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578. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Il y a plaisir en tout temps à ces sortes d’études secrètes, et il y aura toujours place pour les productions qu’un sentiment vif et pur en saura tirer. […] L’œuvre de destruction commençait alors à s’entamer au vif dans la théorie philosophique et politique ; la tâche, malgré les difficultés du moment, semblait fort simple ; les obstacles étaient bien tranchés, et l’on se portait à l’assaut avec un concert admirable et des espérances à la fois prochaines et infinies. […] La faculté philosophique du siècle avait donc besoin, pour s’individualiser en un génie, d’une tête à conception plus patiente et plus sérieuse que Voltaire, d’un cerveau moins étroit et moins effilé que Condillac ; il lui fallait plus d’abondance, de source vive et d’élévation solide que dans Buffon, plus d’ampleur et de décision fervente que chez d’Alembert, une sympathie enthousiaste pour les sciences, l’industrie et les arts, que Rousseau n’avait pas. […] En prononçant le nom de femmes, nous avons touché la source la plus abondante et la plus vive du talent de Diderot comme artiste.

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