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246. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

Très-Français et très-Normand malgré l’origine allemande de son nom, lecteur d’Oswald et de René, il était de ces âmes que l’élégie et la romance de Millevoye attiraient plus que les joyaux de l’abbé Delille, et auxquelles la voix de Lamartine et de Victor Hugo est venue apprendre ce qu’elles pressentaient, ce qu’elles soupiraient vaguement. […] Tout ce que la parole invente de tendresse, Ce que disent les yeux et leur vive caresse, La voix, le sourire et les pleurs, De ce divin langage et des mots qu’il t’adresse N’égaleraient pas les douceurs. […] Après bien des détours dans l’ombre et sur la mousse L’aurore avec le jour amenait les adieux : En me disant demain, que sa voix était douce Que loin, en la quittant, je la suivais des yeux ! […] Mais tous sourient à ce beau temps inespéré des jours avancés de l’automne ; leurs conversations, plus animées que de coutume, renferment, entre autres, une phrase que j’entends depuis quelques jours avec un attendrissement inexprimable ; elle est répétée, commentée sur tous les tons, de toutes les manières, avec des inflexions de voix qui me vont à l’âme : « Quel beau temps pour nos blés !  […] détourne la vue De ton étincelant berceau, De peur qu’une voix dans la nue Ne rappelle un Ange si beau.

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