À peine a-t-on le temps d’effleurer des yeux, comme ces visiteurs pressés qui se bousculent, à l’heure de visite des musées et auxquels le guide, d’une voix blanche, récite sa leçon. […] Les élèves de l’École de Saint-Cyr crient « Vive le Roy » et, lacérant le drapeau tricolore planté sur leur école, en enlèvent les bandes rouge et bleue pour n’en laisser flotter que le blanc, emblème de leurs préférences. […] » et la foule applaudit, mais en sortant de ces réunions, elle acclame, sur son cheval blanc, le nouveau ministre de la Guerre qui passe, le général Boulanger, et le jour où elle croit voir un drapeau allemand à l’une des fenêtres de l’hôtel Continental, elle s’indigne, crie au scandale, et veut mettre l’hôtel à sac.
Enfin, rappelez-vous la Laurette de Grandeur et servitude militaires, et vous aurez, à coup sûr, la plus blanche de ces plumes divines que nous comptons ; car il y a plus que de la lumière, il y a le sang de l’innocent sur celle-là ! […] … Quel rapport, direz-vous, existe-t-il entre Pascal, — le mâle Pascal, mâle jusqu’à la monstruosité, — janséniste, misanthrope, lycanthrope, génie effaré et terrible, et Vigny, femme par la pitié, grâce par le génie ; Vigny de la « Tour d’ivoire », sur lequel on exécute, quand on en parle, la symphonie en blanc majeur de Théophile Gautier ; Vigny, albâtre et albatros, qu’on pourrait très bien faire seigneur de Cinq-Cygnes, car il en entre certainement plus de cinq dans la composition de sa personne et de sa Muse… Quel rapport ? […] La rose blanche entr’ouverte de son génie livrait sa cruelle cantharide.
[Revue blanche (1897).]
Et « revêtus de tuniques souples et blanches, les jeunes poètes agitent leurs âmes ainsi que des étendards où ils convient les hommes à la fête de beauté ».
Deux jeunes filles, vêtues de blanc, brodent, rêvent et sourient à la tranquillité de la chambre. […] , c’est-à-dire Jésus, cheveux roux et robe blanche, passe au fond du théâtre, suivi de ses disciples. […] Tout ce monde-là cause sur la place et tend les maisons de draps blancs pour le passage de la procession. […] Georges Rodenbach a su créer autour de son drame une atmosphère pieuse, recueillie et blanche. […] Un seul garçon, vieux, à favoris blancs, feuillette dans un coin l’Univers illustré.
Ce conduit se reconnaît aisément à sa densité et à sa couleur blanche. […] L’eau de chaux y produit des flocons blancs. […] Le duodénum était vide d’aliments, et aucun chylifère blanc n’y était visible. […] L’opération fut faite très régulièrement, et je vis les chylifères très bien remplis par du chyle blanc. […] Les vaisseaux chylifères se voient alors gorgés d’un chyle blanc, laiteux, homogène.
Il faut que les fleurs papillotent avec le fond qui, s’il est blanc surtout, forme comme une multitude de petites lumières éparses.
Et je détache, avec plaisir, des Poèmes de légende et d’amour, ces quelques vers : Et notre barque, aux flots menteurs de l’Avenir, Sous le ciel fastueux connue un dais de parade, Flottera, s’attardant et lente, vers la rade Où s’égrènent les chansons grêles des cigales, Où l’ombre des palmiers frêles, sur l’eau tranquille, Tisse au soir glorieux un manteau de silence Comme un rêve d’amour épandu sur les lies, Plein d’un chant nostalgique et doux de fiancées Dont les ailes du soir ont pris la douceur blanche.
Sainte-Beuve Il y a dans la manière de Madame Tastu la nuance d’animation ménagée ; la blanche pâleur, si tendre et si vivante, où le vers est, pour la pensée, comme le voile de Saphoronie, sans trop la couvrir et sans trop la montrer ; la grâce modeste qui s’efface pudiquement d’elle-même, et enfin cette gloire discrète, tempérée de mystère qui est, à mon sens, la plus belle pour une femme-poète.
[Revue blanche (1897).]