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25. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 320-321

soyez jeune Iris, ou plus grande, ou moins belle ; Attendez, petite cruelle, Attendez, pour blesser, que vous sachiez guérir.

26. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

Pour n’être plus prédite chaque jour, l’attente d’un Messie n’en est pas moins constante et évidente ; les Juifs vivent sur cette foi : on attend l’accomplissement des dernières prophéties, des derniers oracles que le Saint-Esprit avait laissés. […] Il est vrai qu’à la fin la plupart attendent un Messie sous une tout autre forme que la véritable, et qu’ils ne le conçoivent que sous la figure d’un guerrier, d’un roi-pontife à la manière des Macchabées, et d’un libérateur terrestre. […] Jésus-Christ obtenu et parfaitement défini, au lieu de passer outre pour s’étendre, comme on s’y attend, sur les progrès de l’Église par saint Paul et après saint Paul, il va encore revenir et avec une sorte d’acharnement sur les châtiments des Juifs, sur l’accomplissement des prophéties par leur entière ruine au temps de Vespasien et de Titus. […] Si l’on ne voit pas, dit-il, « que tous les temps sont unis ensemble, que la tradition du peuple juif et celle du peuple chrétien ne font qu’une seule et même suite, que les Écritures des deux Testaments ne font qu’un même corps et un même livre » ; si on n’y découvre pas « un dessein éternel toujours soutenu et toujours suivi » ; si on n’y voit pas « un même ordre des conseils de Dieu qui prépare dès l’origine du monde ce qu’il achève à la fin des temps, et qui, sous divers états, mais avec une succession toujours constante, perpétue aux yeux de tout l’univers la sainte Société où il veut être servi, on mérite de ne rien voir et d’être livré à son propre endurcissement comme au plus juste et au plus rigoureux de tous les supplices. » A un moment l’orateur impatient, le prédicateur se lève : « Qu’attendons-nous donc à nous soumettre ? […] Attendons-nous que Dieu fasse toujours de nouveaux miracles, qu’il les rende inutiles en les continuant ?

27. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

. — Cette négociation dont nous avons la preuve n’eut point de résultats : la veuve de M. de Surville attendit des temps plus sereins. […] Un de mes oncles paternels qui demeurait à la ville l’attendait de Paris. […] Et, pour te rendre à luy, quand faudroit d’ung prodige, L’attends du ciel en ce commun desroy. […] m’est adviz de t’attendre ; Illusion me tient lieu de playzirs ! […] L’Eridan, de vos bras, attend sa délivrance ; Hastez-vous !

28. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

Le monde politique attendait curieusement le feuilleton de Janin. […] Qu’il ne s’attende point à la photographie décolletée du Plaisir : l’étude qui suit est la clinique de l’Amour. […] J’attends son coup de sonnette, qui est pour moi celui d’un jury des assises rentrant en séance… « C’est fini, plus d’espoir, une question de temps. […] J’attends Simon, qui doit lui apporter son billet d’entrée pour Lariboisière. […] Enfin nous voilà dans la grande salle, haute, froide, rigide et nette, où un brancard tout prêt attend au milieu.

29. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Waterloo, par M. Thiers (suite) »

Il gronda Ney sans colère, et attendit que son armée défilât par cette chaussée trop étroite pour tant d’hommes, de chevaux et de canons. […] Mais Wellington n’avait pas l’idée de se dérober ; il avait étudié en avant de la forêt la forte position du Mont-Saint-Jean : il l’occupa, solidement et nous y attendit La nuit arrivée, Napoléon donna les ordres pour la bataille du lendemain, quoiqu’il en doutât encore. […] La lunette de l’Empereur, qui, de la position centrale où il était, se promenait sur tout le revers du Mont-Saint-Jean, était souvent dirigée vers la droite par où l’on attendait Grouchy. […] Napoléon lui ordonne d’attendre pour une dernière attaque, et lui envoie provisoirement les cuirassiers de Milhaud.

30. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre II. Le lyrisme bourgeois »

Volontiers aussi les faiseurs de chansons se regardaient eux-mêmes et disaient leur vie, ses joies et ses misères ; les pauvres diables qui attendaient leur subsistance de la libéralité des nobles patrons ou des auditeurs populaires, étaient amenés à se prendre pour sujets de leurs chansons comme de leurs fabliaux. […] On croirait à la lire être à la veille des événements qui se firent attendre les uns plus de trois siècles, et les autres près de six, surtout si l’on songe que de toutes parts, dès le xiiie  siècle, la même clameur s’élève. […] C’est surtout, la pensée de tout ce que donne le roi, et il faut le voir annoncer que tout cela n’aura qu’un temps, il faut l’entendre gronder à mots fort peu couverts : « Attendez, attendez !

31. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre V. L’Analyse et la Physique. »

Si l’on s’attache seulement à celles dont on attend un résultat immédiat, les anneaux intermédiaires manqueront, et il n’y aura plus de chaîne. […] Voilà les services que le physicien doit attendre de l’analyse, mais pour que cette science puisse les lui rendre, il faut qu’elle soit cultivée de la façon la plus large, sans préoccupation immédiate d’utilité, il faut que le mathématicien ait travaillé en artiste. […] On sait que les vues a priori de Maxwell ont attendu vingt ans une confirmation expérimentale ; ou si vous aimez mieux, Maxwell a devancé de vingt ans l’expérience. […] En premier lieu, le physicien nous pose des problèmes dont il attend de nous la solution.

32. (1760) Réflexions sur la poésie

En un mot, aucune des pièces n’a paru propre à faire sur le public assemblé cette impression de plaisir, qu’il est en droit d’attendre d’un ouvrage couronné par le jugement d’une société de gens de lettres. […] Il en est même de plus mécontents, qui n’attendent que le jour de leur arrêt pour lancer contre l’académie quelque épigramme qu’elle ignore ; ils se font d’ailleurs célébrer par des journalistes, car il y en a qu’on fait taire et parler comme on veut ; et si leur amour-propre n’est pas satisfait, il croit du moins être bien vengé. […] Je n’en suis ni surpris ni offensé ; je devais m’attendre à l’intérêt qu’ils marqueraient pour leurs mauvais vers ; intérêt d’autant plus excusable, que personne ne le partage avec eux. Mais je ne m’attendais pas, je l’avoue, à celui qu’ils prennent au latin des Psaumes : ils m’accusent d’impiété, pour avoir osé dire que ce latin est à demi barbare ; je croyais la chose incontestable, et même généralement reconnue par ceux qui avec raison respectent le plus dans ces poésies sacrées le fond des choses.

33. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVII. Saint-Bonnet »

Sur cette question de l’enseignement si grave, si pressante, si peu faite pour attendre, puisqu’elle implique l’avenir et le compromet, c’était surtout l’Opinion qui était restée indécise. […] D’aucun côté (jusqu’ici du moins) ne s’était levée, pour en finir, une de ces intelligences supérieures qui ferment les débats sur une question, comme Cromwell ferma la porte du parlement et en mit la clef dans sa poche ; et la Critique attendait toujours le mot concluant et définitif qui devient, au bout d’un certain temps, la pensée de tout le monde, ce mot qui est le coup de canon de lumière après lequel il peut y avoir des ennemis encore, mais après lequel il n’y a plus de combattants. […] ce que la critique attendait, elle ne l’attend plus.

34. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

Il savait qu’il pouvait « s’attendre » comme dit madame de Staël… et il s’est attendu patiemment, sans souffrir de cette longue attente, sans s’user sous cette lime de feu qui use le bronze des âmes les plus brûlantes. […] Un jour, son compatriote Hégésippe écrivit la délicieuse romance dont le refrain s’est, je crois, mêlé aux vers de Saint-Maur : L’oiseau que j’attends ne vient pas ! […] … L’oiseau qu’il attendait semblait arrivé.

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