Et dès cinq heures du matin chi, chi, boum boum, le bois qu’on scie pour la soupe, et la tombée des bûches, et le feu qu’on souffle, et le lourd départ, puis, quelques heures après, la dégringolade par l’escalier de toute la marmaille de la maison dans les vieux souliers, les souliers trop larges de leurs pères et mères. […] Devant moi une grande roue, et sur la roue le bras nu d’un homme, la manche relevée ; à côté, le dos d’un autre homme en blouse grise, encrant et chargeant une planche de cuivre sur la boite, l’essuyant avec la paume de sa main, la tamponnant avec de la gaze, la bordant et la margeant avec du blanc d’Espagne ; aux murs deux caricatures au fusain attachées par des épingles ; dans un coin un vieux coucou qui semble respirer bruyamment chaque seconde de l’heure ; au fond, au milieu de grands cartons debout sur deux rayons, un poêle en fonte, au pied duquel est aplati un chien noir dormant et ronflant. […] Et comme, à la fin, nous nous mettons à causer des deux livres auquels nous travaillons, lui aux Borgia, nous aux Maîtresses de Louis XIV, nous nous avouons que ce sont des sujets diantrement embarrassants, pour ne pas compromettre deux vieilles choses que nous respectons, — peut-être parce qu’elles sont vieilles — la Papauté et la Royauté. […] * * * — Dans les troubles de l’art, à la fin des vieux siècles, quand les nobles doctrines sont mourantes, et que l’art se trouve entre une tradition perdue et quelque chose qui va naître, il apparaît des décadents libres, charmants, prodigieux, des aventuriers de la ligne et de la couleur qui risquent tout, et apportent en leurs imaginations, avec une corruption suave, une délicieuse témérité. […] Et jusqu’au comique qui se trouve mêlé au tragique, quand les restes de l’armée en guenilles s’affublent de turbans du théâtre de La Flèche, et qu’on se fait fusiller dans de vieux jupons.