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558. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Le nom longtemps inconnu est lancé et relancé à la tête des combattants ; criblé tour à tour d’auréoles ou d’invectives, ce nom se répand dans le combat ; les livres se popularisent dans la dispute ; l’un y cherche des ridicules, l’autre des oracles ; tout le monde y découvre un prodigieux style et une forte vertu. […] Il y avait un abîme de vices et un abîme de vertus entre Rabelais et l’abbé de Maistre ; la bêtise seule, la bêtise pure, la bêtise qui s’ignore, qui s’enfle et qui jouit naïvement d’elle-même, était enregistrée dans ces pages ; le rire qui en sortait était franc, mais point méchant : l’abbé de Maistre mettait de la charité même dans le ridicule. […] Tel est le livre, nul comme prophétie, violent comme philosophie, désordonné comme politique (relisez le chapitre sur la glorieuse fatalité et sur la vertu divine de la guerre ; cela est pensé par un esprit exterminateur et écrit avec du sang). […] Cet amour-propre n’enlevait rien à sa vertu, mais il transpirait souvent dans sa correspondance. […] Quelle morale que celle où le temps transforme le crime en vertu !)

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