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383. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

M. de Régnier est surtout un droit et pur artiste ; son vers a des lignes bien tracées, des couleurs transparentes et rares disposées avec justesse ; il démontre une grande probité d’écriture, un idéal d’art austère, la volonté d’un homme qui garde haute sa conscience. […] Cependant, par une défaillance peut-être de la volonté, cela ne va pas toujours jusqu’à l’ininterrompue continuité des formes, jusqu’à leur cohésion décisive en l’unité du livre ou même de chaque poème, — j’y ai fait allusion en même temps qu’à sa tendance vers l’allégorie ; et, marquée d’un défaut qu’on dirait contraire, cette expression rigoureuse et sûre peut amener de la monotonie. […] On devine aussi que ces lèvres ont des paroles à proférer et qu’elles les articuleront malgré tout, avides d’être écoutées ; il y a là une volonté, ferme et nerveuse à la fois, qui prétend s’imposer et s’impose véritablement, parce qu’elle avertit l’homme de lui-même et s’appuie sur notre propre force.

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