Sa vie fut celle d’un philosophe, sa mort fut celle d’un chrétien. […] Avec sa prévoyance, il comprit son état et n’eut rien de plus à cœur que d’appeler le médecin de l’âme, pour lui faire, en vrai chrétien, la confession générale des manquements et des fautes de toute sa vie. […] Lui, cependant, ne refusait rien, ne montrait aucune répugnance pour ce qu’on lui offrait, non qu’il se flattât de l’illusion de prolonger sa vie, mais parce qu’il craignait en mourant de faire la plus légère offense. […] Ce qui nous console dans ce grand deuil général, ce sont ses enfants, si éminemment dignes de leur père, et Pierre, l’un d’eux, leur aîné, qui, à peine dans sa vingt et unième année, soutient le poids des affaires de toute la république avec une gravité, une sagesse et une autorité telles, qu’il fait croire à une vie nouvelle du père dans son fils. […] Dans la nuit de la mort de Laurent, une étoile plus grande et plus brillante qu’à l’ordinaire, se levant sur le faubourg de la ville dans lequel mourut Laurent, parut perdre peu à peu de son éclat et s’éteindre au moment même où l’on apprit qu’il venait de quitter la vie.