Il en exprime la pensée ; il y met la suite, l’enchaînement, le conseil ; et ce qui fait le beau de son discours, c’est la manière dont il est jeté. […] Ce Dialogue est beau, mais un peu tendu ; ce n’est pas tout à fait ainsi que des héros et des hommes d’État causent dans leur chambre, même avec des philosophes. […] En peignant si en beau le gouvernement des Anglais, qu’il avait pourtant vu de près avec ses ombres, il ne paraît pas s’être demandé de quel effet ces tableaux seraient en France. […] Mais là encore Montesquieu fait comme un Athénien qui, sans le vouloir, aurait si bien parlé de Lacédémone à Athènes, qu’il aurait beau dire ensuite à ses compatriotes : Ne l’imitez pas ! […] Ce qu’il y a de beau chez Montesquieu, c’est l’homme derrière le livre, Il ne faut pas demander à ce livre plus de méthode, plus de suite, plus de précis et de positif dans le détail, plus de sobriété dans l’érudition et dans l’imagination, plus de conseils pratiques qu’il n’y en a en réalité ; il faut y voir le caractère de modération, de patriotisme et d’humanité que l’auteur a porté dans toutes les belles parties, et qu’il a revêtu de mainte parole magnanime.
La Correspondance de Grimm passe en général pour sévère, un peu sèche dans sa justesse, et même légèrement satirique ; mais, à l’origine, Grimm eut l’enthousiasme et cet amour du beau qui est l’inspiration de la vraie critique. […] Quand on est en état de sentir la beauté et d’en saisir le caractère, franchement on ne se contente plus de la médiocrité, et ce qui est mauvais fait souffrir et vous tourmente à proportion que vous êtes enchanté du beau. […] Sur Buffon, Grimm a de beaux jugements et des discussions solides. […] Je recommande comme un très beau chapitre moral à opposer aux assertions de Rousseau, le chapitre qui commence l’année 1756 en ces mots : « J’ai souvent été étonné du vain orgueil de l’homme… » Grimm commence quelquefois l’année par des réflexions générales qui sont belles dans leur sévérité. […] Diderot résistait à ces objections de son ami ; il s’enflammait et s’exaltait de plus belle : le siècle de la philosophie décidément allait régénérer le monde. — La porte s’ouvre, un valet entre, à l’air effaré : « Le roi est assassiné !
« Au temps, est-il dit, où parurent à Marathon et à Salait mine les Perses homicides et Datis à la voix sauvage, alors même vivait Pindare, pendant qu’Eschyle florissait dans Athènes. » Belle manière de noter une époque par le synchronisme de deux victoires et de deux grands poëtes ! […] Dans ces beaux jours du génie des Hellènes, à ce second âge, c’est-à-dire à cette pleine jeunesse d’une poésie déjà savante, mais surtout naturelle et passionnée, le poëte n’aspirait pas à l’universalité, à la primauté dans les genres divers. […] Il s’est conservé même à ce sujet une belle et modeste réponse de ce grand poëte. […] » Voilà, certes, une belle et touchante image de la royauté ! […] « De même qu’ils ont détruit la belle et nombreuse armée de Darius.
Demandez plutôt à About, à qui on a exécuté l’an passé un si beau nocturne ! Se lamenter, comme on l’a fait, au lieu de siffler, ce n’est pas beau, cela ! […] Le travail d’Augier sur ces deux grands types, transportés dans le petit cadre de sa comédie, ressemble à la petite industrie qui réduit les plus belles statues et les plus beaux bustes des musées en figurines propres à orner la canne ou le parapluie bourgeois. […] Et voilà comment Veuillot est déshonoré, le pape humilié et l’Église romaine plongée dans un bien grand chagrin, par cette belle comédie du xixe siècle jouée contre le catholicisme par un petit de la Révolution !
Ces exercices furent partout, au siècle dernier, un brevet d’entrée dans le beau style et dans le beau monde. […] Ce sont là les sources de son talent ; y en a-t-il de plus pures et de plus belles ? […] Celle d’Addison est belle, tant elle est forte. […] C’est que le bel ajustement d’un poëme en est pour lui le premier mérite. […] Il a beau goûter l’art, il aime encore la nature.
Comment les deux jeunes chevaliers thébains Arcite et Palémon s’éprennent ensemble de la belle Émilie, et comment Arcite, vainqueur dans le tournoi, tombe et meurt de sa chute en léguant Émilie à son rival ; comment le beau chevalier troyen Troïle gagne la faveur de Cressida, et comment Cressida l’abandonne pour Diomède, voilà encore des romans en vers et des romans d’amour. […] Il y a quelque chose de plus agréable qu’un beau conte, c’est un assemblage de beaux contes, surtout quand les contes sont de toutes couleurs. […] La promeneuse s’étonnait, quand tout d’un coup elle aperçut une belle dame qui venait l’instruire. […] Dans ces belles démarches, Chaucer l’accompagne aussi loin que possible, et n’est point scandalisé. […] j’étais toute fringante, et belle, et riche, et jeune et bien née. » Quel mot !
Le beau n’a qu’un type ; le laid en a mille. […] L’antiquité n’aurait pas fait la Belle et la Bête. […] Tartufe n’est pas beau, Pourceaugnac n’est pas noble ? […] On s’y doit bien amuser, cela doit être beau à voir ! […] Il nous semble que ce vers-là serait bien aussi beau que de la prose.
Villemain puisa cette noble et saine activité, cet amour désintéressé du beau, cette libérale conception de la vie, qui le soutint dans sa longue carrière et l’empêcha de défaillir jamais. […] Son goût littéraire n’était pas l’admiration banale qui s’arrête au beau langage ; c’était un salutaire commerce avec un monde plus pur que le nôtre, un sentiment filial pour ces vieux sages dont nous faisons à bon droit les précepteurs et les consolateurs de notre vie. […] Villemain reçoit les feuilles savantes à mesure qu’elles sont imprimées, et en donne cette traduction où l’on trouve revêtues du plus beau style les plus profondes idées qu’on ait jamais émises sur la constitution de la société civile. […] Ainsi soutenu par tous les enseignements du passé, en communion littéraire et philosophique avec ce que l’humanité a produit de bon et de beau, il tenait tête aux défaillances du présent ; il en dominait les tristesses, et, sans dissimuler ses craintes, il accueillait toute pensée d’avenir.
Ils sont bien groupés, et leurs têtes sont belles. […] Avec tout cela, la chasteté de la belle Juive eût été encore mieux avérée s’il n’y en avait eu qu’un, et qu’il eût été jeune. […] La femme de La Grenée vous semblera plus belle ; mais c’est celle de Vien que vous aimerez. […] Je ne l’ai point vu ; mais j’entends dire qu’il y a quelques beaux groupes, et j’en suis bien aise.
Le beau travail qu’elle a livré ! […] Il porte beau, il porte sain. […] Ce Cachaprès, quelle belle bête humaine ! […] Ne nous plaignons pas trop ; ces intempérances nous valent de beaux émois. […] Elle nous permet de réaliser une vie belle et claire.