Nos lecteurs et nos spectateurs veulent se reconnaître dans nos œuvres, y trouver leurs propres pensées avec un reflet même de la « vie courante » : et justement, les Poëtes habitent dans des Rêves où les passants ne sauraient être admis sans la précaution de quelque initiation, brève ou longue, des rêves qui sont précisément le contraire des soins du Tous les jours. […] Mais soit, qu’ils n’aient rien connu ; admettons que l’exclusif angle religieux que subissaient les philosophes et les poëtes, aussi bien que les docteurs, ait aveuglé les uns et les autres : Bossuet sera un père de l’Église qui s’est trompé de date ; Descartes n’aura rien trouvé de mieux que sa Théorie des tourbillons ; Racine ne consistera qu’en vaines subtilités passionnelles où, sans doute, se sera-t-il senti paralysé par la terreur d’être mis à l’index. — Même au fond de cette injustice persiste la vraie grandeur de ces génies : elle consiste en l’exercice qu’ils ont fait de leur faculté de penser. […] Comment faut-il qu’un article soit écrit pour être admis dans la Revue des deux mondes ?
On eût saisi leur esprit, au-lieu de les mettre en lambeaux ; & la scène, aggrandie, auroit admis en son enceinte tout ce qui porte le nom sacré d’homme, le dernier comme le premier ; car ce n’est point l’oripeau d’un habit qui constitue l’éloquence & l’intérêt de l’art. […] La médisance se manifeste moins par méchanceté que pour écarter l’ennui : on sentira aisément que, sous ce point de vue, l’art dramatique n’admet que des tableaux, & qu’on regarderoit comme un perturbateur de la société le Poëte qui livreroit brutalement la guerre à tel ou tel individu.
Tels et Tels, — dont pas un journal ne voudrait admettre pour rien la prose, — même désinfectée, — dans ses colonnes, — je cherche la cause de ce besoin effréné d’un niveau intellectuel, et, — contradiction étrange ! […] ——— La cause de l’insuccès des premiers volumes de l’Histoire de ma Vie, M. de Pontmartin ne l’a point recherchée ; en eût-il été autrement, qu’il se fût refusé à l’admettre.
C’était la nature la plus opposée à celle de son mari, un homme juste, loyal, mais qui s’irritait de toute déception, marquait à la vie des échéances fixes, exigeait qu’elle fût fidèle à ces échéances comme lui-même, commerçant, faisait honneur aux siennes, prenait toute contrariété pour un mauvais procédé, n’avait jamais pu admettre qu’on fût longtemps malade autour de lui, ce qui était malheureusement le cas de sa femme. […] Quand il a raison, c’est avec rudesse et raideur, admet-il.
On se la représente comme une de ces hétaïres que Platon admettait parmi ses élèves. […] Le drame admis, il n’y a plus qu’à louer le comédien. […] L’Espagne seule n’admit jamais ni pacte ni trêve avec Israël. […] L’étiquette admettait les extravagances érotiques.
Parlons-nous doctrine, prétendons-nous — ce que j’admets très bien qu’on soutienne — qu’il faut d’abord de bonnes maximes, après lesquelles et d’après lesquelles viendront les actes bons, plus sûrs, plus fermes, plus solides que s’ils se rattachaient à d’autres maximes, jugées mauvaises, ou que s’ils ne se rattachaient à rien ? […] Jamais chien ne fut à fête pareille, nettoyé du reste par la valetaille, ce que le maître avait ordonné, et ce que Musset approuvait fort, admis aux honneurs de la table et gratifié des meilleurs morceaux, « os de poulet, os de faisan, sans parler de mainte caresse ». […] On lit ailleurs que La Confession d’un enfant du siècle est sans « contredit la meilleure et la plus belle œuvre de Musset ». — « Sans contredit » ; cela est certain, cela est de consentement unanime, cela n’admet même pas la contestation.
Il eut l’idée de se faire admettre à la barre de la Convention, d’y prononcer un réquisitoire (dont il a laissé le plan) contre la Terreur et de se brûler la cervelle après le dernier mot prononcé. […] Étonnez-vous que les femmes soient religieuses et n’admettent jamais que les choses qui ont quelque rapport avec une religion ; et, du reste, fassent des religions, toutes pleines de mystères, de toutes les choses où elles s’attachent ! […] Mlle Bourgain a été admise dans l’intimité de M. […] Plus tard encore, très suspectée de modérantisme, elle se réorganisa, devint plus nombreuse encore qu’elle n’était, admit à peu près tout homme qui était reconnu comme artiste par quelques-uns de ses membres, même les artistes femmes (après longues et vives discussions), même des adolescents de dix-huit ans, même des enfants au-dessous de cet âge (comme non délibérants, il est vrai) ; et s’appela tantôt Société Populaire des Arts, tantôt Société Populaire et Républicaine des Arts.
Il tirait aussi de lui-même bien plus qu’il ne les empruntait à sa longue fréquentation du monde, — de lui-même, c’est-à-dire de son génie et de la conscience de son génie, — une certitude, une aisance de manières merveilleuse, avec une politesse qui admettait, comme un prisme, toutes les nuances, depuis la bonhomie la plus cordiale jusqu’à l’impertinence la plus irréprochable. […] C’est pourquoi j’admets et j’admire la camaraderie en tant qu’elle est fondée sur des rapports essentiels de raison et de tempérament. […] C’est parce que tous les vrais littérateurs ont horreur de la littérature à de certains moments, que je n’admets pour eux, — âmes libres et fières, esprits fatigués, qui ont toujours besoin de se reposer leur septième jour, — que deux classes de femmes possibles : les filles ou les femmes bêtes, l’amour ou le pot-au-feu. — Frères, est-il besoin d’en expliquer les raisons ? […] J’admets tous les remords de saint Augustin sur le trop grand plaisir des yeux.
Nous n’admettons pas qu’un homme se réduise à n’être qu’un artiste.
Dans le rôle de Cascart (le moins banal de la pièce), avec sa lourde face romaine de bel homme rasé et son triangle de cheveux luisants et plats entre les yeux, il est, de pied en cap, le chanteur de café-concert, le chanteur avantageux et gras ; et, en même temps que l’extérieur et l’allure du personnage, il en exprime avec plénitude l’âme molle et paisible, l’expérience toute spéciale et qui ne saurait avoir d’étonnements, le doux cynisme totalement inconscient, cordial, bonhomme, et dont la bassesse n’admet pas un grain de méchanceté.