Chateaubriand est le Poussin du paysage ; pourquoi mêle-t-il des ambitions étrangères à son magnifique talent de peintre des choses naturelles ?
si on admire, avec juste raison, les esprits d’une puissance dramatique assez grande pour s’incarner dans une autre peau que la leur et devenir, à leur choix, Othello ou Macbeth, le père Goriot ou Vautrin, que ne doit-on pas penser de ceux qui, laissant là la personnalité humaine, s’incarnent dans des êtres étrangers à l’humanité, comme un hêtre ou comme un centaure ?
Tandis que les autres, ceux qui depuis si longtemps ne sont plus que des ossements en terre étrangère (terre allemande si ce sont des prisonniers français, terre française si ce si ce sont des morts allemands). […] Pour revenir au livre du lieutenant Woodberry, concluons en disant qu’il peut être mis au nombre des récits les plus impartiaux de nos guerres qui aient été publiés à l’étranger. […] Le derviche fut témoin un jour d’une bataille rangée, occasionnée par un voyageur étranger que se disputaient deux familles. Trois hommes restèrent finalement sur le carreau, et les vainqueurs emmenèrent triomphalement l’étranger dans la chapelle de leur âzoua. […] Les chefs de famille, exposés à tant de périls, sont obligés de louer des étrangers pour labourer leurs terrains et garder leurs troupeaux.
La nature ne lui est pas entièrement étrangère. […] Plus explicite, est la poésie personnelle du Moyen-Âge, la poésie de Villon : car, pour celle de Charles d’Orléans, elle lui est comme extérieure et étrangère, et cet homme, qui a passé par les pires épreuves, a toute sa vie badiné. […] C’est ce qui la condamne à rester tout extérieure en quelque sorte, c’est-à-dire à demeurer étrangère à la peinture des sentiments délicats pour se complaire dans celle du laid ou de l’horrible. […] L’origine provinciale ou étrangère met aussi sa marque sur les gens. […] Les artistes et les musiciens n’ont pu rester étrangers à toute investigation savante.
Là encore, comme dans les deux cas précédemment cités, on peut dire que « c’est presque toujours par des circonstances accessoires, étrangères à la poésie pure, que le public adopte et épouse un poète10 ». […] Notre scène déjà, en dépit de sa vogue populaire en France et à l’étranger, indique par sa profonde déchéance quel argument on est en droit de tirer du consentement universel. […] L’amour de l’artificiel, l’exotisme, la curiosité des civilisations étranges et étrangères, la recherche de l’impossible et parfois du monstrueux, ne paraissent en être que des manifestations consécutives plus ou moins directes, corroborées d’ailleurs par des confidences et des aveux catégoriques. […] Fut-il avant tout un poète, un adorateur du Beau, en dehors de toutes considérations étrangères ? […] Les différents voyages qu’il accomplit en pays étrangers furent pour son âme la source de joies immenses et immédiates ; en Russie, à Venise, en Espagne il respira comme dans son élément, se déclara heureux et n’abandonna jamais ce bonheur qu’avec tristesse.
Allons, je suis un étranger ici maintenant ; j’ai été fou de venir y perdre mes instants comptés, quand j’aurais dû au contraire revenir sur mes pas, suivre la seule piste un peu sûre, rechercher à tout prix cette vieille femme. […] À quatorze ans, il prévoit la mort ou l’internement de son père, prend ses dispositions, complote avec des ministres étrangers auxquels il fait des confidences que ceux-ci ne veulent pas confier au papier. […] J’abrège : un mois plus tard, Vitu revient pour voir Houssaye : « — Il demeure maintenant tel numéro rue du Bel-Respiro », lui répond un domestique étranger. […] Le gouvernement anglais a toujours laissé les prétendants en exil, et le dernier s’est éteint en terre étrangère. […] Il nous souligne la jalousie du grand Roi contre son frère et son neveu, contre celui qui devait être le Régent et, malgré sa réputation de légèreté, éteindre pour quatre cent millions de dettes auxquelles Louis XIV n’était certes pas étranger.
