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2287. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Une beauté tout à fait gozzolienne, cette Mme de la Gandara, avec ses beaux yeux songeurs au grand blanc, l’ovale long de sa figure, les lignes pures de son nez, de sa bouche, la délicatesse extatique de sa physionomie, ses blonds cheveux lui tombant le long de la figure, en ondes dépeignées, comme les cheveux d’une Geneviève de Brabant, enfin avec ce caractère d’une tête, où la nature s’associe au coquet effort de se rapprocher des primitifs, et qui lui donne dans de la jeune vie, le charme archaïque d’une tête idéale d’un vieux musée. […] Ces Italiens ressemblent aux jolies femmes, qui ne peuvent pas supporter la plus petite critique de leur beauté.

2288. (1864) Études sur Shakespeare

Qu’un roi de Sicile, jaloux, sans savoir pourquoi, d’un roi de Bohême, se décide à faire mourir sa femme et exposer sa fille ; que cette enfant, abandonnée sur un rivage de la Bohême et recueillie par un berger, devienne, au bout de seize ans, une beauté merveilleuse et la bien-aimée de l’héritier du trône ; qu’après tous les obstacles naturellement opposés à leur union, arrive le dénouement ordinaire des explications et des reconnaissances ; voilà, certes ce que peuvent réunir de plus commun et de plus invraisemblable les romans, nouvelles et pastorales du temps. […] Ce trouble des esprits ne peut cesser tant que la question sera posée entre la science et la barbarie, les beautés de l’ordre et les effets du désordre, tant qu’on s’obstinera à ne voir, dans le système dont Shakespeare a tracé les premiers contours, qu’une liberté sans frein, une latitude indéfinie laissée aux écarts de l’imagination comme à la course du génie. Si le système romantique a des beautés, il a nécessairement son art et ses règles.

2289. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

Sa figure, d’une beauté un peu plus mûre que celle de ses sœurs, accusait dix-sept à dix-huit ans par une ressemblance plus grave avec celle de sa mère.

2290. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Je ne te promets pas un bon rang dans la course aux écus : mais tu auras la pure et profonde satisfaction d’avoir poursuivi de toutes tes forces et d’avoir traduit de façon personnelle ton rêve de beauté.

2291. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

Le chœur suivant — qui n’est pas fugué du tout, n’en déplaise à un critique fort érudit — le solo, la quintette et l’ensemble de la prière, puis le combat et le finale, toutes ces beautés produisent une vive impression sur le public ; l’acte se termine au milieu des applaudissements.

2292. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

Vous aimez, Sire, les Lettres ; vous les aimez, non seulement en Prince, mais en Littérateur éclairé, capable de saisir avec justesse les beautés de l’Art, &, ce qui est bien supérieur, en Sage qui en fait sentir les abus & les détester.

2293. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Je comprends donc qu’on l’exalte, qu’on la glorifie, qu’on baise pieusement le bas de sa robe poudreuse que tant de génies, que tant de beautés ont portée ; mais de là à prêcher son culte, sa recherche, son fanatisme, il y a loin ; et ici je vous abandonne à votre enthousiasme.

2294. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Amaury, devenu le martyr d’une coquette, ne change rien à sa règle, allant du boudoir de sa maîtresse hautaine à la beauté facile « par-delà les guichets sombres », passant d’une satisfaction sensuelle à un désenchantement, d’un désir perfidement excité à un désir brutalement assouvi. […] Son regard parfaitement bleu, d’un bleu clair et dur, appelait à la fois mon regard et le déjouait ; fixe, immobile par moments, il n’avait jamais de calme ; tourné vers la beauté des campagnes, il ne la réfléchissait pas (cette idée est fort belle).

2295. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

J’arrive à la mort d’Albine, une sorte de beauté sauvage qui, après avoir vécu de la vie civilisée, se trouve transportée au milieu de cette sorte de paradis terrestre, de cette nature vierge, qui exhale la vie par toutes ses plantes, par tous ses êtres. […] Les succès de ce romancier nous ont malheureusement valu une avalanche de spécimens de littérature russe, bien plutôt faits pour nous en dégoûter que pour nous en faire sentir les beautés. […] Cette idée qu’elle ne pourrait jamais entrer au parloir, se mêler à cette charmante confusion du jeudi, où l’on se fait gloire de la beauté de son enfant, de la richesse de sa mise et du coupé qui vous attend à la porte, qu’elle ne pourrait pas dire à ses amies : « J’ai salué hier, chez les Pères, madame de C… ou madame de V… », de vraies madames, qu’il lui faudrait venir en cachette embrasser son Jack à l’écart, tout cela la révoltait à la fin. […] Un soir, trouvant décidément sa cousine sans beauté aucune, malgré ses beaux cheveux noirs, son regard plein de charme, Philippe déclare nettement à son père qu’il n’épousera pas Jeanne et ne pourra jamais se résigner à vivre en province. […] Mme de Talyas, l’œil hagard, les cheveux dénoués, les narines palpitantes, belle encore, mais de la beauté farouche d’une Euménide, se courba sur elle, la regarda, puis regarda l’abîme ouvert à deux pas de ce corps inerte. — En cet instant, un bruit soudain de feuillages froissés se fit entendre derrière elle ; elle se retourna, c’était Philippe.

2296. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Dimanche 14 mai Si jamais je fais ce roman sur la vie de théâtre, dont mon frère et moi avions eu l’idée, si jamais je fais la psychologie d’une actrice, il faut que l’idée dominante, la pensée-mère de ce livre, soit le combat des instincts peuple, des goûts canaille, venant de la procréation, de la nature, de l’éducation, avec les aspirations à l’élégance, à la distinction, à la beauté morale : qualités congéniales d’un grand talent. […] Moment d’expansion de cet homme fort et fermé, produit par la beauté et la grandeur de la nuit. […] Parmi ces femmes, il en est une singulièrement belle, belle de la beauté implacable d’une jeune Parque.

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