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484. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Le théâtre annamite »

J’aime mieux les nègres les plus dégradés de l’Afrique la plus reculée. […] Il faut élargir son cerveau, afin de tout comprendre et de tout aimer. […] » Oui, je sais, il y a comme cela des gens qui se sont donné pour tâche d’expliquer, et, par suite, d’aimer toutes les manifestations, quelles qu’elles soient, de la vie et de l’art humain à travers les pays et les âges. […] Je ne veux plus aimer que ce qui me donne du plaisir.

485. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Ne réfléchissant pas, il a eu le loisir de vivre et d’aimer. […] Aussi Froude, universellement lu et admiré, n’était-il pas aimé. […] Et maintenant viens près de moi, et dis-moi que tu m’aimes. Jette tes bras autour de mon cou, et dis-moi que tu m’aimes. […] Elle a aimé autrefois un prince qui l’aimait ; et c’est contre son gré, pour obéir à la raison d’État, qu’elle est devenue la femme d’Ottomar.

486. (1890) Dramaturges et romanciers

Il y a des choses qu’on n’aime pas cependant à se dire même à soi-même. […] soit, puisque je ne puis être aimée et que je ne suis pas digne d’être aimée à ce qu’il paraît », voilà tout le raisonnement de l’héroïne. […] Mais aujourd’hui qu’il est maître de lui-même et que son nom a conquis tant de sympathies, nous aimerions à le voir hardi autant que nous avons aimé à le voir prudent. […] Clotilde aimait Raoul ; et lorsqu’elle désespère de s’en faire aimer, elle se venge en se perdant. […] Avant de surprendre la beauté d’un objet, il faut que l’artiste l’ait aimé ; mais il ne l’aime réellement que lorsqu’il a découvert le dernier mystère de l’art, qui est un mystère sacré.

487. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Tu dois même l’aimer. […] Ils me sont fraternels : ils m’aiment et je les aime. […] Tout, autour de toi, t’aime et te bénit. […] Pour moi, je l’aime… Que dis-je ? […] Huysmans, vous aimez, je crois, la peinture.

488. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

On aime aujourd’hui à revenir aux sources, et l’on se pique de former son jugement sur les pièces mêmes : il y aura toujours bien peu d’esprits, je le crois, qui prendront sérieusement cette peine, mais chacun aime du moins à se dire qu’il le peut. […] Bossuet aimait mieux prêcher la parole de Dieu toute simple et toute nue que de prononcer des oraisons funèbres : « Il n’aimait pas naturellement, a dit Le Dieu, ce dernier travail qui est peu utile, quoiqu’il y répandît beaucoup d’édification. » Sentant donc que ce déploiement et cet appareil d’éloquence solennelle le fatiguait en pure perte et ne tournait guère qu’en réputation et en gloire, il aurait cru faire tort à son troupeau que de s’y prêter plus longtemps, et, après ce dernier devoir de reconnaissance payé à la mémoire d’un prince dont l’amitié l’y obligeait, il déclara publiquement de ce côté sa carrière close, réservant désormais toute sa source vive pour des usages comme domestiques et familiers. […] Bossuet, en un mot, reste de tout temps l’homme de la parole de Dieu ; il l’aime, il n’aime qu’elle essentiellement. Isaïe, les prophètes, les psaumes, même le Cantique des cantiques, voilà ses lectures de prédilection et à jamais chères, voilà sur quoi il aimera vieillir et mourir : « Certe in his consenescere, his immori, summa votorum est ».

489. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Chrétien véritable et régénéré, il offrait d’ailleurs à Dieu son humiliation, et quelquefois avec une insigne douceur ; témoin la pièce qui a pour titre : Aimé de Dieu. […] L’auteur nous l’avoue, il aime trop de choses à la fois, mais il nous le dit en poëte : LES CHAINES. J’ai voulu tout aimer et je suis malheureux, Car j’ai de mes tourments multiplié les causes ; D’innombrables liens frêles et douloureux Dans l’univers entier vont de mon âme aux choses. […] Souvent aussi la main qu’on aime, Effleurant le cœur, le meurtrit ; Puis le cœur se fend de lui-même, La fleur de son amour périt. […] si mes doigts jamais ne te rendent sensible, Poëme intérieur dont je suis consumé, Tu chanteras en moi sur la lyre invisible Que l’art suspend au cœur de ceux qui l’ont aimé.

490. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MADAME TASTU (Poésies nouvelles.) » pp. 158-176

Cette pensée rêveuse et tendre aime à revêtir le rhythme le plus exact, à la façon de Béranger, que par cet endroit elle imite un peu. […] c’est que, depuis le baptême, Le mélancolique instrument A tant sonné pour ceux que j’aime L’agonie et l’enterrement ! […] combien sont morts de ceux qui m’ont aimée ! […] L’un, dès les premiers tons de sa lyre animée, A senti sa voix frêle et son chant rejeté, Comme une vierge en fleur qui voulait être aimée Et qui perd sa beauté. […] Son espérance blessée, mais patiente, s’est réfugiée aux perspectives d’un avenir social, terre promise que tant de voix de poëtes aiment à saluer.

491. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Le Brun »

Le Brun aimait les grandes existences à part : celle de Buffon dut le séduire, et c’était encore un idéal qu’il eût probablement aimé à réaliser pour lui-même. […] Sans aucune sensibilité, sans aucune disposition rêveuse et tendre, il aimait ardemment les femmes, probablement à la manière de Buffon, quoiqu’en seigneur moins suzerain et avec plus de galanterie. […] Le Brun dut aimer dès l’abord, chez le jeune André, un sentiment exquis et profond de l’antique, une âme modeste, candide, indépendante, faite pour l’étude et la retraite ; il n’avait vu en Gilbert que le corbeau du Pinde, il en vit dans Chénier le cygne. […] On se souviendra qu’il l’aima longtemps, qu’il le prédit, qu’il le goûta en un siècle de peu de poésie, et qu’il sentit du premier coup que ce jeune homme faisait ce que lui-même aurait voulu faire. […] En fait de mythologie, rien n’égale chez Le Brun la strophe suivante, tirée de l’ode sur le triomphe de nos Paysages, et que Charles Nodier aime à citer avec sourire : La colline qui vers le pôle Borne nos fertiles marais, Occupe les enfants d’Éole A broyer les dons de Cérès.

492. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre II. L’homme »

Ils aimaient les gaudrioles, faisaient des mascarades, vidaient des quartauts, mangeaient des grillades, et n’avaient pas des moeurs exemplaires. « Les communautés d’arts et métiers, dit l’honnête Baugier quelque vingt ans après La Fontaine, « faisaient des emprunts dont la meilleure partie passait en buvettes,7 » et les particuliers allaient du même train. […] Il les aime toutes, et sans préférence, du moins toutes celles qui sont jolies, non point en Don Juan, mais en homme heureux. Il peut en aimer plusieurs ensemble. […] Voilà les louanges qu’il trouvait pour elle. « Vous que l’on aime à l’égal de soi-même. » Voilà le mot par lequel il peignait son sentiment. […] Vis-à-vis des personnages réels, il se perdait dans l’admiration et dans la louange, élevait les gens jusqu’au ciel, les y installait à demeure. « Savez-vous bien que, pour peu que j’aime, je ne vois les défauts des personnes non plus qu’une taupe qui aurait cent pieds de terre sur elle ?

493. (1842) Essai sur Adolphe

Adolphe est las de lui-même et de sa puissance inoccupée ; il aspire à vouloir, à dominer, à parler pour être compris, à marcher pour être suivi, à aimer pour mettre à l’ombre de sa puissance une volonté moins forte que la sienne, et qui se confie en obéissant. […] Ellénore a déjà aimé ; elle a déjà connu toutes les angoisses et tous les égarements de la passion ; elle s’est isolée du monde entier, pour assurer le bonheur de celui qu’elle a préféré. […] Ce qu’il faut au cœur d’Adolphe, ce n’est pas un amour mystérieux et timide ; si toute la terre devait ignorer qu’il est aimé, si son bonheur devait rester dans l’ombre, il n’en voudrait pas. […] S’il aimait une autre femme, s’il s’était laissé prendre à une affection passagère, je concevrais le pardon ; ce serait générosité pure, et la reconnaissance pourrait assurer la fidélité à venir. […] Or il n’y a pas une de ces austères vérités qui ne soit écrite dans Adolphe en caractères ineffaçables : c’est un livre plein d’enseignements et de conseils pour ceux qui aiment et qui souffrent.

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