Au contraire, il établit avec une netteté admirable le domaine propre de l’Art et de la Religion ou des religions. […] Car, il n’est pas inutile de le faire remarquer : si Nietzsche établit une analogie entre la tragédie hellénique et le drame wagnérien, ce n’est pas une pure ressemblance de procédés ou de formes qu’il constate. […] Très nettement, Nietzsche établit son point de vue à l’égard du romantisme, dans l’avant-propos du second volume de Choses humaines par trop humaines (1877). […] On a établi, je ne l’ignore point, un autre classement. […] Ils sont préoccupés infiniment plus de la recherche de tournures mélodiques, originales ou personnelles, et d’harmonies savoureuses que de proportions rythmiques bien établies ; et cependant, sans celles-ci, leurs œuvres ne sauraient avoir de vitalité ni exercer d’impression durable, car c’est le rythme seul qui peut établir leur sens général et de qui elles peuvent tirer leur puissance de contagion.
. — Mais à quels signes reconnaîtrons-nous ces sociétés égalitaires si nous n’avons établi, au préalable, ce qui est pour nous l’égalité ? […] Mais est-il empêché, du même coup, de tenir compte des différences individuelles établies par l’expérience ?
On doit considérer à présent ces grandes questions qui vont décider de la destinée politique de l’homme, dans leur nature même, et non sous le rapport seul des malheurs qui les ont accompagnées ; il faut examiner du moins, si ces malheurs sont de l’essence même des institutions qu’on veut établir en France, ou si les effets de la révolution ne sont pas absolument distincts de ceux de la constitution ; enfin, on doit se confier assez à l’élévation de son âme pour ne pas craindre, en examinant des pensées, d’être soupçonné d’indifférence pour les crimes. […] Après avoir bien établi l’importance première de la nature des constitutions, il faudrait prouver leur influence par l’examen des faits caractéristiques de l’histoire des mœurs, de l’administration, de la littérature, de l’art militaire de tous les peuples. […] Ne serait-il pas possible que le genre humain, témoin et victime de ce principe de haine, de ce germe de mort qui a détruit tant d’États, pût chercher et trouver la fin du combat de l’aristocratie et de la démocratie, et qu’au lieu de s’attacher à la combinaison d’une balance, qui par son avantage même, par la part qu’elle accorde à la liberté, finit toujours par être renversée : on examinât, si l’idée moderne du système représentatif n’établit pas dans le gouvernement, un seul intérêt, un seul principe de vie, en rejetant toutefois tout ce qui peut conduire à la démocratie ? […] Cette élection ainsi modifiée, n’établirait-elle pas l’aristocratie des meilleurs, la prééminence des talents, des vertus et des propriétés ? […] Deux motifs de sentiment me frappent surtout ; voudrait-on souffrir une nouvelle révolution pour renverser celle qui établit la république ?
La pensée d’ailleurs est juste, et certes, s’il y avait moyen d’établir la proportion entre le degré de liberté qui peut être accordé par les lois et le degré de vertu qu’indiquent les mœurs, on aurait résolu le problème social ; mais les hommes sont peu bons juges dans cet examen d’eux-mêmes, et Saint-Just, tout le premier, commence par se trouver une très grande dose de vertu ; il se pose dès l’abord en sage : N’attendez de moi, dit-il, ni flatterie, ni satire ; j’ai dit ce que j’ai pensé de bonne foi. […] Ce premier acte d’iniquité et de cruauté, il en fait audacieusement la pierre fondamentale de toute l’œuvre nouvelle : Je ne perdrai jamais de vue que l’esprit avec lequel on jugera le roi sera le même que celui avec lequel on établira la République. […] Il n’était pas sans se rendre compte des difficultés : Tout le monde, disait-il, veut bien de la république, personne ne veut de la pauvreté ni de la vertu… Il s’agit de faire une république d’un peuple épars avec les débris et les crimes de sa monarchie ; il s’agit d’établir la confiance ; il s’agit d’instruire à la vertu les hommes durs qui ne vivent que pour eux. […] En attendant, il ne recule devant aucun moyen pour tenter d’établir ces mœurs à la fois sensibles et inexorables. […] I, p. 136) : Dans ce temps Saint-Just et Lebas, commissaires extraordinaires de la Convention, établirent au quartier général un tribunal qu’ils appelèrent révolutionnaire, mais qui était tel qu’aucun nom ne pourrait le caractériser.
