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275. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Il faut qu’on lui rende sa juste place d’artiste merveilleux et de poëte secondaire.) […] L’aspect des choses n’est qu’un symbole que l’artiste a la mission d’interpréter. […] Catulle Mendès a les dons d’un très haut Poëte : s’il n’est que le plus inouï des artistes faut-il en accuser lui-même ou son temps ? […] C’est à coup sûr le plus intelligent des hommes, le plus compréhensif et le plus savant des artistes. […] Mendès, est aussi surtout un artiste.

276. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Il voyait comme Flaubert dans la vie d’artiste non une cathédrale, mais une cellule de moine désaffectée. […] S’il s’établit une figure populaire de l’artiste, ce sera une raison pour que l’artiste ne veuille pas lui ressembler. […] Fromentin, lui, se révèle alors moins comme un artiste pur (on ne l’est pas à cet âge et lui ne le sera jamais entièrement) que comme un artiste général. […] Mais, sur ce terrain de la critique d’art, les artistes nous satisferont-ils mieux ? […] Il n’est évidemment aucun artiste qui n’ait produit que des œuvres parfaites.

277. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lafenestre, Georges (1837-1919) »

[L’Artiste (mars 1864).] […] C’est là, sans doute, au sein des spacieuses et lumineuses vallées de la Loire et du Cher, près de ces belles eaux où se reflètent les châteaux d’Amboise, de Langeais et de Chenonceaux, qu’il a subi inconsciemment l’influence des poètes et des artistes du xvie  siècle.

278. (1927) Des romantiques à nous

Le jeune artiste n’avait pas voulu paraître sous son nom. […] Il n’a, comme artiste, vécu ni dans son temps, ni dans aucun temps particulier. […] Aussi bien ces souvenirs illustreront-ils la figure et le génie de l’artiste lui-même. […] Les grands artistes, les vrais inspirés sont toujours simples et naturels. […] Les grands artistes, les vrais inspirés sont absolument exempts de vanité.

279. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

Mais entre les mains de quelques grands artistes, le genre s’éleva et des œuvres puissantes naquirent. […] Sans affectation de profondeur, elle a des analyses pénétrantes, comme, sans jouer à l’artiste, elle sait esquisser de pittoresques silhouettes. […] Ceux qui sont artistes ou philosophes, se réfugient dans le rêve. […] Colomba, Tamunjo, Matteo Falcone, le corps du récit de Carmen, etc. ; Mérimée s’efface ; ce n’est plus qu’un scrupuleux artiste qui s’efforce à faire sortir le caractère du modèle naturel. […] Mérimée, lui, est purement artiste : son œuvre relève de la théorie de l’art pour l’art.

280. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

Destinée bizarre, et qui dénote bien l’artiste ! […] Plus d’un de ces jeux gothiques de l’artiste dijonnais pouvait surtout sembler à l’avance une ciselure habilement faite, une moulure enjolivée et savante, destinée à une cathédrale qui était en train de s’élever. […] Singulière, insaisissable nature, que les gens du monde auraient peine à comprendre et que les artistes reconnaîtront bien ! […] Le réveil ne fut que plus rude ; ce coup de collier en politique l’avait mis tout hors d’haleine ; l’artiste en lui sentait le besoin de respirer. […] Mais, cette fois, sa fierté vaincue céda aux sentiments affectueux, et il appela auprès de son lit de mort l’artiste éminent et bon, qui, durant les six semaines finales, lui prodigua d’assidus témoignages, recueillit ses paroles fiévreuses et transmit ses volontés dernières.

281. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

Ni les grands hommes et les nobles femmes de Balzac n’apparaissent dans les Rougon-Macquart, ni les fervents ambitieux de Stendhal, ni les fins artistes de Goncourt. […] Tout artiste choisit entre les diverses sensations d’un ensemble celles que ses nerfs lui permettent de sentir le plus vivement. […] Nous possédons en lui un artiste composite chez lequel se mêlent en un rare assemblage, les dons du réaliste et certains de ceux de l’idéaliste, sans se nuire, sans que les uns annulent, refoulent ou subordonnent les autres. […] Les uns disent : il faut peindre noble ; les autres, il faut peindre en plein air, il faut peindre clair, il faut peindre d’après nature ; et voilà Claude Lantier qui se met à proférer des malédictions contre les artistes sans aveu, qui fabriquent leurs tableaux dans le « jour de cave » d’un atelier. […] Zola est le seul à donner cette sensation d’humanité vivante et souffrante, et il y parvient, comme tous les grands artistes, en nous montrant des âmes, des êtres moraux.

282. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « À M. le directeur gérant du Moniteur » pp. 345-355

Le grand Gœthe, le maître de la critique, a établi ce principe souverain qu’il faut surtout s’attacher à l’exécution dans les œuvres de l’artiste, et voir s’il a fait, et comment il a fait, ce qu’il a voulu : « Il en est beaucoup, disait-il, qui se méprennent, en ce qu’ils rapportent la notion du beau à la conception, beaucoup plus qu’à l’exécution des œuvres d’art ; ils doivent ainsi, sans nul doute, se trouver embarrassés quand l’Apollon du Vatican et d’autres figures semblables, déjà belles par elles-mêmes, sont placés sous une même catégorie de beauté avec le Laocoon, avec un faune ou d’autres représentations douloureuses ou ignobles. » Il y a donc, selon lui, une part essentielle de vérité, qui entrait dans les ouvrages des anciens, dans ceux qu’on admire et qu’on invoque le plus, et c’est cette part de vérité, cette nature souvent crue, hideuse ou basse, moins négligée des anciens eux-mêmes qu’on ne l’a dit, qu’il ne faut point interdire aux modernes d’étudier et de reproduire : « Puisse, s’écriait Gœthe, puisse quelqu’un avoir enfin le courage de retirer de la circulation l’idée et même le mot de beauté (il entend la beauté abstraite, une pure idole), auquel, une fois adopté, se rattachent indissolublement toutes ces fausses conceptions, et mettre à sa place, comme c’est justice, la vérité dans son sens général !  […] Feydeau cette qualité trop rare aujourd’hui et qui est l’âme de l’artiste, une ardeur, un feu, un foyer, une volonté, l’amour du bien et du mieux dans l’art. […] Enfin, dans la dernière partie où intervient et domine la figure de l’artiste enthousiaste à la fois et un peu misanthrope, Marcel, il se révèle une qualité que la vigueur du romancier avait pu dissimuler quelquefois et qui finit par éclater à son tour ; il y a de l’esprit. L’artiste piqué au jeu s’en est donné à cœur joie et a pris gaiement sa revanche.

283. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. Vitet à l’Académie française. »

L’artiste ou l’écrivain n’ont, après tout, qu’eux-mêmes à confier à leur pinceau ou à leur plume. On ne puise qu’en soi-même, quoi qu’on fasse, et l’on ne met que son âme ou sa vie sur sa toile ou dans ses écrits. » Cette dernière vérité a une portée plus grande et une application plus rigoureuse qu’on n’est tenté de se le figurer, lorsqu’on est artiste de métier et qu’on croit avant tout à la puissance propre du talent et à une certaine verve de la nature. […] De même, pour le talent de l’artiste et du poëte, je dirai qu’il y a une certaine générosité inhérente qui lui est assez ordinaire dans la jeunesse ; mais le développement ultérieur qu’il prendra dépend étroitement de l’usage du premier fonds. Si l’artiste a mal vécu, s’il a vécu au hasard, au seul gré de son caprice et de son plaisir, qu’arrive-t-il le plus souvent lorsqu’il a dépensé ce premier feu, cette première part toute gratuite de la nature ?

284. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Deshays » pp. 208-217

De là cent à parier contre un qu’un tableau dont on prescrira rigoureusement l’ordonnance à l’artiste, sera mauvais, parce que c’est lui demander tacitement de se former tout à coup une palette nouvelle. […] si quelque brillants que l’artiste les fît, ils ne ressembleraient pas à des taches ? […] Il y a une Résurrection du Lazare, sans numéro et sans nom d’artiste, qu’on lui attribue, et qui est certainement de lui. […] L’artiste a prosterné les deux sœurs aux pieds du Christ.

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