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36. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

c’est le même art ! […] Or : affaire de sentiment aussi, l’art ! […] — Non pas hors de l’humanité, l’art égale la vie et il n’v a point d’art sans la vie. […] Le Progrès et l’Art sont deux notions qui s’excluent. […] De nature, d’essence, l’Art est religieux.

37. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « V »

C’est la première condition de l’art d’écrire, et c’est de quoi tout le monde est à peu près capable. […] Ce que nous enseignons, ce serait « la mise en œuvre des procédés de l’art d’écrire préalablement décomposés par un habile homme, tandis que l’art est l’exercice spontané et ingénu d’un talent naturel ».‌ […] Voilà l’art spontané. » Qui vous l’a dit ? […] Vous ne pouvez conclure qu’une chose, c’est que la rhétorique n’y paraît pas et que tout l’art, en effet, consiste à faire disparaître le métier.‌ […] La vérité vraie, c’est que procédés, métier, volonté, travail, sont intimement mêlés dans ce mystérieux exercice de l’art d’écrire ; et rien n’est plus faux que de dire : « Ceci est de l’art parce qu’on ne sent pas la rhétorique, et ceci n’est pas de l’art parce qu’on sent la rhétorique. » 17.

38. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre I. Vue générale du seizième siècle »

L’art s’élimine aussi, par la tendance essentielle de l’esprit français, des autres ouvrages de la pensée. […] La poésie de Marot avait déjà un certain caractère d’art : mais c’était un art mondain, fait d’élégante netteté et de distinction aisée ; car le premier effet de la Renaissance a été de ranimer chez nous la poésie aristocratique. […] De l’esprit et de la distinction, il semble que ce soit tout l’art où nous puissions atteindre : un art charmant et petit, dont la principale affaire sera d’orner les salons et d’amuser les cours, et qui n’aura guère que la grâce d’un bibelot ou la beauté d’un ajustement. […] Restait qu’il acquit la notion et le sens de l’art : ce fut l’office de Malherbe de les lui adapter. Malherbe sauva l’art du naufrage de Ronsard, et, tandis qu’avec Desportes la poésie retournait aux grâces étriquées de la mondanité spirituelle, Malherbe fit d’une main un peu brutale la soudure de l’art antique et de la raison moderne.

39. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

ou tenir le roman pour un art, à qui reconnaît l’art des peintres ? […] Et le moyen, vraiment, qu’il y ait de l’art ailleurs, si l’art est ici ? […] Mais la littérature, art des notions, comme la peinture, art des sensations, ont, sous le développement et la liaison des idées, produit des arts nouveaux, spécialement émotionnels. […] J’ai tenté la création totale de la vie par l’union des arts : mais les arts n’étaient point prêts : vous les préparerez. […] L’art est un et indivisible et les arts se mêlent dans une divine trinité.

40. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « César Daly »

Cela nous charme de voir le philosophe, dans Daly (malheureusement il y est), faire toujours paraître l’histoire à travers et derrière l’art, comme derrière un cristal qui la purifie et la rend plus belle ! […] si l’on tordait un peu ses idées si pleines sur le symbolisme, ou trouverait peut-être pour conclusion que l’art n’est, après tout, qu’il en soit fier ou modeste s’il veut ! […] Et l’art a été fragmenté comme elle. […] L’art qui l’idéalise doit en suivre la destinée. […] Un jour César Daly perdra-t-il, sur la toute-puissance de cet art qui est une véritable religion pour sa pensée, les illusions de tous ceux qui pensent que l’absolu peut se réaliser sur la terre ?

41. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 39, qu’il est des professions où le succès dépend plus du génie que du secours que l’art peut donner, et d’autres où le succès dépend plus du secours qu’on tire de l’art que du génie. On ne doit pas inferer qu’un siecle surpasse un autre siecle dans les professions du premier genre, parce qu’il le surpasse dans les professions du second genre » pp. 558-567

Section 39, qu’il est des professions où le succès dépend plus du génie que du secours que l’art peut donner, et d’autres où le succès dépend plus du secours qu’on tire de l’art que du génie. […] Il lui suffit que la profession qu’il embrasse soit déja réduite en art, et que la pratique de cet art ait une méthode. Il pourroit lui-même inventer l’art et rediger la méthode. La force de son génie, qui lui fait deviner et imaginer un nombre infini de choses, qui ne sont pas à portée des esprits ordinaires, lui donne plus d’avantage sur les esprits ordinaires, qui professeront un jour le même art que lui, après que cet art aura été perfectionné, que ces esprits n’en pourront avoir sur lui, par la connoissance qu’ils auront des nouvelles découvertes et des nouvelles lumieres dont l’art se trouvera enrichi lorsqu’ils viendront à le professer à leur tour. […] On devient grand general et grand orateur dès qu’on exerce ces professions avec le génie qui leur est propre, en quelque état qu’on puisse trouver l’art qui enseigne à les bien faire.

42. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

L’objet de l’art c’est la beauté. […] L’art n’est plus le copiste mais le rival de la nature. […] Il faut donc modifier la fameuse formule et non la détruire : il ne faut pas dire : l’art pour l’art, mais l’art pour le beau, l’art pour le sublime20. […] L’art des anciens fut lyrique et épique ; l’art moderne sera dramatique. […] À l’examen de l’art il a substitué l’esquisse informe de l’art ; au feuilleton de critique, le roman-feuilleton.

43. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Perfection de l’art d’écrire en vers. — Ce qu’il faut penser du Lutrin. […] C’est qu’en effet le purisme le plus étroit est le fond de cet art, qui pourrait être défini l’art de versifier difficilement des bagatelles. […] Boileau écrit l’Art poétique. […] L’Art poétique. […] Art poétique, III.

44. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Sans la Minéralogie, l’Art de la Culture n’existeroit pas. […] Heureux donc qui sent l’enthousiasme de son art ! […] Par une imitation trop éxacte, ses successeurs ont achevé de dénaturer l’art ; & l’art qui ne se renouvelle point, nécessairement se détériore. Or l’art n’est point sorti du premier moule. […] Les beautés de l’Art sont sublimes & variées, simples & touchantes.

45. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 9, de la difference qui étoit entre la déclamation des tragedies et la déclamation des comedies. Des compositeurs de déclamation, reflexions concernant l’art de l’écrire en notes » pp. 136-153

Il permet non seulement au jeune homme qui veut faire du progrès dans l’éloquence d’apprendre l’art du geste ; mais il consent encore qu’il prenne durant quelque-temps des leçons d’un comedien, et qu’il étudie sous ce maître les principes de l’art de la prononciation. […] Ces compositeurs de déclamation élevoient, ils rabaissoient avec dessein, ils varioient avec art la recitation. […] Pour entendre les passages des anciens, qui parlent de leurs représentations théatrales, il me semble necessaire de sçavoir ce qui se passe sur les théatres modernes, et même de consulter les personnes qui professent les arts lesquels ont du moins quelque rapport avec les arts que les anciens avoient, mais dont la pratique est perduë. Tels étoient l’art du geste et l’art de composer et d’écrire en notes la déclamation. […] C’est ce qui prouve, ajoûte cet auteur, que l’art de noter les tons des chants et la déclamation des vers étoit connu dès-lors.

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