S’agit-il d’expliquer l’embarras d’un jeune homme obligé de choisir une carrière parmi les convoitises et les doutes de l’âge où nous vivons, il vous montre1393 « un monde détraqué, ballotté, et plongeant comme le vieux monde romain quand la mesure de ses iniquités fut comblée ; les abîmes, les déluges supérieurs et souterrains crevant de toutes parts, et dans ce furieux chaos de clarté blafarde, toutes les étoiles du ciel éteintes. […] Le génie de l’Angleterre, bien plus semblable à une autruche vorace tout occupée de sa pâture et soigneuse de sa peau, présente son autre extrémité au soleil, sa tête d’autruche enfoncée dans le premier buisson venu, sous de vieilles chapes ecclésiastiques, sous des manteaux royaux, sous l’abri de toutes les défroques qui peuvent se trouver là ; c’est dans cette position qu’elle attend l’issue. […] Il n’y a pas d’autruche tout occupée de sa grossière pâture terrestre, et la tête enfoncée dans de vieilles défroques, qui ne soit éveillée un jour d’une façon terrible, à posteriori, sinon autrement1401. » C’est par cette bouffonnerie qu’il conclut son meilleur livre, sans quitter l’accent sérieux, douloureux, au milieu des anathèmes et des prophéties. […] Il bondit par saccades effrénées d’un bout à l’autre du champ des idées ; il confond tous les styles, il entremêle toutes les formes ; il accumule les allusions païennes, les réminiscences de la Bible, les abstractions allemandes, les termes techniques, la poésie, l’argot, les mathématiques, la physiologie, les vieux mots, les néologismes. […] Je voudrais faire lire le commentaire dont il entoure la chronique du moine Jocelyn1412 pour montrer l’impression qu’un fait prouvé produit sur une telle âme, tout ce qu’un vieux mot barbare, un compte de cuisine y soulève d’attention et d’émotion. « Le roi Jean sans-Terre passa chez nous, écrit Jocelyn, laissant en tout treize pence sterling pour la dépense (tredecim sterlingii). » « Il a été là, il y a été, lui, véritablement.