/ 2355
583. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Boucher » pp. 196-197

Entre tant de détails tous également soignés, l’œil ne sait où s’arrêter.

584. (1767) Salon de 1767 « Sculpture — Vassé » pp. 323-324

Plus on s’y arrête, plus on aime cette figure.

585. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Rathery »

N’y avait-il donc pas à prendre la question dans un repli plus profond et à montrer que, malgré les différences d’idiome et les nuances de mœurs, ces toiles d’araignées dans lesquelles les petits observateurs sont arrêtés comme des insectes, il n’y a eu, à proprement parler, d’action d’une littérature sur une autre que parce qu’il y avait, au fond de toutes ces littératures, unité de génie et souche commune d’une même race d’esprits ?

586. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

Mais il me semble plutôt que c’est un mot créé par elle et spontanément forgé, une articulation sympathique, qui d’elle-même s’est trouvée d’accord avec toute intention arrêtée et distincte, et qui, par suite, s’est associée à ses principales intentions arrêtées et distinctes, lesquelles sont aujourd’hui des envies de prendre, d’avoir, de faire prendre, de fixer son regard ou le regard d’autrui. […] Supposez qu’un peuple s’arrête à cette idée et rie définisse pas la mort autrement. […] Il s’arrête au-dessous de l’échelon humain.

587. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

On touche ici le fond de l’homme ; car pour expliquer cette conception, il faut considérer la race elle-même, c’est-à-dire le Germain et l’homme du Nord, sa structure de caractère et d’esprit, ses façons les plus générales de penser et de sentir, cette lenteur et cette froideur de la sensation qui l’empêchent de tomber violemment et facilement sous l’empire du plaisir sensible, cette rudesse du goût, cette irrégularité et ces soubresauts de la conception, qui arrêtent en lui la naissance des belles ordonnances et des formes harmonieuses, ce dédain des apparences, ce besoin du vrai, cette attache aux idées abstraites et nues, qui développe en lui la conscience au détriment du reste. Là s’arrête la recherche ; on est tombé sur quelque disposition primitive, sur quelque trait propre à toutes les sensations, à toutes les conceptions d’un siècle ou d’une race, sur quelque particularité inséparable de toutes les démarches de son esprit et de son cœur. […] Quelques-uns, comme les Romains et les Anglais, s’arrêtent aux premiers échelons ; d’autres, comme les Indous et les Allemands, montent jusqu’aux derniers. —  Si maintenant, après avoir considéré le passage de la représentation à l’idée, on regardait le passage de la représentation à la résolution, on y trouverait des différences élémentaires de la même importance et du même ordre, selon que l’impression est vive, comme dans les climats du midi, ou terne, comme dans les climats du nord, selon qu’elle aboutit à l’action dès le premier instant, comme chez les barbares, ou tardivement, comme chez les peuples civilisés, selon qu’elle est capable ou non d’accroissement, d’inégalité, de persistance et d’attaches. […] Qu’y a-t-il au fond d’une religion et d’un art sinon une conception de cette même nature et de ces mêmes causes primordiales, sous forme de symboles plus ou moins arrêtés et de personnages plus ou moins précis, avec cette différence que dans le premier cas on croit qu’ils existent, et dans le second qu’ils n’existent pas ?

588. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

CXCVIII — Mon idée, répondis-je, je n’en sais rien ; je n’en ai eu qu’une dans le cœur quand je t’ai vu garrotté par les sbires et emmené par eux à la mort, je n’ai pas pu me retenir de descendre où tu allais, et je suis descendue à Lucques, comme la pierre qui roule de la montagne en bas dans la plaine par son poids et par sa pente, sans savoir pourquoi et sans pouvoir s’arrêter ; voilà. […]Arrêtez-vous, femme, arrêtez-vous quelques jours comme je me suis arrêté moi-même après avoir entendu, de peur de dévoiler prématurément un mystère qui contient peut-être le salut de vos deux enfants.

589. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Je n’en veux pour preuve que le morceau, si souvent cité et avec raison, de la mort de Raoul : cet Ernaut de Douai qui fuit devant Raoul, la main coupée, demandant grâce à son impitoyable ennemi, secours à tous les amis qu’il rencontre, reprenant haleine, chaque fois qu’un baron de son parti arrête Raoul, piquant son cheval avec désespoir, dès qu il voit son défenseur abattu, cette poursuite sans cesse interrompue et reprise, acharnée, haletante, puis Bernier enfin s’interposant, le combat de Bernier contre Raoul, et la mort de Raoul, combat et mort décomposés en chacun de leurs moments avec une vigoureuse précision, la tristesse du vainqueur, et la rage féroce d’Ernaut qui, se voyant sauvé, se venge de ses terreurs récentes sur son ennemi abattu, voilà, à coup sûr, une scène neuve, rare, émouvante. […] Ou verrait la légendaire figure de ce comte Guillaume qui en 793 arrêta les Sarrasins sur les bords de l’Orbieu et mourut moine au monastère de Gellone qu’il avait fondé, on la verrait attirer à elle tous les vainqueurs régionaux des guerres musulmanes, et se constituer ainsi six frères avec un père ; on la verrait absorber tous les Guillaume du Nord, l’un comte de Montreuil-sur-Mer, un autre possesseur de ce surnom de Court-Nez qui nécessitera le coup d’épée du géant Corsolt, un troisième qui n’était pas un Guillaume, défenseur hautain du faible Louis ; pour s’assimiler ce dernier, elle est obligée d’émigrer, avec tout son cortège d’hommes et de faits, du règne de Charlemagne au règne de son successeur. […] Il fait tomber les murs des villes, et les passions dans les cœurs : il arrête le soleil dans le ciel, l’épée dans la main du guerrier. Il est le grand machiniste de l’épopée : il empêche Ogier de tuer Charlot, fils de l’empereur, parce que le poète qui l’a fait trop obstinément féroce a laissé passer l’occasion de le fléchir ; il arrête le duel d’Olivier et de Roland, parce que le poète ne saurait pas faire un vaincu sans l’amoindrir36.

590. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

» — A cette voix retentissante comme un fracas d’écroulement, le Chœur part d’un cri qui ne va plus s’arrêter. […] Il s’arrêta sur la parole d’un oracle qui l’avertit qu’il travaillait pour un conquérant. — Les Cnidiens, menacés dans leur presqu’île par le satrape Harpage, voulurent couper l’isthme qui lui donnait accès par la terre ferme. […] car je me glorifie d’être ton suppliant. » Le fleuve s’arrête, « se fait tranquille », et le recueille sur le sable de son rivage. — Hésiode a des menaces terribles pour ceux qui souillent la chasteté des eaux vives. — « Ne traverse jamais à pied l’eau limpide des fleuves intarissables, avant d’avoir prié en regardant son beau cours, et d’avoir lavé tes mains dans cette belle eau claire. […] Il y revient avec une insistance indignée : — «  La source ouverte des maux, c’est mon fils qui l’a déchaînée par sa jeunesse insolente : lui qui, chargeant de chaînes comme un esclave d’Hellespont sacré, voulut arrêter le divin Bosphore, changer la face du détroit, et, le captivant par des entraves forgées au marteau, ouvrir à une immense armée un chemin immense.

591. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Première partie. De la parole et de la société » pp. 194-242

Je ne les discuterai point, uniquement parce que je ne veux pas être arrêté par des objections. […] Je pense donc que l’homme aurait été arrêté d’abord par la création du substantif ; mais je ne crois pas, comme Smith, qu’il eût pu y suppléer par l’adjectif : le signe abstrait serait bientôt devenu le signe concret : le système de Smith ne fait donc que reculer la difficulté. […] Au reste, sans entrer dans un tel ordre de recherches qui ne laisserait pas assez de prise à la discussion, je puis m’arrêter quelques instants sur les traces incontestables d’usages antiques. […] Mais ne nous arrêtons point sur une hypothèse qui a l’air d’un jeu de l’esprit.

592. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

Aucun homme vulgairement et passablement organisé ne pourra prendre un intérêt quelconque à ces apparitions grotesques, qui ne font rire que de l’auteur qui a pu les inventer, et qui se succèdent, sans raison d’être et sans s’arrêter une minute, pendant quatre cents pages, lesquelles finissent par jouer cruellement sur les nerfs. […] Le système d’images qui se succèdent s’arrête dans une dernière image. […] Mais s’arrêter n’est pas finir. […] peut-être arrêté et étranglé par l’ennui qu’il se causait à lui-même, et que le lecteur ne finira pas, à coup sûr, plus que lui, mais finira certainement bien avant d’être arrivé, comme lui, au chiffre affreux de quatre cents pages !

/ 2355