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653. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Charles Monselet »

Cela n’est plus de ces espèces de vins joyeux qu’il a si largement versés et sablés toute sa vie, ce sont les gouttes précieuses d’un Lacryma Christi poétique des plus rares, et qui mérite ce nom mélancolique ; car il verse au cœur moins l’ivresse qu’une divine mélancolie. […] Elle a parfumé non pas tous, mais quelques-uns de ses vers, et ces vers-là sont ses vrais vers parmi tous les autres, et ce sont ceux-là qui encharmeront le lecteur d’un recueil qu’il publia sur le tard, comme pour ajouter la tristesse de la vie écoulée à leur tristesse. […] c’est la faute de la vie s’il n’y en a pas davantage. […] Les attitudes naturelles de son esprit faisaient illusion sur sa vie. […] et ce que j’aime et veux vous montrer, c’est le Monselet nouveau, le Monselet inconnu tendre et chaste, et de cette nuance de mélancolie qui est le velouté de l’âme des poètes et que rien de la vie qu’ils ont menée ne détruit, quand une fois ils l’ont.

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