Il entre dans son récit à la manière des anciens historiens ; vous croyez entendre Hérodote : « 1º Comme plusieurs ont entrepris d’écrire l’histoire des choses qui se sont accomplies parmi nous ; » 2º Suivant le rapport que nous en ont fait ceux qui dès le commencement les ont vues de leurs propres yeux, et qui ont été les ministres de la parole ; » 3º J’ai cru que je devais aussi, très excellent Théophile, après avoir été exactement informé de toutes ces choses, depuis leur commencement, vous en écrire par ordre toute l’histoire. » Notre ignorance est telle aujourd’hui, qu’il y a peut-être des gens de lettres qui seront étonnés d’apprendre que saint Luc est un très grand écrivain, dont l’Évangile respire le génie de l’antiquité grecque et hébraïque.
Nous apprenons dans le moment que ce Journal n’existe plus.
Dans ce monde des chefs-d’œuvre, il assiste de près au témoignage sublime de Polyeucte, il tressaille d’amour filial avec Antigone ou Rodrigue, d’amour fraternel avec Electre ; il apprend la pitié par l’infortune de Philoctète ; le dévouement de l’Orestie et le cinquième acte de Cinna lui enseignent l’oubli des injures ; l’amour des faibles dans la nature lui est inspiré par Virgile et Lafontaine, ces grands génies aimants.
Michel apprend ce désastre, et le premier mot qui lui vient à la bouche, c’est, j’ai perdu un bon ami. cela vaut bien un bon tableau.
Apulée nous apprend encore que les acteurs de tragédie déclamoient tous les jours quelque chose, afin que leurs organes ne s’enroüillassent pas, pour ainsi dire.
Il nous apprend néanmoins qu’il eut des censeurs de son temps ; et sans doute ces censeurs eurent quelquefois raison ; croit-on que Zoïle même ne l’ait pas eu quelquefois contre Homère ?
Les femmes n’ont désappris la pudeur et la rougeur sainte, elles n’ont perdu les brûlantes beautés de la honte que parce qu’elles ont appris autre chose… Ces envieuses de l’homme ont mis, comme elles mettent un bonnet, ses vices avec ses sciences.
Et c’est là, en effet, ce qui attire le plus d’abord celui qui les ouvre, que ce nom d’une fille qui agit au lieu de parler, et fit, au prix de sa vie, de l’antique réussi, parmi ces collégiens qui puaient la rhétorique apprise et jouaient l’antiquité comme des marionnettes.
Avant l’histoire de Forneron, on savait déjà beaucoup sur ce temps terrible, mais, après cette histoire, je ne crois pas qu’on ait beaucoup à apprendre encore… et même le Forneron des deux derniers volumes surpasse, en renseignements, le Forneron des deux premiers.
Sur ce point le passé ne lui a pas appris l’avenir, et tous les deux ne lui ont pas révélé l’inébranlable nature des choses.