110 C’est qu’il a vécu avec eux, Il allait dans les bois, sur la mousse, dans les sentiers, parmi les terriers et aussi dans les étables, le long de la mare des fermes, dans les poulaillers. […] Les chèvres le broutent à mesure qu’il verdit ; le vent le secoue ; il a peine à vivre et s’accroche par ses racines tordues au sol qui s’effondre : ses graines, qui tombent sur la pente pierreuse, meurent ou avortent. […] Nous n’avons plus dans l’esprit de forme précise dont nous souhaitions l’accomplissement, ou dont nous redoutions la gêne ; nous nous laissons vivre ; nous nous trouvons à l’aise ; nous sommes comme au bord d’un fleuve, occupés à suivre les petits flots qui se dressent et luisent, contents de suivre leurs teintes verdâtres, de voir l’eau transparente regorger et s’étaler sur la grève où elle aboutit. […] 113 Si vous avez vécu à la campagne, vous avez remarqué de quelle façon les oiseaux boivent ; leurs petits pieds fins se posent sur la grève, ils effleurent de leur bec le courant, prennent une goutte, et avec un mouvement lent et souple, la font couler tout le long de leur gosier. […] Tant d’esprit et de courage, une si bonne tournure et une physionomie si expressive, ce génie inventif et ces inclinations de gourmet, le destinaient à vivre aux dépens d’autrui, à se cantonner dans le pays des riches aubaines, la cour, et à venir puiser le plus près possible à la source des grâces.