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545. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

À la comtesse de Grammont, railleuse et piquante, Fénelon conseillait de jeûner de conversation mondaine ; au duc de Chevreuse, spéculatif et renfermé en lui-même, il conseille de jeûner de raisonnement : « Quand vous cesserez de raisonner, vous mourrez à vous-même, car la raison est toute votre vie… Plus vous raisonnerez, plus vous donnerez d’aliment à cette vie philosophique. […] Telle est la vie secrète d’un esprit curieux, tourné au raisonnement, qui se possède par méthode philosophique, et qui veut posséder de même tout ce qui l’environne… Qui voudrait à tout moment s’assurer qu’il agit par raison, et non par passion et par humeur, perdrait le temps d’agir, passerait sa vie à anatomiser son cœur, et ne viendrait jamais à bout de ce qu’il chercherait. […] On ajoute qu’il demeure content de sa vie obscure, dans l’avilissement et dans le mépris public. […] Le duc de Bourgogne, à cette date, n’était plus un enfant, il avait vingt-six ans : mais il avait conservé bien des puérilités de sa première vie ; il ne représentait pas au-dehors ; il manquait de décision et de vues dans le conseil ; il ne paraissait pas d’une valeur incontestable dans les occasions. […] C’est le même dégoût de la vie, mais avec je ne sais quoi de plus prochain qui le corrige.

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