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2217. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

Je n’avais plus personne, mon fils était en pension… Dans mes rêves creux, je demandais à Dieu une femme pour la protéger, pour être un intérêt dans ma vie… Quand je reçus sa lettre, mes vœux étaient exaucés… Je la voyais, tous les quinze jours, dans un hôtel… jamais chez moi ni chez elle. […] 27 septembre C’est une agonie horrible, le mourant éprouve un sentiment de vide, si douloureux dans le corps, qu’il demande qu’on le remplisse avec des chiffons, de la viande, avec n’importe quoi… De temps en temps, il supplie Dieu, de le faire mourir.

2218. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Dieu sait avec quels tremblements et quelles angoisses ! […] Jamais Dieu ne fut adoré avec plus de ferveur qu’Hugo. […] Le morceau de Pétrone sur la vie privée des Romains irrite plutôt qu’il ne satisfait notre curiosité. » Cette lacune laissée par les historiens des sociétés disparues, Balzac se proposa de la combler pour la nôtre, et Dieu sait s’il remplit fidèlement le programme qu’il s’était tracé. […] N’est-ce pas Alexandre Dumas qui disait de Shakspeare : « Shakspeare, l’homme qui a le plus créé après Dieu » ; le mot serait encore plus juste appliqué à Balzac ; jamais, en effet, tant de créatures vivantes ne sortirent d’un cerveau humain. […] Son large rire épanoui sur ses lèvres sensuelles était celui d’un Dieu bon-enfant qu’amuse le spectacle des marionnettes humaines, et qui ne s’afflige de rien parce qu’il comprend tout et saisit à la fois les deux côtés des choses.

2219. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Dieu, que c’est un cajoleur étrange, Ce fut paisiblement, de vrai, qu’il m’entretint : ………………………………………………… Il me mena danser deux fois sans me rien dire. […] Si je le faisais, je ne saurais en effet m’empêcher, pour répondre à Lessing, de hasarder à mon tour une incursion sur ses terres, de vous parler de Nathan le Sage ou d’Emilia Galotti… et Dieu sait ce que j’en dirais peut-être29 ! […] À Dieu ne plaise qu’il s’y refuse !

2220. (1925) Proses datées

  Porteuse du feu sacré, Judith Gautier était comme la prêtresse du Dieu et en rendait témoignage devant nous. […] Ne dit-il pas, des impressions jetées par là nature dans son âme et par son âme dans ses vers : « Le fond fut toujours un profond instinct de la Divinité dans toutes choses, une évidence, une intuition plus ou moins éclatante de l’existence et de l’action de Dieu dans la création matérielle et dans l’humanité pensante. » Ajoutons qu’en parlant ainsi, Lamartine se définit très exactement. A-t-il jamais, en effet, considéré autrement que comme des moyens employés par Dieu pour former les âmes, les grands sentiments et les grands travaux qui l’occupèrent ? L’amour, la poésie, la politique ont en Dieu leur source et, venus de lui, ils y ramènent.

2221. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Il y a un mot de Bossuet (ou de Fénelon) qui dit : « L’homme s’agite, et Dieu le mène. » Tout le secret de la vie est là ; il faut s’étourdir par l’action.

2222. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

On faisait de cette raison un être à part, subsistant par lui-même, séparé de la matière, logé par miracle dans un corps, n’ayant nulle puissance sur ce corps, ne lui imprimant des impulsions et ne recevant de lui des impressions que par l’intermédiaire d’un Dieu appelé d’en haut tout exprès pour leur permettre d’agir l’un sur l’autre.

2223. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

répliquai-je, « il ne s’agit pas de ce que je veux, mais de ce que je pense. » J’ignore si cette réponse lui a été rapportée, mais je suis bien sûre du moins que, s’il l’a sue, il n’y a attaché aucun sens ; car il ne croit à la sincérité des opinions de personne, il considère la morale en tout genre comme une formule qui ne tire pas plus à conséquence que la fin d’une lettre ; et, de même qu’après avoir assuré quelqu’un qu’on est son très-humble serviteur, il ne s’ensuit pas qu’il puisse rien exiger de vous, ainsi Bonaparte croit que lorsque quelqu’un dit qu’il aime la liberté, qu’il croit en Dieu, qu’il préfère sa conscience à son intérêt, c’est un homme qui se conforme à l’usage, qui suit la manière reçue pour expliquer ses prétentions ambitieuses ou ses calculs égoïstes.

2224. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

À moins donc qu’il ne s’agisse du théâtre où Dieu est le protagoniste central, lequel se reconnaît à ceci, que par le cœur au moins les spectateurs y sont acteurs à la fois, où tous, auteur, acteurs, spectateurs agissent en communion, l’homme de goût préférera, absolument, la lecture.

2225. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

XII Dieu, auquel, par parenthèse, il ne croyait pas, lui avait donné tout ce qu’il fallait pour facilement réussir.

2226. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Trop délicat, trop fin, trop profond, sous sa légèreté apparente, pour le public des journaux qui lit toujours d’un œil distrait ou préoccupé, l’ouvrage en question, fait pour être apprécié dans la plus lente et la plus voluptueuse dégustation de l’intelligence, eut le sort de tant de choses charmantes que Dieu envoie aux hommes et dont ils ne jouissent pas, et il eût péri, sans nul doute, si la plus noble piété envers la mémoire de l’auteur ne l’avait sauvé de l’oubli en le publiant pour la première fois en volume4.

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