cela, Messieurs, c’est le patrimoine ; il ne faut pas que cela périsse dans le tumulte d’une insurrection, ni dans les clameurs d’un triomphe ; cela, Messieurs, qui peut parfaitement s’allier à la noblesse, à l’élévation, même au transport lyrique, et à la profonde émotion et à la grandeur ; cela, Messieurs, sera conservé. […] Si l’on voulait, à toute force, mon avis sur ce point, je dirais peut-être que Goethe me paraît avoir été pénétré d’esprit romantique depuis le commencement jusqu’à la fin, ayant été tout imagination, et son imagination ayant toujours eu le besoin ou le goût de partir d’une émotion personnelle pour se déployer ; et pour moi, ce sont là précisément les deux marques essentielles de l’esprit romantique. […] Ce n’est pas l’actualité qui m’y contraint, c’est l’émotion de tout mon être intellectuel, le sentiment de l’immense perte que vient de faire la pensée humaine, je ne sais quelle sensation intime et profonde d’abandonnement et d’orphelinat. […] Henriette excuse son frère de la manière suivante, qui, comme le train entier de l’univers, paraîtra « comique à ceux qui pensent et douloureux à ceux qui sentent » : Personne ne peut comprendre plus vivement que moi, Monsieur et bien cher ami, l’émotion douloureuse sous le poids de laquelle vous avez écrit votre dernière lettre à mon frère et dont l’écho est venu nous affliger dans la magnifique solitude où nous sommes en ce moment.
Les grandes émotions qu’inspire la nature sauvage n’ont point cessé d’exister, et les bois conservent encore pour nous leur formidable divinité42. » L’excellent critique que nous avons déjà cité soutient encore qu’il y a des peuples païens qui ont connu la poésie descriptive.
. — Si Shakespeare avait fait une psychologie, il aurait dit avec Esquirol : L’homme est une machine nerveuse, gouvernée par un tempérament, disposée aux hallucinations, emportée par des passions sans frein, déraisonnable par essence, mélange de l’animal et du poète, ayant la verve pour esprit, la sensibilité pour vertu, l’imagination pour ressort et pour guide, et conduite au hasard, par les circonstances les plus déterminées et les plus complexes, à la douleur, au crime, à la démence et à la mort2. » Lisez les lettres authentiques d’Abélard : il discute toujours ; il démontre par arguments et citations les sentiments les plus simples, les émotions les plus vives. […] Mais, à la vérité, il est difficile d’assigner quelle est, dans l’émotion musicale, la part de l’âme, la part des sens. […] Il entasse chefs-d’œuvre sur chefs-d’œuvre pour payer son pain de chaque jour, De là tant d’accents pathétiques et ce trésor d’émotions humaines !
. — La mythologie, vivante encore chez Ronsard, n’est plus qu’une « machine » chez Malherbe ; — et les « figures » n’y sont plus des peintures de son émotion, mais de simples « ornements » du discours. — Son manque de sensibilité. — C’est de sensibilité, si c’est de chaleur, que le mouvement manque dans ses Odes, et encore plus de variété. — Son manque enfin de naturel. — Mais il a en revanche le sens du développement logique ; — celui de l’harmonie oratoire ; — le goût de la chose bien faite. — Ses théories sur l’importance et sur la richesse de la rime ; — sa sévérité de grammairien [Cf. […] 2º L’Homme et l’Écrivain. — Origine et jeunesse de Boileau ; — le Palais en 1640 ; — grande robe, moyenne robe, petite robe. — Les « études théologiques » de Boileau ; — ses études de droit ; — ses premières pièces ; — la composition des premières Satires, 1660, 1661 ; — les Stances pour l’École des femmes, 1662. — Liaison de Boileau avec Molière, La Fontaine et Racine. — Encore le Cabaret du Mouton blanc. — La Dissertation sur Joconde. — Lecture des Satires dans les compagnies. — Le recueil de Hollande, 1665. — Boileau se résout de se faire imprimer, 1666. — Émotion produite par les premières Satires [I, VI, VII, II, IV, III, V] — et particulièrement dans la « Société précieuse ». — Répliques de Cotin : La Satyre des satyres, 1666, — et de Boursault, 1669. — Leur violence injurieuse. — Courage et persévérance de Boileau. — Le Discours sur la satire, 1668. — Coalition des ennemis de Boileau. — Chapelain et les Perrault l’empêchent d’être inscrit « sur la liste des bienfaits du Roi » ; — et essaient de l’empêcher d’obtenir le privilège nécessaire pour l’impression de ses œuvres ; — pendant que M. de Montausier le menace de voies de fait. — L’Épître au Roi ; — Boileau la fait présenter au roi par Mme de Montespan ; — et à ce propos des services rendus aux gens de lettres par Mme de Montespan, — qui expliquent, sans les excuser, les flatteries qu’ils lui ont tous ou presque tous adressées. — Pouvaient-ils être plus prudes que Vivonne, le frère de la dame ? […] L’Apologiste des Modernes. — Les Parallèles des Anciens et des Modernes, 1688-1696. — Émotion qu’excitent ces dialogues ; — Boileau et Perrault ; — Perrault et La Bruyère ; — le but de l’œuvre et la thèse de Perrault [Cf. ci-dessous La Querelle des Anciens et des Modernes]. — Politesse et courtoisie de Perrault, dans la discussion. — Qu’il y a d’ailleurs de fort bonnes choses dans les Parallèles. — Comment il faut les lire ; — en ne lui imputant que les opinions de l’Abbé de ses Dialogues. — Réconciliation de Perrault et de Boileau. — La publication des Hommes illustres de ce siècle, 1696-1700.
Cet événement a produit une grande émotion parmi tous les ordres de l’État. […] C’est à peine le ton d’une lettre ; encore ne faudrait-il pas l’avoir écrite dans un premier moment d’émotion. […] Vous ne la verrez pas, vous ne l’écouterez pas sans émotion ; et s’il est possible de faire quelque chose pour elle et pour son mari, je suis sûr que vous vous en féliciterez.
Vous devez la lire tel jour, à telle heure ; l’émotion coulera-t-elle à point nommé comme quand on tourne un robinet ?
Ce sont là de nobles paroles, dont la noblesse n’est égalée que par la sincérité de l’émotion qui les anime ; et certes, aucun rêve, — si les expressions du Saint-Père lui-même nous autorisent peut-être à nous servir de ce mot, — ou aucune espérance, ne saurait mieux convenir et aux aspirations de cette fin de siècle, et au caractère de l’illustre vieillard qui gouverne à peu près souverainement la croyance de 200 millions d’hommes.
L’émotion vive de l’âme laisse, même après qu’elle est passée, des traces sur le visage qu’il n’est pas difficile de reconnaître.
« George Sand, ce talent ni vigoureux, si franc, qui s’est révélé tout entier si vite, et si vite emparé des honneurs d’une position suprême et incontestée ; George Sand, cette parole retentissante et presque souveraine, cette âme enthousiaste et dévouée, mais inconstante, est un auxiliaire que les camps les plus hostiles se disputent, une force dont chacun voudrait faire croire qu’il dispose à son tour… Âme douée d’une sensibilité qu’on peut appeler terrible ; d’une puissance de désir, d’un besoin d’émotions et d’enthousiasme qu’on peut appeler plus terrible encore.
Enfin, si le second acte est forcément un peu aride, le premier est un très cordial tableau d’intérieur bourgeois, et le quatrième contient des scènes d’une émotion piquante. […] J’ai vu, j’ai touché, avec respect, avec émotion.