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2218. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre I. Publicistes et orateurs »

Ce mouvement de réaction contre le romantisme, malgré l’incompatibilité théorique des formules d’art, fut en fait un effort souvent impuissant pour échapper au romantisme, qui contenait en sa vaste confusion tous les éléments dont la nouvelle école allait s’emparer pour le détruire et le nier : elle eut beau faire, elle mit quelque chose de lui dans presque tous ses chefs-d’œuvre. […] Par sa politique et par sa chute, l’empire fournit à Thiers la plus belle situation que jamais homme d’Etat puisse rêver : celle où tous les intérêts personnels coïncident avec le bien public et le devoir patriotique, celle où il suffit de s’oublier pour s’élever, de penser à soi pour bien mériter de tous. […] Orateur ardent, parlant une belle langue, étoffée, ample, ferme, correcte, il fut le chef de l’opposition.

2219. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « II  L’esprit scientifique et la méthode de l’histoire littéraire »

Je ne saurais mieux faire ici, Messieurs, que de vous lire la belle page par laquelle un maître admirable de libre pensée et d’action libre, que l’Université de Paris a eu la douleur de perdre l’an passé, Frédéric Rauh, commençait ses originales études sur la Méthode dans la psychologie des sentiments. […] Cette survivance indéfinie de leurs propriétés actives, les chefs-d’œuvre littéraires la doivent à la forme, personnelle et belle, dans laquelle l’originalité de l’écrivain s’est réalisée : disons, si vous voulez, au style. […] C’est un lettré fétichiste qui ne peut se résigner à ce que tout ne soit pas beau, et grand, et pur, dans la vie et dans l’œuvre des écrivains de génie à qui il a donné son amour.

2220. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

Au fond, il n’est pas de plus bel éloge d’une œuvre que de constater qu’elle est devenue rengaine. […] Mais cette fin, d’ailleurs belle par le personnage si aiguisé de femme qui la conduit, est assez superfétative. […] Ne travaillons qu’à notre vie plus belle.

2221. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

« Je veux avoir, dit-elle, un mari qui n’aime que moi et qui m’aime toujours. » Elle ajoute naïvement qu’elle est belle et riche ; mais elle veut que l’élu de son cœur se fasse protestant, et cette pieuse exigence met fin au roman ébauché. […] C’est celui de Fouquet, d’abord ; mais sa cassette de surintendant a de si beaux yeux qu’il peut emplir une autre cassette de billets doux à lui adressés par nombre de belles dames.

2222. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « De la question des théâtres et du Théâtre-Français en particulier. » pp. 35-48

En réfléchissant à ce qu’étaient ce qu’on appelle les grands siècles et pourquoi ils l’ont été, toujours il m’a semblé qu’indépendamment des beaux génies et des talents sans lesquels la matière aurait fait faute, il s’était rencontré quelqu’un qui avait contenu, dirigé, rallié autour de lui. Autrement le concert manque avec les plus riches éléments, et les beaux génies eux-mêmes courent risque de se dissiper. […] Ce qu’il faut de plus en plus à la France, appelée indistinctement à la vie de tribune et jetée tout entière sur la place publique, c’est une école de bonne langue, de belle et haute littérature, un organe permanent et pur de tradition.

2223. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Sans doute il est beau de s’animer, de se passionner, de communiquer la flamme sainte de l’enthousiasme ; mais il est maladroit de s’animer hors de propos, de se passionner pour des sottises, et de brûler autrui avec le feu qui doit l’éclairer. […] Vous aurez beau me dire que tel ouvrage est admirable. […] Si le Dieu nous manque, nous aurons beau fouetter, la machine n’avancera pas.

2224. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Voltaire cependant venait de flétrir de sa plume cynique et impie l’un de nos plus beaux souvenirs historiques ; et il recueillait des applaudissements égaux pour toutes ses injustices, comme si on eût voulu verser le discrédit à la fois sur notre passé et sur notre avenir. […] Lisez Pindare, même dans la langue harmonieuse qui lui inspira ses beaux vers ; vous n’aurez rien fait encore, si vous n’êtes pas entré dans le génie de cette inspiration. […] Mais je demande si le Discours sur l’Histoire universelle est maintenant autre chose, pour un grand nombre, qu’une magnifique conception littéraire, une sorte d’épopée qui embrasse tous les temps et tous les lieux, et dont la fable, prise dans de vastes croyances, est une des plus belles données de l’esprit humain.

2225. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Buloz »

Les temps modernes ne sont pas tellement beaux pour la littérature qu’elle ne puisse supporter beaucoup de choses cruelles et qu’elle n’y soit même accoutumée ; mais la condition d’avoir Buloz pour correcteur, — non plus d’épreuves, mais de son style et de sa pensée, — lui sembla cependant trop dure pour la supporter, et on vit en très peu de temps tout ce groupe de talents que je viens de nommer se détacher de la Revue des Deux Mondes 24, s’égrener et complètement disparaître d’un recueil dont la rédaction, pour qui avait le sentiment de sa valeur propre ou de son œuvre, était une douleur, quand ce n’était pas une indignité. […] Voilà un procédé qui paraîtrait encore plus insupportable à Buloz qu’une belle page. […] beaux jours évanouis !

2226. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

Cela s’était, il est vrai, un peu calmé en ces derniers temps ; mais cela a repris et c’est reparti de plus belle ! […] Il a beau nous raconter la vie de cette fille, qu’il nous dit si jolie et si voluptueuse, il ne rose ni ne rougit son récit de la fraîcheur de sa jeunesse ou de l’émotion de son plaisir. […] Et dans la suite ces belles choses continuent.

2227. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « I » pp. 1-8

Il me remet en mémoire ce beau vers de madame Valmore : Si l’amour a ses pleurs, la haine a ses tourments ! […] On me dit qu’il y a vers la fin d’assez beaux et assez touchants chapitres.

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