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15. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Le résultat ne se fit pas attendre. […] Attendez, je vais vous en chanter une. […] Attends donc, me v’là. […] J’attendrai. […] — Non… pas encore… attendezattendez… Mais, dites-moi, que s’est-il donc passé ?

16. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Signoret, Emmanuel (1872-1900) »

Signoret sont toutes pénétrées de cet amour intense de la nature qui fait qu’on s’identifie avec elle, qu’on la sent vivante et qu’on prête une âme, comme les anciens, aux vieux chênes, aux sources, aux rochers… Les divinités mythologiques sont ici bien chez elles, dans leurs paysages familiers ; on les y attend, et l’on serait étonné de ne pas les y voir. […] Sincère, il n’attend pas que l’analyse des critiques s’applique à ses œuvres et les définisse, il en fait lui-même la louange. […] Nous attendons beaucoup de ce jeune homme, et il serait téméraire de prévoir jusqu’où il portera ses réalisations.

17. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

De graves circonstances l’attendaient : elles furent l’occasion de sa plus vive éloquence d’homme d’État. […] Si personne, avant toi, n’essuya jamais un tel affront, pourquoi attendre que la voix du sénat prononce le flétrissant arrêt si fortement exprimé par son silence ? […] Il faut remonter à Vergniaud, parlant devant les assassins qui l’attendent à la porte de la Convention, pour comparer quelque chose à cette colère de la vertu et à ce défi à la mort. […] Cicéron apprit que les restes du parti de Catilina et les complices de Clodius l’attendaient à Athènes pour lui demander compte, le poignard à la main, de la vie de Catilina, de Lentulus et de Céthégus. […] C’est là que Cicéron descendit de sa galère pour y attendre l’heure du départ et le retour de son frère Quintus.

18. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

Écrire à Dresde et attendre une réponse eût demandé bien des jours, des semaines. […] La princesse Josèphe n’aura pas à s’ennuyer pendant qu’elle l’attendra. […] J’en demande bien pardon au comte Vitzthum, mais j’en appelle à son esprit judicieux et je l’attends à une seconde révision. […] Mme de Pompadour lui avait écrit à l’origine pour le prévenir et comme pour parer le coup : « Ce 3 octobre 1746. — Vous serez sans doute étonné, mon cher maréchal, d’avoir été aussi longtemps sans recevoir de mes nouvelles ; mais vous ne serez pas fâché quand vous saurez que j’ai toujours attendu une réponse que le roi voulait faire à la lettre que vous m’écriviez. […] Il faut attendre, pour se relever hautement de Rosbach et des défaites de la monarchie, la revanche républicaine des plaines de Champagne.

19. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

Burty est l’ambassadeur, et le commissionnaire chargé d’appuyer tout ce que contiennent les babillets… Enfin l’homme illustre a bien voulu se promettre, et aujourd’hui le ménage Charpentier l’attend sous les armes, la maîtresse de maison, moite d’une petite sueur d’émotion, dans l’angoisse que le dieu se soit trompé d’invitation, et aussi dans la terreur que le dîner soit trop cuit. […] Diaz lui écrivait que le tableautin l’attendait, et il trouvait dans l’atelier un tableau beaucoup plus important qu’il ne s’y attendait, et dans un cadre d’au moins trente francs. […] Et à chaque tête qui passe, à chaque lettre qu’on apporte, j’attends toujours la terrible annonce : « Nous sommes saisis. » En regagnant le chemin de fer d’Auteuil, j’ai une de ces joies enfantines d’auteur, je vois un monsieur, qui, mon livre à la main, sans pouvoir attendre sa rentrée chez lui, le lit en pleine rue, sous une petite pluie qui tombe. […] Il n’en est rien, et je m’attends à ce que la dernière pelletée qu’on jettera sur mon cercueil, sera une pelletée d’injures. […] Samedi 31 mars Un espèce d’ennui irrité d’attendre, à toute heure, à tout coup de sonnette l’annonce de la catastrophe.

20. (1887) La Terre. À Émile Zola (manifeste du Figaro)

On espérait mieux que de coucher sur le champ de bataille, on attendait la suite de l’élan, on espérait de la belle vie infusée au livre, au théâtre, bouleversant les caducités de l’art. […] Volontiers nous eussions attendu encore, mais désormais le temps n’est plus à nous : demain il serait trop tard. […] Nous n’attendons pas de lendemain aux Rougon ; nous imaginons trop bien ce que vont être les romans sur les Chemins de fer, sur l’Armée : le fameux arbre généalogique tend ses bras d’infirme, sans fruits désormais !

21. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Cette frénésie, ce pêle-mêle de sensations n’est peut-être que la mise en fusion d’éléments nouveaux, qui attendent un grand poète pour être fixés en art. […] On pourrait dire que ce Messie attendu fera un enfant à ces femmes : leur poésie d’ailleurs me symbolise bien cet état d’attente du mâle. […] Nous trouvons cependant dans ces parfums une excitation à la volupté : c’est que les fleurs sont vraiment des bouches voluptueuses, qui attendent des baisers. […] Je n’attends plus le luth ni la musicienne Ni le jour glorieux… Ah ! […] le Bien-Aimé qu’on attend dans l’ombre,           Ô soirs inconnus !

22. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

ajouta-t-il, sans attendre une réponse. […] — me dit le forestier. — Il faut attendre qu’elle passe. […] Chez vous, tu sais bien ce qui m’attend. […] La pluie continuait toujours ; j’attendais impatiemment le dénouement de cette triste scène. […] Vous y distinguez, par la fenêtre, une table couverte d’une nappe, une lumière ; c’est le souper qui attend.

23. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Ne vous attendez donc pas à trouver dans ce qui suit un Catinat nouveau, étonnant, le contraire de ce que chacun sait. […] Catinat dut arriver à Pignerol sous un nom supposé, y rester caché comme un prisonnier d’État et attendre l’effet des engagements contractés par Mattioli. […] Comme Catinat diffère, hésite, demande et attend de nouveaux ordres pour consommer cette petite iniquité, Louvois s’impatiente et lui répond (2 janvier 1682) : « J’avais toujours espéré qu’après avoir lu la lettre de l’abbé Moréi, par laquelle il vous a dû apprendre que c’est par commandement exprès de Sa Majesté qu’il a sollicité M. de Mantoue d’envoyer ordre au marquis de Gonzague de vous remettre le château ; vous n’auriez pas hésité à lui en demander l’exécution. Cependant je vois avec beaucoup de surprise que vous attendiez les ordres de Sa Majesté, sur quoi vous êtes d’autant moins excusable que, si vous aviez cru avoir besoin desdits ordres, vous n’auriez pas dû manquer de l’écrire par un courrier exprès, qui vous en aurait apporté la réponse en huit ou neuf jours… Quoique j’espère que les dépêches qui vous ont été remises par le courrier La Neuville, il y a plus de quatre jours, vous auront porté à demander audit marquis l’entrée dudit château, je ne laisse pas de vous dépêcher ce courrier exprès pour vous témoigner la mauvaise satisfaction que le roi a du retardement que vous avez apporté, etc… » Louis XIV, pas plus que Napoléon, n’aimait qu’on se le fît dire deux fois ni qu’on lui fît répéter un ordre. […] Il attend son Floquet, comme Bossuet ; il le mérite.

24. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

Plus à ses plaisirs qu’à ses devoirs, on le voit d’abord inexact au Parlement et léger de procédé ; attendu à une cérémonie de réception et n’y venant pas, il oublie de s’excuser. […] Celui-ci, outré, pensait déjà à quitter l’armée, lorsque Valfons, à force d’instances, arracha de lui une lettre adroite et polie, avec demande d’explication au maréchal : il se chargea de la remettre et plaida si bien que le maréchal, dans un fourrage qu’il faisait le lendemain non loin du quartier du prince, rabattit de son côté comme par hasard, et y trouva un dîner servi qui l’attendait et où tout s’oublia. […] Ses lettres au maréchal se multiplient : il rend compte de ses moindres mouvements, des moindres informations qu’il reçoit ; il tient à faire preuve de déférence, marquant bien que pour chaque observation il n’attend pas de réponse. […] Lœwendal à pied, braquant sa lunette, lui répondit : « Vous savez les ordres de M. le maréchal ; nous les avons remplis ; il faut attendre l’effet des attaques de la gauche. » — « Mais si notre gauche n’attaque pas, répliqua le comte d’Estrées, nous manquons une occasion unique ; le jour s’avance, nous donnons à l’ennemi tout le temps de se rassurer, et la nuit couvrira sa retraite. » — « Voilà de beaux raisonnements, dit Lœwendal ; mais vous êtes aux ordres du prince, et je suis votre ancien. » — « Oui, dit le comte d’Estrées, je suis le cadet, dont j’enrage, mais je suis Français », en se retirant furieux de colère. […] On dut attendre l’effet de l’attaque du centre et de celle de gauche, qu’un autre Clermont, M. de Clermont-Gallerande, n’exécuta point à l’heure voulue : ce qui fit faire des plaisanteries et des épigrammes sur les deux Clermont, mais cette fois tout à l’avantage du prince.

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