/ 2783
1550. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Un homme qui ferait deux fois, qui recommencerait, qui vivrait, qui jouerait deux fois sa vie ne serait point un homme, une misérable créature pécheresse et précaire ; un chrétien ; il serait un être imaginaire, un Faust. […] Et l’on peut me réduire à vivre sans bonheur, Mais non pas me résoudre à vivre sans honneur. […] Premièrement, (et c’est utile à dire, il faut le dire pour un moderne, pour un homme qui vivait en un temps moderne, où tant de gens le sont qui ne le croient pas, pour un homme qui vivait dans le temps moderne, dans le monde moderne, temporellement chez les modernes), premièrement en ce qu’il n’était nullement chrétien. […] Et comme cet homme vivait tout de même en son temps, vivait tout de même vingt siècles après Jésus-Christ, post Christum natum, comme il vivait plus ou moins dans un monde chrétien, comme il croyait plus ou moins sincèrement être ou avoir été chrétien, deuxièmement, au deuxième degré ce poème païen entre tous, temporel, charnel entre tous, (mais peut-être, mais surtout pour quelle raison mystérieuse), cet éminent poème éminemment païen, éminemment temporel, éminemment charnel, tout plein de la moisson, du blé charnel, de la vigne et du vin charnel, tout plein de la terre et du ventre porte précisément, revient, recoupe précisément à faire, à être la seule vue païenne que nous ayons du mystère de l’incarnation, du mystère de l’insertion charnelle et temporelle, enfin le seul regard venu du côté païen, de la situation païenne, la seule considération, la seule contemplation charnelle païenne, antérieure, terrienne, toute terreuse et toute antique. […] Nous avons si peu de commerce avec les princes et les autres personnes qui vivent dans le Serrail, que nous les considérons, pour ainsi dire, comme des gens qui vivent dans un autre siècle que le nôtre.

/ 2783