La diplomatie du vieux monde a fini son ère le jour où la révolution française a commencé la sienne. […] L’un était l’esprit des hautes classes, y compris le club des Jacobins, les hommes de paroles, de systèmes, d’utopies, de réformes, de liberté, d’égalité pratiques : ceux-là regardant la paix et la fraternité entre les peuples comme le premier bienfait de la révolution ; les autres, passions populaires et soldatesques plus qu’intelligentes, vociférant la guerre universelle à grands cris, et surtout la guerre à l’Angleterre, par ce vieux ressentiment hébété qui fait partout appel à son bras, ne pouvant pas faire appel à sa tête, brutalité des places publiques et des casernes, qui n’a pour diplomatie que des vociférations et pour traités que des levées en masse. […] précisément le contraire de cette pensée, c’est-à-dire l’invasion de l’Espagne, l’expulsion de sa vieille dynastie, l’usurpation purement vaniteuse d’une dynastie napoléonienne sur le trône de Charles-Quint et de Louis XIV ; la trahison de Bayonne, où toute une dynastie est prise au piège prémédité d’une fausse conciliation entre le père et le fils ; enfin une guerre de conquête dynastique qui coûte à la France un million de ses meilleurs soldats, à l’Espagne des flots de sang, et à notre alliance un empire. […] Casimir Périer, il laissait voir sur son visage, pâle, ridé, et cependant toujours gracieux, de vieux diplomate, une auréole de satisfaction honnête et puissante, qui semblait dire : Cette diplomatie, tant calomniée par l’ignorance du vulgaire, a aussi sa foi ; car elle a aussi sa vertu. […] Le roi, encore valide, et le vieux diplomate expirant, s’enfermèrent sous le rideau du lit pour que personne n’entendît leur entretien.