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418. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

Tous appartenaient à ce parti politique qui avait lui-même l’idée la plus élevée et la plus féconde de ce temps-là : l’idée de l’unité de la France en toutes choses ; ils en poursuivaient la réalisation, comme penseurs et comme citoyens, par de bons écrits et par des vertus. […] La morale, comme règle générale des devoirs, s’était séparée du casuitisme, ou de la morale selon la théologie ; et comme science non-seulement de la vertu en général, mais de toutes les bienséances particulières, quels admirables interprètes n’avait-elle pas eus dans Rabelais et dans Montaigne ? […] Mais je me lasse bientôt de cette complaisance, qui, si je n’y prends garde, va me dégoûter de toute vertu demandant un effort, et je finis par la trouver moins conforme à ma nature, bien qu’elle en chatouille toutes les faiblesses, que l’autorité et la discipline qui me règlent et me châtient. […] Il s’en faut que les autres connaissances l’intéressent aussi vivement que celle-là ; les plus importantes n’ont pas la vertu de l’attacher ; il n’y a pas de risque qu’il s’y fasse une maîtresse qu’il aimerait plus que lui. […] pour les faiblesses qui les engendrent, pour les convenances de nos conditions diverses, pour nos amusements même, que sa douce vertu ne nous envie pas !

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