L’archevêque de Salzbourg marchande le père et le fils aux appointements de 500 francs par an ; Wolfgang part sur ces offres pour l’Allemagne : ses concerts lui payent son voyage. « J’ai encaissé hier à Strasbourg trois louis ! […] XVIII « Arrivé à Castelfranco, dit-il, et désirant savourer de toutes les manières possibles les délices et les surprises du retour que je me promettais, je laissai ma jeune et belle compagne de voyage seule à Castelfranco, et je lui donnai rendez-vous pour nous rejoindre à Trévise. […] Comme je n’avais jusque-là parlé ni peu ni beaucoup de ma chère compagne de voyage, je pensai que c’était le moment opportun de faire mention de mon bonheur à la famille ; et, pour ramener sur les lèvres la gaieté que les larmes mal contenues du père avaient contristée sur les visages, je parlai ainsi : « Ne pensez pas pourtant, mesdemoiselles mes sœurs, que je sois venu seul de Londres revoir mon pays ; j’ai amené avec moi une belle jeune femme qui a dansé comme vous sur ce théâtre, et que j’aurai probablement le plaisir de vous présenter, demain ou après-demain, comme une huitième sœur. — Est-elle vraiment aussi belle que vous la faites ? […] Comme mon intention était de revenir promptement à Cénéda, avec ma femme, je me proposais d’emmener avec moi au-devant d’elle, dans ce petit voyage, la plus jeune de mes sœurs, Faustina, et mon plus jeune frère, Paulo, qui avait connu autrefois ma femme pendant qu’elle était encore ma fiancée à Trieste. […] Je pensais que c’était dans l’intention de me souhaiter un heureux voyage et un prompt retour ; pas du tout : c’était pour me conjurer, d’une voix unanime, de ne pas emmener avec moi la belle Faustina ; et comme ces supplications avaient presque l’accent de la défiance et de la menace, je dus promettre avec serment que je la ramènerais à Cénéda avant que trois jours fussent écoulés.