Ainsi je trouve dans : Profils et Grimaces, cette phrase écrite à Jersey en 1855 : « Ils ont leur monde à eux, étranger au monde de tous. […] Francis Poictevin semble oublier que tout lecteur, et particulièrement le lecteur français, a la haine de l’effort pour comprendre, qu’il a l’horreur, lui qui généralement n’a pas voulu apprendre une langue étrangère, de traduire une langue faite de mots de la sienne. […] Pour lui, la guerre étrangère avait toutes les horreurs de la guerre civile : il perdait deux patries. […] Le volume se termine par le récit de l’occupation étrangère, le détail des mouvements administratifs, des poursuites contre les bonapartistes, la condamnation de La Bédoyère, la réorganisation de la maison du Roi et l’avènement du ministère Richelieu. […] L’étranger n’eût jamais espéré une plus belle revanche de ses défaites, et c’est au zèle d’admirateurs de l’Empereur qu’il la doit !
La duchesse de Bouillon et le duc de Nevers sont peut-être moins coupables, parce qu’ils étaient étrangers d’origine ; mais comment concevoir que des Français conspirent contre l’honneur de leur patrie ? […] Il est certain que Racine s’est vu contraint, pour remplir la mesure ordinaire que la mode exige de nos tragédies, de rompre l’unité, d’appeler à son secours des personnages étrangers, de multiplier les confidens et confidentes, de faire des scènes d’amour inutiles et déplacées, et de démentir tout ce que la tradition nous apprend des usages et du genre de vie des Grecs dans les temps héroïques. […] Mais, défigurée par des comédiens très étrangers à ce genre d’ouvrage, n’ayant pour auditeurs que des hommes corrompus par l’esprit et le ton de la régence, paraissant au milieu de l’effervescence d’une révolution qui se faisait alors dans les mœurs, comment une pareille pièce pouvait-elle être goûtée ? […] Après avoir sacrifié les Juifs à sa haine, le ministre, devenu plus puissant par ce succès même, ne peut manquer d’envelopper Esther et Mardochée dans la proscription générale, en faisant craindre à Assuérus que ces deux étrangers ne conspirent contre sa personne pour venger leur nation : rien n’est plus probable pour quiconque connaît les mœurs et le caractère des despotes de l’Asie. […] En effet, l’esprit de la Bible domine dans Athalie : la pièce est fondée d’un bout à l’autre sur la religion des Juifs ; et c’est parce que cet esprit de l’ancienne loi et des prophètes, ce caractère du gouvernement et de la religion des Juifs sont étrangers à la plupart des spectateurs, qu’ils n’entrent pas assez dans l’intérêt de la pièce.
Jean, quoique son mari, est un étranger, et jamais à la campagne on ne se trahit devant l’étranger ! […] C’est à peu près la sensation d’une messe de mort expédiée en bousculade par un prêtre étranger à un enterrement de pauvre. […] Néanmoins, celui-ci est intelligible, et s’il dépense beaucoup de mots, s’il en emprunte à droite et à gauche aux langues mortes et étrangères, c’est par le souci qu’il a de reproduire exactement l’impression la plus fugitive, la plus déliée. […] Chacun ayant en vénération intime les opinions et mœurs approuvées et reçues autour de lui, ne peut s’en déprendre sans remords… Elle nous fait accuser et combattre nous-mêmes, et à faute de témoins étrangers, elle nous produit contre nous ». […] Rarement j’ai trouvé dans la plume d’une femme, d’une étrangère, une telle énergie, une telle puissance d’impression.
On appelait hybrides12 les enfants d’un père étranger ou d’une mère étrangère : c’étaient des espèces de citoyens bâtards, dont le vice de la naissance se réparait par le mérite, les services, les alliances, la faveur ou la loi. […] , chap. vi), on y trouve plus d’étrangers que de naturels. […] « Avec quelle difficulté ne l’a-t-on pas empêchée de forcer les portes du sénat, et de dicter ses volontés aux nations étrangères ? […] Salvidiénus a loué à des étrangers les magasins dépendants de sa maison (SUETON. […] Celui qui se sera étudié lui-même, sera bien avancé dans la connaissance des autres, s’il n’y a, comme je le pense, ni vertu qui soit étrangère au méchant, ni vice qui soit étranger au bon.