ou étangs qu’ils fréquentent, j’ai été conduit à penser que ce curieux résultat pourrait bien provenir de la différence de coloration des eaux. […] Je changeai d’amorce et mis une jeune sauterelle que je fis flotter dans l’intérieur du nid : l’insecte fut rejeté comme le ver ; et vainement, à deux ou trois reprises, j’essayai de piquer le poisson.
Allons plus loin : il y a sous toutes les sensations des éléments de motion : en sentant, on se sent mu et mouvant, c’est-à-dire passivement changé et activement changeant dans la durée avec un rapport vague à l’espace ; mais cet élément sensoriel, même en ce qu’il a de qualitatif, ne peut pas suffire à expliquer toutes les qualités des sensations. […] C’est changer un pur vide, vacuum, en une réalité. C’est changer indûment le rapport entre sensation et absence de sensation en rapport de sujet à objet. […] Ce n’est pas lui qui se change en sensation ; cette transformation inexplicable serait contraire à ce qu’on appelle la loi de transformation des mouvements et qu’on ajustement proposé d’appeler leur loi de non-transformation.
Une lettre, des nouvelles, du mieux, cher malade, et tout est changé en moi, dedans, dehors. […] Cependant rien au dehors n’est changé.