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511. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Introduction »

Cette élection ainsi modifiée, n’établirait-elle pas l’aristocratie des meilleurs, la prééminence des talents, des vertus et des propriétés ? […] Est-ce la sensibilité, est-ce la vertu qui n’est qu’un fantôme ? […] Tout ce qu’il faut de mouvement à la vie sociale, tout l’élan nécessaire à la vertu existerait sans ce mobile destructeur : mais, dira-t-on, c’est à diriger les passions et non à les vaincre, qu’il faut consacrer ses efforts ; je n’entends pas comment on dirige ce qui n’existe qu’en dominant : il n’y a que deux états pour l’homme, ou il est certain d’être le maître au-dedans de lui, et alors il n’a point de passions ; ou il sent qu’il règne en lui-même une puissance plus forte que lui, et alors il dépend entièrement d’elle. […] En suivant ce plan, je crois de même avoir prouvé qu’il n’est point de bonheur sans la vertu ; revenir à ce résultat par toutes les routes, est une nouvelle preuve de sa vérité.

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