En 1659, il s’établit à Paris, et, pendant dix ans, se dévoue à peu près exclusivement à la prédication. […] Il ne voulait pas s’établir dans les profondeurs de leur conscience, de peur de violer leur liberté et de briser leur activité ; s’il eût voulu y entrer, l’eût-il pu ? […] Il établit soigneusement la base, le caractère, l’étendue du devoir : il marque exactement la source, la nature, la gravité de l’erreur, ou de la malignité qui en écarte les hommes. […] Mais Bossuet ne fait la théorie de la monarchie que parce qu’elle est établie en France : sa doctrine politique, en réalité, n’est liée à aucune forme de gouvernement, précisément parce qu’elle est rigoureusement orthodoxe436. L’Église respecte toutes les puissances établies : aussi Bossuet est-il tout à la fois strictement et largement conservateur.
Les conquérants du Nord, qui avaient si souvent pillé Rome, mêlèrent enfin la politique à la fureur, et voulurent s’établir dans cette ville qu’ils avaient ravagée. […] Il devint conquérant et homme d’état, protégea Byzance, subjugua Rome, la répara et l’embellit après l’avoir conquise, joignit partout les lumières au courage, établit différents tribunaux pour juger les Italiens et les Barbares, et fit en même temps une multitude de lois sages pour réunir les deux nations divisées, à peu près comme le vainqueur de Darius eut le projet de réunir les Grecs et les Perses.
Laissez faire la joie pour que l’égalité s’établisse entre les plaisirs ; la joie a ses symboles qui ne varient point ; elle ne les changera pas plus selon les situations que selon les saisons. […] Dès 1570, un ou même deux théâtres réguliers avaient été établis à Londres. […] C’est dans la vérité dramatique, non dans la vérité historique, qu’il établit son domaine. […] Il a suffi au peintre d’établir, entre le personnage et le spectateur, un premier rapport qui ne varie plus. […] Dans cet état de la société, un nouveau système dramatique doit s’établir.
Comme c’est une partie commune et essentielle par l’usage à toutes les tragédies, il est important d’établir là-dessus quelques principes qui puissent regler le jugement qu’on en porte. […] J’aurois contredit, par un des personages, la vérité que j’aurois établie par l’autre. […] Quand on établit des principes pour justifier sa conduite, ils sont suspects, puisqu’on en a besoin : mais quand on en établit contre sa conduite même, il y a lieu de croire qu’on ne consulte que la raison. […] On ne sauroit me reprocher de m’être affranchi d’aucune des contraintes établies. […] Voilà tout ce que j’établis dans ce premier morceau ; et vous le laissez dans son entier, puisque vous n’en avez rien combattu.
L’idée en elle-même est belle, mais peut-être faut-il regretter qu’un concours soit nécessaire pour établir la supériorité de l’élu. […] Les artistes de la Renaissance n’ont eu que le culte du Beau, les Hellènes du temps de Périclès ne pouvaient établir leurs certitudes sur des données positives. […] J’ajoute que l’expérience confirme ce que le raisonnement démontre et ce que la tradition établit. […] Ce sont là des ensembles de faits qu’on ne saurait méconnaître ou nier, et qui établissent jusqu’à l’évidence qu’il y a là un mode d’expression poétique, peut-être encore imprécis et mal défini, mais qui se fera de plus en plus sa place dans la poésie de l’avenir. […] Ce qui doit sembler surtout désirable, c’est de chercher à établir des concordances évocatrices et de découvrir des rapports réels que nous ignorons encore.
On a cherché à établir une contradiction entre les paroles et les écrits de Frédéric, adepte de la philosophie, et ses actions comme roi et comme conquérant. […] Et, par exemple, je ne vois pas, dans les histoires qu’il a écrites, un mot qu’il n’ait justifié dans sa conduite et dans sa vie : Un prince, disait-il et pensait-il, est le premier serviteur et le premier magistrat de l’État ; il lui doit compte de l’usage qu’il fait des impôts ; il les lève, afin de pouvoir défendre l’État par le moyen des troupes qu’il entretient ; afin de soutenir la dignité dont il est revêtu, de récompenser les services et le mérite, d’établir en quelque sorte un équilibre entre les riches et les obérés, de soulager les malheureux en tout genre et de toute espèce ; afin de mettre de la magnificence en tout ce qui intéresse le corps de l’État en général. […] Tout ce qu’il voulait, il le fit ; il dégagea hautement la position et la fonction de la Prusse, créa un contrepoids à la maison d’Autriche, établit dans l’Allemagne du nord un foyer de civilisation, un centre de culture et de tolérance. […] Il s’étend sur ce règne avec complaisance ; il va même jusqu’à oser établir un parallèle entre ce petit prince du Nord et Louis XIV dans sa gloire : sauf deux ou trois traits un peu fleuris et trop mythologiques, sauf un léger accent oratoire qui perce çà et là, cette comparaison fournit à une belle page historique et d’une véritable élévation.